La recherche au Lacito

Programmes en partenariat (passés)

Histoire et géographie de la couleur : faits de langue et systèmes de communication

2008- 2009

Programmes en partenariat passés (présentés sur ce site Web)

 

Projet financé 2008-2009 par l’ISCC (Institut des Sciences de la Communication du CNRS)

Publication des travaux du Projet

DOLLFUS Pascale, JACQUESSON François et PASTOUREAU Michel (eds), 2013, Histoire et géographie de la couleur, Paris : Le Léopard d’Or (Cahiers du Léopard d’Or 13), 327 p. (présenté ici)

 

Le problème et son intérêt

Les couleurs jouent un rôle essentiel dans l’organisation du communicable, depuis les emblèmes les plus évidents (drapeaux, signalétique maritime, ferroviaire, routière – voir ci-contre) jusqu’aux contrastes discrets mais non moins significatifs (mat et brillant, saturé et désaturé). La presse, le cinéma, la publicité, l’aspect des villes (le métal et le vitrage détrônant le mur) et des campagnes (et les Verts), notre perception du vieilli et du neuf, arrêtent ou diffusent diverses panoplies de couleurs.

Le phénomène prend une importance plus grande dès que nous essayons de figurer, comme le ferait un atlas historique, la géographie et l’histoire des modes et des codes de la couleur. En Europe actuelle, la couleur préférée est le bleu (devant le vert), une couleur devenue au fil du temps relativement neutre : d’où son choix dans l’emblématique de grands organismes internationaux (les « casques bleus » de l’ONU). Il s’agit là des couleurs vues par les adultes, car les enfants ont d’autres choix, et les publicitaires le savent.

   Si nous passons la Méditerranée, ou si nous gagnons l’Europe de l’Est et la Turquie, les valeurs changent. Il ne s’agit pas seulement du « vert islamique », qui est assez récent, mais par exemple du goût de l’or, à juste titre associé aux rituels byzantins puis à la pompe de l’Eglise, dont la Réforme a effacé les manifestations dans l’occident de l’Europe, mais pas dans les pays de rite orthodoxe, en Russie.

Les couleurs, leur éclat, leurs contrastes, leurs supports privilégiés (le tableau sur toile, au lieu de bois, n’apparaît qu’assez tard ; la mosaïque disparaît assez tôt), forment une géographie historique qui est un accès privilégié à l’histoire des hommes vivant en société, à celle de leurs repères plus ou moins conscients, à celle de leurs efforts pour s’accorder ou s’opposer. Ici le signal rejoint le sens.

L’impératrice byzantine Théodora. San Vitale, Ravenne, v. 540 EC.

Les enquêtes et synthèses sur les couleurs n’ont pas cours depuis si longtemps. Les lexiques récoltés par les premiers voyageurs (Pigafetta auprès de Magellan) sont à certains égards la marque de questions organisées et de préjugés éclairants. Le rôle des couleurs dans la sémiotique culturelle, leurs fonctions historiques en tant que supports d’accords (le drapeau blanc) ou de discordes (la colère est rouge, noire, bleue, la jalousie est jaune, la peur verte ou bleue), n’ont été que plus récemment pris en compte, et examinés systématiquement. Les efforts de synthèse se limitent parfois à une couleur, en perdant l’essentiel de ce qui les organise en champs contrastifs et évolutifs, voire en véritables systèmes. Depuis une vingtaine d’années, l’examen de ces systèmes de couleurs a pris une grande extension, intéressant les ethnologues et les linguistes, les historiens, le monde des arts bien entendu et, plus récemment, les spécialistes de la communication.

L’étendue de l’enquête

Il paraît souhaitable de dresser un premier panorama. Il est hors de question de prétendre couvrir la planète ; il faut procéder à partir du mieux connu, s’en éloigner peu à peu pour en conserver les questions fécondes, et voir comment changent les paysages chromatiques à mesure qu’on s’éloigne, et déterminer où se trouvent, à travers le temps et l’espace, les clivages.

