La recherche au Lacito

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Lexique et Diachronie (jusqu'à fin 2008)

  • Responsable :  Véronique de Colombel
  • Participants : Participants : I. Andreesco (Langues’O) – M. Anthony (APSONAT) – L. Bouquiaux – P. Boyeldieu (LLACAN) – J.-M. Charpentier – M. Coyaud – M. Dunham – I. Gaita (MNHN) – B.-F. Gérard (IRD) – G. Guarisma – J. de D. Karangwa – M. Lebarbier – M. Mazaudon – Y. Moñino (LLACAN) – É. Motte-Florac (Univ. Montpellier I) – S. Naïm – A. Popova – †F. Quinsat – S. de Pury (CELIA) – V. Randa – P. Roulon-Doko (LLACAN) – C. Taine-Cheikh – J.M.C. Thomas – N. Tersis (CELIA)

Langue, Culture, Environnement (Archives) :

Notre objet a d’abord été :
– d’étudier les différentes méthodologies cernant les permanences et les changements lexicaux, tant sur le plan linguistique que socioculturel. Et cela à travers des études de cas et des techniques différentes, manuelles ou automatisée, basées sur des données orales ou écrites. A la suite de quoi nous essayerons de caractériser les facteurs socioculturels de changement à travers des situations concrètes que nous avons l’intention de synthétiser et de regrouper en types.

Nous nous sommes demandé :
– à quoi correspondait la conception d’une proto-langue et ce qu’apportait aux reconstitutions historiques cette méthode de reconstruction de racines
– à quoi, par comparaison, correspondaient les études diachroniques en synchronie dynamique, etc.

Sur le plan linguistique, il est important de distinguer les ressemblances qui proviennent d’une filiation commune de celles qui proviennent de contacts, ce que ne fait apparemment pas la lexico-statistique. Pourtant des contacts très anciens ne se distinguent pas toujours d’une filiation commune et, pour cause, l’origine n’est pas forcément une langue unique.

En reconstruisant une protolangue, on peut déduire des informations quant au lieu, au temps et aux traits culturels de la communauté des locuteurs de cette langue hypothétique. C’est ce qu’a fait Y. Monino (du LLACAN) en restituant des migrations et une proto-sémantique. Cette démarche, comme la suivante, aide à la connaissance du passé des sociétés sans écriture.

Les études diachroniques en synchronie dynamique peuvent, en plus, tenir compte des convergences et des divergences et différencier ce qui est une rétention de la protolangue de ce qui provient d’un contact, en calculant les éléments retenus en commun et ceux qui sont communs en dehors de toute rétention. On peut en déduire des systèmes d’osmoses à différentes époques et avec une sémantique caractérisée. Là aussi, migrations, contacts et troncs communs plus ou moins anciens sont déductibles.

La linguistique historique, basée sur l’écrit, examine avec plus de sureté les emprunts et les contacts, le cheminement des termes, l’interaction entre les changements linguistiques et les milieux socioculturels. Un examen de l’évolution de l’ancien français de la langue du blason et une étude des arabismes en ont été une démonstration.

Quant à la reconstruction informatisée, elle est une aide pour les correspondances phonétiques et phonologiques, grâce à la grande quantité d’informations qu’elle peut traiter. Néanmoins, elle a beaucoup de mal à établir des hypothèses stables et à prendre en charge les données sémantiques et socioculturelles. Par contre, si elle se contente de lister des cognats et des formules de reconstructions ainsi que des données historiques du contexte socioculturel, elle est proposée, comme l’ont fait P. Boyeldieu et P. Nougayrol (du LLACAN), comme un outil facilitant les tris, les démarches de recherche et de stratigraphie lexicale. Enfin, en cas de sources historiques diverses, la première difficulté à résoudre est de coder une écriture de référence qui soit une norme pour le traitement de l’ensemble des données. C’est la conclusion de S. de Pury (du CELIA).