Le point de départ

 Le mieux connu est l’Europe occidentale, où les couleurs ont une histoire passionnée et bien documentée depuis 2000 ans, moins ou plus selon les régions. Depuis l’antiquité grecque, et surtout romaine grâce au Vésuve et aux mosaïques essaimées autour de la Méditerranée, nous pouvons suivre avec précision, souvent région par région, les modes majeures et les réorganisations des systèmes colorés.

A gauche, un Christ en croix de Velasquez, v. 1632. Madrid, Prado. A dr., détail d’une Crucifixion de Rogier van der Weyden, v. 1455. Philadelphie.

Vers le sud

     A mesure qu’on va vers le sud, et quand on passe en Méditerranée, les choses changent, et avec l’espace, et avec le temps. Quelles étaient les couleurs du monde phénicien ? Nous sommes mieux renseignés sur les tombes étrusques, qui ont laissé des décors presque intacts. Mais il est certain que l’Afrique avant l’islam, puis avec lui, que ce soit l’Afrique « blanche » ou « noire », est un sujet à la fois méconnu, difficile et urgent. Les Touaregs, par exemple, « hommes bleus » du grand désert, contrastent vivement avec leurs voisins du sud. (ci-dessous, un sac de selle touareg, Musée du Quai Branly).

   Les ethnologues et les linguistes ont ici beaucoup à dire. L’Afrique noire est un monde vaste, avec des régions individualisées ; les couleurs ne sont pas toujours aussi flagrantes qu’un exotisme simplifié le laisse croire : les habitats, les outils ou ustensiles, les vêtements proposent souvent des réponses distinctes, même à l’observateur le plus rapide. Dans certaines langues bantoues, il n’existe qu’une poignée d’adjectifs, essentiellement des noms de couleur – qui ont donc un statut exceptionnel. A vrai dire, en français, nous devons admettre que marron ou orange posent aussi des problèmes au grammairien. On dit brune au féminin, mais qui dirait marronne ? Il est intéressant, quand on observe les ruptures ou transitions des systèmes signalétiques qui séparent l’Europe et l’Afrique, de porter attention à l’Espagne, à l’Italie, et aux îles plus avant. Nous savons, depuis Braudel ou Runciman, que la Méditerranée unit les cultures autant qu’elle les sépare, et que les relais à travers elle proposent une géographie culturelle particulière.

Vers l’est

A mesure que nous allons vers l’est, nous nous trouvons confrontés au monde byzantin, puis ottoman, au Proche-Orient, à l’Iran et au-delà aux cultures iraniennes qui nous amènent à l’Inde. Là aussi, il nous paraît utile de « déborder l’Europe », d’en observer les frontières mouvantes, et les relations qu’elle entretient et a entretenues avec les ensembles culturels proches qui l’ont fascinée et apeurée. Nous voyons défiler, avec leur signalétique colorée, les Croisades, le Grand Schisme, la bataille du Kosovo où les « Turcs » s’emparent des Balkans, plus tard la mise en place dans les registres intellectuels des voyageurs de « l’exotisme » et de « l’orientalisme », où justement la couleur joue un rôle essentiel.

A droite, un des archers de la frise de Suse, v. 500 AEC. Louvre.

     Il arrive qu’en Europe « l’Orient » soit opposé à la rigueur occidentale, héritée de la Réforme et du Concile de Trente, lorsque se met en place une palette austère où dominent les noirs, les gris, les bruns et les blancs (voir ci-dessus le tableau de Vélasquez), faisant contrastes aux couleurs vives de l’Orient rêvé : les intérieurs colorés des palais, les costumes de la Sublime Porte, l’imaginaire du sérail entre Mozart, Voltaire et Baudelaire, alimentent les registres sémiotiques de l’ouest et servent à la fois de modèle et de repoussoir.

Langue et communication

Un point important dans cette approche est le repérage de catégories qui rendent les objets comparables. De même que la pratique des systèmes de parenté ne se limite pas nécessairement au lexique de la parenté, de même le lexique des couleurs ne suffit pas à rendre compte de leurs fonctions dans une culture donnée : les sept couleurs que les enfants, chez nous, apprennent à voir dans l’arc-en-ciel comportent un indigo (de Inde) dont l’usage est par ailleurs bien rare.

     Toutefois, il est remarquable qu’en français, bleu, jaune, blanc soient d’origine germanique tandis que vert, rouge, noir sont d’origine latine, comme le mot couleur. Il existait en latin 2 mots pour « blanc », candidu et albu, et deux mots pour « noir », nigru et atru ; le 1er de chaque couple était brillant, le second était mat. Dans sa traduction latine de la Bible au Ve siècle, Jérôme les emploie tous, sauf atru qui n’existe déjà plus – ce qui confirme en passant que ce mot n’est pas l’origine de âtre. En français moderne, seul nigru a survécu dans noir (albu seulement dans aube), les autres ont disparu, ou sont réapparus comme réfections savantes : candide. Le couple « noir et blanc » a donc une histoire beaucoup plus complexe et intéressante qu’il ne paraît.

     Notre « rouge » est également curieux. Le castillan dit rojo mais le catalan vermell (roig est « roux »). Rouge, rojo, italien rosso viennent du latin populaire rubeu qui a occulté le mot littéraire rubru. Chez Jérôme rubeu n’existe pas, rubru est rare (dans « vos péchés sont rubra quasi vermiculus comme le vermeil », Isaie 1 :18) et rufu est devenu courant. En grec moderne on dit eruthros, comme dans l’Antiquité (ce mot est lié à rubru et rubeu) mais surtout kokkinos que le latin a emprunté dans coccinu « rouge, écarlate » – c’est le nom du parasite, la cochenille, dont on a longtemps tiré une teinture rouge éclatante.

      Si les mots ne sont pas tout, ils offrent toutefois des pistes contrôlables, des indices de relations, un point d’appui solide pour étudier les métaphores et métonymies qui, diversement dans des cultures diverses, donnent à partir de noms de couleur scarlatine et rubéole, jaunisse ou rubrique, noirceur ou candeur. Ou bien, inversement, des noms de couleurs à partir de tant de noms de fruits. L’écart entre la couleur réelle et la couleur nommée – nous disons par exemple « vin blanc » pour un vin qui n’a absolument rien de blanc – varie aussi selon les langues et les sociétés. Il doit être étudié.

L’équipe

D’une part un « noyau », décrit ci-dessous, concepteur du projet et responsable de sa feuille de route comme de l’organisation des résultats, et de l’autre des experts-participants.

Pascale Dollfus est ethnologue au Laboratoire « Milieux, Sociétés et Cultures en Himalaya » (UPR 299). Elle est spécialiste des populations montagnardes de l’Himalaya occidental. Elle a écrit un livre sur les populations bouddhistes du Ladakh, et a participé à des catalogues d’exposition.

François Jacquesson est linguiste au Lacito du CNRS. Il a écrit trois livres dont Les Personnes qui décrit comment les langues du monde traitent « je, tu, il, elle » et leurs combinaisons ; et L’Anti-code, une exploration de l’histoire des langues et des idées qu’on en a. Il a dirigé plusieurs projets internationaux dans les cadres ESF ou ANR.

Michel Pastoureau est un spécialiste mondialement connu des couleurs et des emblèmes. Directeur d’études à l’EPHE et à l’EHESS, il a écrit une quarantaine de livres, certains traduits dans vingt ou trente langues. Citons surtout : L’Etoffe du Diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés (1991) ; Bleu. Histoire d’une couleur (2000) ; Les couleurs de notre temps (2004) ; Noir. Histoire d’une couleur (2008).

 

(25 novembre 2008 – màj 10/10/12)

1e circulaire (26 novembre 2008)

Chers collègues et amis,

Notre projet
“Histoire et géographie de la couleur :
faits de langue et systèmes de communication”
prend maintenant forme.

Vous trouverez ici :
– une brève introduction
– un résumé de l’ambition du projet
– la situation actuelle : une sorte de tour de table
– de premiers renseignements sur une réunion ensemble en février 2009.

Une amorce de page web est en place sur le site du LACITO du CNRS, où le projet est administrativement domicilié. On n’y trouve pour l’instant que la description du projet tel qu’il avait été soumis à l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS (ISCC), qui nous finance et veillera au suivi des opérations.