La mise au point sur l’implication des différentes méthodologies utilisées pour cerner la diachronie nous a permis d’évoquer leurs apports possibles et leurs limites pour notre étude du contexte socioculturel. Dans l’avenir, pour regrouper en types les facteurs de changement entrevus à partir d’études de cas, nous reviendrons à un point de vue ouvert et global. En effet les changements lexicaux, loin d’être linguistiquement autonomes et constants, dépendent des échanges liés à l’organisation géographique, politique, économique et sociale, à la démographie et au contexte culturel, c’est-à-dire à l’ensemble du domaine cognitif ancré dans l’expérience humaine sous toutes ses dimensions, qu’il s’agisse de perception, de pratiques, de techniques, de production matérielle ou culturelle.

Séminaires passés

  • 13 décembre 2007
    Jean-Michel Charpentier – Colonisation et naissances des pidgins ou créoles
    Se basant sur l’exemple du pidgin/créole bichelamar, code vieux de deux siècles seulement, J.-M. Charpentier étudie l’influence déterminante des facteurs démographiques et socio-économiques sur le lexique. La complexification morphologique et l’enrichissement sémantique de ce parler se sont faits parallèlement à l’évolution de la société et au changement de statut politique : passage d’une double colonisation (anglaise et française) à un État indépendant. Toutes ces transformations se sont opérées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale; de ce fait ils sont relativement faciles à étudier. C’est une situation sociolinguistique tout à fait originale.
  • 29 novembre 2007
    Élisabeth Motte-Florac (Université de Montpellier) – Problèmes posés par l’étude des zoonymes et phytonymes ; de Kantharis à cantharide, plusieurs millénaires d’apparente stabilité lexicale
    Pendant plusieurs millénaires, la cantharide a été l’insecte médicinal le plus utilisé en Europe et dans les pays méditerranéens. Jusqu’à une date récente, ce coléoptère était particulièrement recherché comme vésicatoire (appliqué sur la peau pour produire rougeurs et vésicules), diurétique, etc. De nos jours, ses vertus aphrodisiaques continuent à être vantées sur de nombreux sites Internet, malgré son caractère létal.
    Nous suivrons la dénomination de cette drogue, du “kantharis” de la Collection hippocratique écrite au Ve siècle av. J.-C. à la “cantharide” de l’édition 2007 du Littré. La remarquable stabilité de cette dénomination n’est qu’apparente et cache de nombreuses fractures imposées par les contextes et les enjeux des histoires locales, qu’il est nécessaire de prendre en compte lors de l’étude des produits médicinaux.
    Cet exemple nous permettra d’aborder différents problèmes posés par les études diachroniques et synchroniques portant sur les zoonymes et phytonymes.

  • 25 octobre 2007
    Maurice Coyaud  Japonais, coréen : des isolats ?
    Selon Samuel Martin et Roy Andrew Miller (1972), le japonais serait à rattacher à la famille Altaïque ; selon Shichirô Murayama (Nihongo no gogen, Tokyo, 1974), le japonais serait une langue mixte constituée d’un substrat austronésien et d’un superstrat altaïque.
    Nous examinerons les arguments avancés par chacun de ces auteurs.

  • 27 septembre 2007
    Jean-de-Dieu Karangwa – Lexicographie swahili et diachronie
    Les premiers travaux de lexicographie swahili remontent au milieu du 19è siècle. Tous étaient bilingues (swahili-anglais et anglais-swahili et, plus tard, swahili-français et français-swahili). Cette tradition bilingue dominera le paysage lexicographique swahili jusqu’en 1981, date de la parution du premier dictionnaire monolingue swahili, le premier du genre en langue africaine.
    Mon exposé, inscrit dans une perspective diachronique, se propose d’étudier l’histoire des mots en rapport avec l’environnement culturel en constantes mutations. La réflexion se nourrira entre autres d’exemples tirés du dictionnaire swahili-français que je suis en train d’élaborer.