Nous allons bientôt le compléter avec :
1. une liste des participants
2. une description plus fournie de ce que nous allons faire
3. une bibliographie choisie
4. un calendrier de nos activités – dont nous allons reparler dans un instant.
Bien sûr, nous utiliserons ce site au moment de la préparation de notre colloque final, en octobre ou novembre 2009.
Rappelons que notre Projet prend fin en décembre 2009, et novembre 2009 du point de vue financier.

Résumé du projet

Le projet vise donc à élaborer les bases et des exemples d’une sorte
d’atlas historique des systèmes de couleur.
Comme vous savez, nous croyons sage de partir du cas mieux connu de l’Europe occidentale et, en nous en éloignant, de mettre en évidence les régions de fracture. Cette vue géographique s’enrichit bien sûr d’une approche historique. Les travaux de Michel Pastoureau sur les systèmes de la couleur, notamment dans l’Europe occidentale médiévale et moderne, nous encouragent à essayer de construire une histoire des systèmes de couleur depuis les premiers documents européens.
Ce sont des dossiers gigantesques, surtout dans la mesure où ils demandent souvent de mobiliser l’histoire culturelle tout entière. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut dans un premier temps
chercher les moments ou les régions de clivage – même à grands traits ;
jeter les bases d’une démarche utilisable au-delà du projet, qui s’achève fin 2009.

Il est évident que ces lignes de clivage peuvent dépendre des supports ou des milieux : les modes vestimentaires urbaines, par exemple, n’ont pas nécessairement la même chronologie que la décoration de l’extérieur des habitats, et pas la même chronologie que les systèmes colorés des pratiques funéraires. Ainsi, les résultats peuvent être différents selon que nous étudions les rituels de cycle de vie (naissance, mariage et mort : couleurs prescrites et proscrites), les vêtements ritualisés ou non, les robes et pelages des animaux domestiques et sauvages, les expression des émotions (colère, jalousie, peur, amour), les toponymes.
Nous avons à rendre compte de degrés divers de systématisation dans l’emploi des couleurs. D’un côté, se trouvent des micro-systèmes à forts contrastes comme dans le blason, le rituel, et plus généralement l’emploi distinctif des couleurs institutionnelles. De l’autre, nous trouvons que les couleurs ne sont qu’accessoirement convoquées pour figurer des classements, ou sont nettement associées à des types de supports ou à des motifs, ainsi dans les sociétés où le lexique des couleurs concerne prioritairement les robes des animaux domestiques.
Il en résulte que la pertinence d’une approche systémique ou structuraliste des couleurs dépend des documents qu’on a sur une société. Quand les documents décrivent surtout les usages officiels, comme dans le Livre des cérémonies de l’empereur byzantin Constantin Porphyrogénète, notre perception devient très différente de celle que procure une approche ethnographique in vivo.

Ce qui se dégage à cette date

1. Michel Pastoureau est en ce moment intéressé par le vocabulaire des couleurs dans les langues germaniques anciennes et modernes. Il revient d’un séjour de travail à Munich. Nous pensons qu’il serait souhaitable d’étendre cette enquête aux langue baltiques et slaves, dans un premier temps. Avez-vous des spécialistes à suggérer, ou une bibliographie précise ?