  • 6 avril 2007
    Pascal Boyeldieu et Pierre Nougayrol (LLACAN) – Présentation et démonstration du ‘Lexique comparatif historique des langues sara-bongo-baguirmiennes’
    Le Lexique SBB est une base de données comparatives illustrant des séries de cognats (termes historiquement apparentés) pour trente langues d’un même groupe généalogique, parlées en Afrique centrale et constitutives d’une branche du soudanique central (phylum nilo-saharien de Greenberg).
    Cette base de données, initialement constituée dans Shoebox, a été réaménagée par G. Segerer (Llacan) pour être consultable et praticable sur Internet (http://sumale.vjf.cnrs.fr/SBB/).
    L’ensemble comporte
    • un texte introductif (langues et situation, sources, généalogie, correspondances, indices de profondeur historique, biblio, etc.)
    • un fichier « lexique » (cognats et formules de reconstruction), doublé d’un fichier « commentaires » (traductions, observations formelles, etc.)
    • un fichier « correspondances », détaillant l’ensemble des correspondances consonantiques, vocaliques et tonales qui fondent l’identification des cognats présentés dans le lexique. Les fichiers « lexique » et « correspondances » sont assortis de fonctions de sélection de champs, de filtrage et de tri permettant de circonscrire les données en fonction de critères spécifiques.
    Le Lexique SBB n’est pas un logiciel de reconstruction automatique (les cognats, établis selon les principes du comparatisme historique, sont identifiés de façon classique, par recherche manuelle sur lexiques et dictionnaires). Il a pour objectif de présenter des données comparatives élaborées à des fins de documentation et de recherche portant sur le lexique et son histoire.
    On présentera le Lexique SBB en illustrant les principales fonctions de recherche et de tri et en détaillant les principes de la stratigraphie lexicale.

  • 15 juin 2006
    Martine Mazaudon – Problèmes sémantiques pour une reconstruction automatique informatisée

  • 4 mai 2006
    Sybille de Pury (CELIA) – Les outils informatiques en diachronie lexicale, avec pour exemple une base de données en nahualt, comparant celles du 16ème et 17ème siècle aux actuelles

  • 16 février 2006
    Catherine Taine-Cheikh – Problèmes de lexicologique diachronique en arabe et en berbère, langues à racines consonantiques ‘apparentes’
    L’exposé comporte deux parties.
    Dans la première, nous discutons de la notion de racine telle qu’elle s’impose dans les langues chamito-sémitiques. Nous expliquons l’expression utilisée (faute de mieux) dans le titre : « langues à racines consonantiques ‘apparentes’ ». Cette expression renvoie notamment à la distinction établie par David Cohen entre « langues à mots » et « langues à racines », distinction selon laquelle beaucoup de langues n’ont pas de racines (contrairement à ce que l’on peut penser si l’on assimile « racine » et « étymon »). Nous montrons le fonctionnement de la racine dans une langue comme l’arabe, son rôle dans l’organisation du lexique et les liens étroits que la racine entretient avec les formes (plus ou moins fixes) appelées schèmes dans la tradition arabisante occidentale.
    Dans une seconde partie, nous étudions les évolutions subies par les racines et les schèmes à travers quelques exemples puisés aussi bien en arabe qu’en berbère. Alors qu’en arabe les changements consonantiques sont presque toujours réguliers, ceux constatés en berbère (par comparaison des dialectes entre eux) le sont beaucoup moins. La comparaison pose alors des problèmes, non seulement d’évolution sémantique et d’histoire de mots (lexicologie historique) mais encore de reconstruction.