2/ Plusieurs d’entre nous travaillons sur ce qu’on pourrait appeler la “Transition Antiquité / Moyen Âge”. Il se fait un consensus sur la nécessité de s’appuyer sur ce que nous savons des couleurs dans le monde gréco-romain, tant dans les représentations, les emplois quotidiens ou somptuaires, que dans les discours qu’on tient ou dans la littérature. Il convient alors, là aussi, de voir comment, quand et où les choses changent. Notamment lors de la “transition Antiquité / Moyen Âge”, voir si les choses changent de la même façon dans l’empire d’occident et dans l’empire d’orient. D’où la nécessité d’étudier à cet égard le monde byzantin, et ses répercussions ensuite aussi bien vers Rome, Ravenne et Venise que vers la Sicile.
Il ne serait d’ailleurs pas mauvais, si quelqu’un avait un thésard compétent et intéressé, de fouiller la littérature patristique (il existe maintenant d’excellents outils électroniques de repérage lexical et de statistique, toujours utiles dans une première approche), tant en latin qu’en grec.
Nous avons pour l’instant :
• Pierre Chuvin, professeur de grec à l’Université de Nanterre, spécialiste de l’Antiquité tardive et de l’Asie centrale, qui serait d’accord pour trouver des façons de passer en revue (dans une mesure raisonnable) les changements des systèmes de couleur au cours de l’histoire littéraire du grec “classique”. Une vue cursive, faite par un bon spécialiste, est utile : non seulement elle nous apporte un éclairage précieux, des faits inattendus ou peu connus, mais aussi invite à se concentrer sur des auteurs ou des secteurs particuliers.
• Adeline Grand-Clément, maître de conférence en histoire grecque à Toulouse, a fait une thèse sur la pourpre dans le monde grec antique, et se passionne pour l’histoire des couleurs. Il serait très utile de cartographier l’étendue au cours des siècles du prestige de la pourpre. Il y a des questions techniques de pigments, des problèmes de commerce international, et bien entendu il est intéressant d’interroger “la carte de la pourpre” comme indicateur, dans le temps et l’espace, d’une civilisation.
• Paolo Odorico, spécialiste de littérature byzantine à l’EHESS, traducteur d’œuvres byzantines importantes, réfléchit depuis longtemps à l’utilisation des documents historiques. Les nomenclatures techniques, les rituels du vêtement et les recommandations officielles sont très présents dans certains documents byzantins. Les habits de cour tels qu’ils apparaissent dans les textes doivent être confrontés à d’autres types de document. Il faut aussi étudier, outre le rapport entre norme et réalité, la diversité des normes (état et église, par exemple).
• Pascale Dollfus et François Jacquesson, chercheurs au CNRS, l’une en ethnologie l’autre en linguistique, s’intéressent ici aux systèmes de couleurs dans les mosaïques. Les mosaïques antiques, qui peuvent être influencées ou non par la peinture antique, offrent une grande diversité géographique et chronologique, notamment dans les revêtements de sol. On en trouve ensuite dans plusieurs régions d’influence gréco-romaine, puis dans le monde byzantin, où elles ont survécu surtout à la périphérie. Les mosaïques offrent un terrain favorable à l’étude des contrastes et des systèmes de couleur, depuis l’antiquité jusqu’en plein Moyen Âge.

Enfin, nous comptons solliciter certains collègues, spécialistes des pigments colorés, de leur histoire spéciale ou de leur chimie.

3. Le sud
Il serait ensuite intéressant de voir ce qui se passe en Afrique du Nord, avant ou après l’introduction de la culture arabe islamisée. Nous avons sollicité pour cela Djamel Kouloughli, linguiste au CNRS, spécialiste d’histoire de la langue arabe. Paolo Odorico nous a présentés à Tassadit Yacine, spécialiste d’ethnologie berbère.

Réunion en février

Nous souhaitons organiser une réunion début février, sur un ou deux jours, pour
A. présenter de façon simple nos premiers résultats ou premières réflexions, et
B. discuter la façon de prolonger l’enquête
dans l’optique d’un colloque en octobre ou novembre
ou au-delà pour ceux que la thématique passionne.
Ces premiers résultats pourraient être présentés sous forme d’une petite présentation orale, de préférence accompagnée d’images, ou d’un powerpoint. Ces résultats, et les débats ensuite, permettraient de mieux présenter en octobre nos conclusions sur
C. les frontières chronologiques ou géographiques que nous apercevons, et en quels termes : lexique, costume, représentations figurées, emblèmes etc.
D. la formulation de recommandations pour des enquêtes ultérieures, soit pour nous-mêmes, soit pour des étudiants qui voudraient s’appuyer sur nos conclusions.

 

(26 novembre 2008 – màj 28/11/08)

2e circulaire (3 février 2009)

Chers collègues,

Voici des éléments utiles pour notre journée du mardi 10 février.

Vous trouverez des indications
(1) sur l’endroit (environ 40 mn depuis le centre de Paris),
(2) une proposition de programme.

ENVOYEZ VITE vos modifications de titre, vos ajouts, vos propositions de communications supplémentaires pour des collègues qui ne seraient pas sur la liste. Ainsi que le nom des gens que vous souhaitez inviter pour les discussions, afin que nous sachions comment prévoir les locaux.

1/ Le lieu

La réunion se tiendra à Villejuif, au Laboratoire “Lacito” qui héberge administrativement notre projet. Le campus CNRS de Villejuif comprend une dizaine de laboratoires dans plusieurs bâtiments, et se trouve dans un secteur spécial de l’Hôpital Paul Brousse. Voici un plan d’accès général, notamment pour ceux qui viennent en auto.
Ceux qui viennent en métro doivent prendre la ligne 7, direction Villejuif (pas la direction Ivry) et descendre à “Villejuif Paul Vaillant Couturier”. De là à pied suivre les pancartes “Hôpital Paul Brousse”, entrer dans l’hôpital, le traverser obliquement, et trouver le portail du CNRS. Ce portail est normalement fermé (ma ligne directe : 01 49 58 37 72) mais un bouton vous permet d’appeler sur interphone un gardien à qui expliquer votre but : il est supposé vous ouvrir.
Une fois franchie cette grille bleue, vous trouvez le LACITO, qui est au 3e étage du bâtiment D : un immeuble qui ressemble à une HLM couleur saumon défraîchi, sur la gauche. Là encore, il vous faudra entrer, mais nous aurons fait en sorte que ce soit facile.

2/ Le programme

  • 10h00 Introduction autour d’un café ou thé.
         Présentation des uns et des autres.
         Les trois concepteurs du Projet décriront comment ils l’ont conçu et le conçoivent à cette date.

  • 10h30 : Michel Pastoureau. Systèmes de la couleur dans l’Occident du XIIIe siècle.

  • 11h10 : Pascale Dollfus et François Jacquesson. L’étude des systèmes de couleurs dans les mosaïques de Ravenne à la Sicile arabo-normande (6e-13e siècle).

  • 11h50 : Djamel Kouloughli. Les couleurs et la langue arabe.

  • Déjeuner : cantine (correcte) du CNRS.

  • 14h00 : Adeline Grand-Clément : les couleurs dans l’Antiquité classique.

  • 14h40 : Pierre Chuvin : Sainte-Sophie de Constantinople à Istanboul : histoire d’un lieu coloré.

  • 15h20 : Paolo Odorico : les couleurs selon les textes byzantins.

  • 16h00 : Discussion autour des possibilités des thématiques d’études qui se recoupent.
        Comment organiser le colloque final en octobre 2009.

N’hésitez pas à nous écrire, à l’adresse ici, ou à téléphoner si vous le souhaitez.
Le numéro du LACITO est 01 49 58 37 78
et la ligne personnelle de F. Jacquesson est 01 49 58 37 72.

Amitiés,

François Jacquesson
responsable du projet Couleurs
Directeur du Lacito, UMR 7107 du CNRS

 

(3 février 2009)