  • 25 janvier 2006
    Françoise Quinsat – Lexicologie historique de l’arabe
    La lexicologie historique de l’arabe relève de règles et de méthodes identiques à celles qui guident des travaux de type semblable dans d’autres langues possédant un important patrimoine écrit, élaboré sur la longue durée. C’est le cas, par exemple, des domaines roman et germanique.
    Cependant, l’histoire et le fonctionnement de la langue arabe confèrent aux méthodes historiques pour étudier le lexique des particularités dont les contours sont dessinés par les points suivants :
    a) la recension tardive des textes réputés être les plus anciens, notamment, par exemple, la poésie dite préislamique et le Coran ;
    b) la diglossie entre l’arabe écrit, dit littéral ou classique…, et les parlers vernaculaires, appelés dialectes, les uns et les autres faisant, ensemble et de façon indissociable, partie intégrante de l’histoire de la langue ;
    c) l’absence d’une tradition historique d’étude de la langue qui est conjuguée avec un nombre pléthorique de dictionnaires et de travaux lexicographiques et lexicologiques dont presque aucun, à l’exception particulièrement de deux dictionnaires récents mais grandement inachevés, ne fournit des données chronologiques fiables et explicites qui permettraient d’établir les strates de mise en place et d’évolution du lexique. En effet, les dictionnaires de l’arabe et les études lexicologiques de cette langue ne bénéficient que de manière partielle et fragmentée des méthodes rigoureuses et éprouvées de la lexicologie historique.
    De ce fait, les particularités de la lexicologie historique de l’arabe amène à se demander en quoi elle peut rejoindre les méthodes et les processus de reconstruction qui président à l’étude diachronique des langues à tradition orale. Pour répondre à cette question des études de cas seront présentées pour illustrer les questions qui se posent et les problèmes que l’on doit résoudre au cours de l’étude lexicologique approfondie de quelques unités lexicales arabes représentatives. Unités dont on souhaite décrire l’étymologie, l’apparition dans la langue, les variations chronologiques, géographiques, morphologiques, phonétiques, sociolinguistiques, etc., dans une perspective diachronique. Ainsi les méthodes historiques accompagnant ici l’étude dans la diachronie de l’objet linguistique qu’est le lexique seront comparées à terme, sinon confrontées, aux questionnements et aux méthodes de la diachronie sans histoire, celle des situations où l’on ne dispose pas de ressources historiographiques.

  • 30 juin 2005
    Bertrand-F. Gérard – De la parole au discours en psychanalyse

  • 21 avril 2005
    Véronique de Colombel – Lexique naturaliste du tchadique central et diachronie
    Le lexique botanique et zoologique du tchadique central ne nous fait pas remonter d’emblée aux Akkadiens et aux Araméens, pour lesquels il n’y a pas d’information, comme le fait la comparaison des pronoms personnels de forme standardisée et figée, pour laquelle l’information existe. Mais il est, malgré tout, possible de reconstruire des racines ou des formes communes de noms de végétaux et d’animaux permettant d’atteindre des troncs communs intra-tchadique ou extra-tchadique avec un point de vue sémantique. Pour ce, la prise en compte des racines, des transformations phonétiques, des plages de termes identiques permet de détecter les emprunts anciens et les plus récents dans un cadre culturel. En effet, pour comprendre la dynamique des contacts il est nécessaire de prendre en considération les usages des végétaux et des animaux qui ont une implication technique et culturelle dans les échanges entre sociétés. C’est donc avec une perspective ethnolinguistique et une analyse de la diachronie en un synchronie dynamique, que nous avons recherché les caractéristiques des héritages et des échanges du groupe tchadique central, en nous basant essentiellement sur des travaux de terrain dans les monts du Mandaras et en bordure du lac Tchad.

  • 24 mars 2005
    Yves Moñino (LLACAN) – Évolution lexicale et histoire culturelle : le cas du proto-gbaya
    Dans l’évolution linguistique, il importe de bien distinguer, par des critères méthodologiques rigoureux, les ressemblances qui proviennent d’une filiation commune de celles qui proviennent de contacts (respectivement la « parenté généalogique » et la « parenté génétique » de Manessy). L’application des seules méthodes lexico-statistiques ne permet pas cette distinction en ce qu’il n’est rien de plus voyageur que le vocabulaire, même celui dit « fondamental ». Cette exigence de distinction est particulièrement importante dans le cas de langues apparentées par filiation mais dont les locuteurs sont également en situation de contact ancien. On se propose de présenter sommairement la méthode utilisée, à partir de la comparaison et de la reconstruction des structures linguistiques du proto-gbaya, et les déductions que l’on peut tirer de l’analyse du vocabulaire reconstruit quant au lieu, au temps et aux traits culturels de la communauté des locuteurs de cette langue hypothétique.

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