Travaux

  • Adeline Grand-Clément
    Adeline Grand-Clément est Maître de Conférences en Histoire grecque à l’Université de Toulouse-Le Mirail et membre de l’équipe de recherche PLH-E.R.A.S.M.E., tournée vers les questions de réception de l’héritage antique. Elle participe également aux réflexions comparatistes de l’atelier « Antiquité et sciences sociales » de l’E.H.E.S.S. (Centre Louis Gernet) consacrées à « Agalma. La notion de figuration en Grèce ancienne ». Ses domaines de recherche privilégiés concernent l’histoire culturelle et sociale du monde grec, une histoire envisagée à travers les faits de langue, les systèmes de représentations et les sensibilités collectives. Elle s’intéresse plus particulièrement à la perception et à la dénomination des couleurs chez les Grecs, aux usages des pigments et des colorants (en particulier la pourpre), et envisage d’écrire une histoire de la bigarrure dans l’Antiquité. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2006 et intitulée « Histoire du paysage sensible des Grecs à l’époque archaïque : le problème des couleurs », est en cours de publication. (vous pouvez consulter la table des matières en pdf ici)
    Quelques publications récentes
    – “Mérimée et le pèlerinage en Grèce”, in Pierre Glaudes (éd.), Mérimée et le bon usage du savoir. La création à l’épreuve de la connaissance, Toulouse, PUM, 2008, p. 171-195.
    – “Jacques-Ignace Hittorff, un architecte à l’école de la Grèce”, Anabases, 6, 2007, p. 135-156.
    – “Blancheur et altérité : le corps des femmes et des vieillards en Grèce ancienne”, Corps, n°3, 2007, p. 32-39.
    – “L’inventaire des différences en couleurs : à la recherche du paysage sensible des Grecs à l’époque archaïque”, Anabases, 5, 2007, p. 249-256.
    – “Couleur et esthétique classique au XIXème siècle : l’art grec antique pouvait-il être polychrome ?”, Ithaca. Quaderns Catalans de Cultura Clàssica, 21, 2005, p. 139-160. (consultable en pdf ici)
    – “Histoire du paysage sensible des Grecs à l’époque archaïque : Homère, les couleurs et l’exemple de porphureos”, Pallas, 65, 2004, p. 123-143.
    À paraître :
    – “Sophocle, le maître d’école et les langages de la couleur : à propos du fragment 8 de Ion de Chios”, in Marcello Carastro (éd.), L’Antiquité en couleurs, Grenoble, Jérôme Millon, 2008.
    – “Mettre en couleurs, un acte cosmogonique : quand tissus, métaux et chants s’entrelacent. Essai d’interprétation du mot poikilos”, in Isabelle Milliat-Pillot (éd.), Texte du Monde, Monde du Texte, Grenoble, Jérôme Millon, 2009.
  • François Jacquesson
  • La chasse aux couleurs : à travers la Patrologie latine
    Contribution “online” du 4 décembre 2008 :
    Ce texte présente l’emploi des noms de couleur les plus importants dans la Patrologie latine, un recueil en 217 volumes des textes en latin des auteurs chrétiens entre 200 et 1200 EC. Il montre aussi une méthode pour faire ressortir, par tris successifs, d’une part des textes particulièrement intéressants, de l’autre des tendances de fond. (ici en pdf, texte révisé le 8/12/08)
    Pour une lecture plus aisée, utiliser la Table chronologique (ici en image jpg).
    Illustration à droite : fresque représentant Moïse, Ravenne.Comment citer cet article :
    Jacquesson F., 2008, La chasse aux couleurs : à travers la Patrologie latine, in P. Dollfus, F. Jacquesson et M. Pastoureau (eds), Histoire et géographie de la couleur : faits de langue et systèmes de communication, https://lacito.cnrs.fr/activite-scientifique/programmes-en-partenariat/histoire-et-geographie-de-la-couleur/.Les mots de couleur dans les textes bibliques
    Contribution “online” du 5 janvier 2009 :
    Cet essai détaille les mots de couleur dans la Bible hébraïque et les problèmes qu’ils posent. Il décrit aussi quel sort leur a été fait dans diverses traductions ancennes importantes : la traduction dite “Septante” en grec, la traduction en araméen, puis la traduction dite “Vulgate” en latin. Il en ressort que les mots de couleurs sont peu fréquents et très localisés dans les textes, qu’ils concernent surtout les pourpres et les rouges, beaucoup moins le blanc, très peu le noir. Mais il existe des ambiguités intéressantes entre “couleur” et “matériau”. En outre, le problème des descriptions pastorales des troupeaux est posé avec acuité. (ici en pdf)
    On trouvera en outre 3 documents pour ceux qui veulent aller plus loin :
    A, qui indique la composition des versions successives de la Bible (ici en pdf) ;
    B, un catalogue complet des mots de couleur dans la Tora, avec les traductions en grec, araméen, latin, occurence par occurence (ici en pdf) ;
    C, un tableau des formes latines dans la Vulgate (ici en pdf).

    Comment citer cet article :
    Jacquesson F., 2009. Les mots de couleur dans les textes bibliques, in P. Dollfus, F. Jacquesson et M. Pastoureau (eds), Histoire et géographie de la couleur : faits de langue et systèmes de communication, https://lacito.cnrs.fr/activite-scientifique/programmes-en-partenariat/histoire-et-geographie-de-la-couleur/

 

(créé le 5 décembre 2008 – màj le 23/06/09)

Aller au contenu principal