Alain LEMARECHAL

Apollinaire ANAKESA KULULUKA 

Responsable du CADEG (Centre d’Archives des Documents Ethnographiques de la Guyane)
Musicologue, ethnomusicologue, sinologue
Habilitation à Diriger des Recherches sur «L’étrange et le familier : écoutes croisées des musiques du présent »

 

 

Thèmes de recherche

• Musique, Musicologie et Histoire de la musique contemporaine
• Interactions entre musiques de tradition orale et musique contemporaine (Etudes Musicolologie et Linguistique (Sémiotique musicologuistique ; Langage et cognition ; étude des systèmes de la parole, langues à tons et musique ; modélisation des systèmes cognitifs sous-jacents, rapport entre le verbal parlé et le verbal chanté)

 

Mots-clés

musiques africaines – musique chinoise – musique contemporaine – langues à tons – chanson – analyse musicale – analyse des formes d’expression chantée – systèmes de la parole – lingala – mandarin

Publications

  • 2009, Chansons traditionnelles des plaines et des bocages vendéens : une mémoire millénaire renouvelée, &, Analyse poético-musicale des différentes versions de Poirillons, in J.-P. Bertrand, A.-M. Despringre et collectif (eds), Chansons en mémoires – Mémoire en chanson, Paris, L’Harmattan.
  • 2007, L’Afrique subsaharienne dans la musique savante occidentale au XXe siècle, Paris, Ed. Connaissances et Savoirs, 787 p.
  • 2007, Chaynes … stéréotomie d’une passion musicale, Notre-Dame de Bliquetuit : Millénaire III éd., 254 p.
  • 1998. Jean-Louis Florentz… sur les marches du soleil , préface de Louis Jambou, Lillebonne, Millénaire III, 166 p. [Monographie consacrée au compositeur]

 

HDR

« L’étrange et le familier : écoutes croisées des musiques du présent », soutenue le 10 décembre 2009 à l’université de Paris-Sorbonne Paris IV

Résumé :

La synthèse des travaux que je présente porte sur mes recherches, études et enseignements essentiellement musicologiques, fondés sur deux axes disciplinaires majeurs : la musicologie (historique et systématique) et l’ethnomusicologie.
Ils couvrent un champ tripolaire de recherche : l’Occident, l’Afrique (avec ses prolongements dans les Amériques) et la Chine. Tradition écrite et tradition orale en régissent l’essence, la création, ainsi que l’usage dans leurs sociétés respectives.
Pour en observer la réalité musicale, je recours à une approche méthodologique pluridisciplinaire qui, selon la thématique abordée, me permet de mettre en lumière des réalités structurantes et des corrélations sous-jacentes. Pour ce faire, je prône des écoutes et des regards croisés par le truchement desquels je m’engage dans la voie d’une analyse en profondeur de l’essence de ces musiques, de leurs spécificités, mais aussi des rapports existant entre elles, et des éventuelles convergences et interrelations qui les caractérisent.
La question des écoutes et des regards croisés est sous-jacente à la réalité des musiques que j’examine. Elles reflètent des réalités par le jeu de corrélations techniques, esthétiques, philosophiques et socioculturelles variées et complexes qui nécessitent une écoute, mais aussi et surtout un traitement pluridimensionnels.
Il s’agit-là d’une réalité multiforme qui concerne tant la musique savante occidentale contemporaine que les musiques traditionnelles de mon champ de recherche. En effet, depuis le XXe siècle, la musique contemporaine, en particulier, connaît une mutation d’une rare intensité dans toute l’histoire, surtout à la faveur de la révolution technologique actuelle sans précédent. Cette musique renferme désormais des domaines d’expression qui, aujourd’hui, sont ouverts à des pratiques et expérimentations multiples, régissant autant les processus de la création que la pensée philosophique sous-jacente. Des rapprochements entre sa pratique musicale et l’oralité des traditions lointaines sont même entrepris, surtout dans les œuvres électroacoustiques et dans les compositions des œuvres ouvertes. Ces pratiques et expérimentations sont dynamisées et revitalisées par l’héritage occidental, ainsi que par des éléments et des inspirations empruntés à des traditions extra-occidentales diverses. En corollaire, le nouvel objet musical et la nouvelle connaissance se retrouvent intégrés dans un contexte culturel encore plus vaste.
L’observation d’une telle réalité musicale nécessite évidemment plusieurs angles d’approche, ainsi que l’application de méthodologies diverses. Pour mettre en lumière des réalités structurantes voilées, ces corrélations ne peuvent être énumérées de façon uniquement intuitive. Ainsi, prôner des écoutes et des regards croisés engage dans la voie d’une analyse en profondeur de l’essence de ces musiques, de leurs caractères, de leurs spécificités, ainsi que des rapports existant entre elles, leurs éventuelles convergences et interrelations.
Pour me permettre une telle approche, je m’appuie sur mes différents savoirs et connaissances accumulés tout au long de ma formation commencée au Zaïre, à l’Institut national des arts de Kinshasa. Cette formation (musicologique et ethnomusicologique) sera consolidée successivement au Conservatoire de Musique de Shanghai, à l’Ecole Normale de Musique de Paris et à Paris-Sorbonne. Je possède également une formation en linguistique de l’Institut des langues de Pékin. Par le truchement de cet ensemble de formations, j’ai pu accumuler des moyens techniques et méthodologiques qui me permettent aujourd’hui de m’engager efficacement dans les voies de la recherche et de l’enseignement. Les voies de la recherche, je les consolide, par ailleurs, à travers une implication directe dans les activités des centres de recherche présentant un intérêt pour moi (PLM et REMETAO de Paris IV, le CRILLASH et CADEG de l’Université des Antilles et de la Guyane, le LACITO-CNRS, et même des collaborations avec des associations comme l’AREXcPO en Vendée).
J’ai, par ailleurs, une expérience dans le domaine de collaboration avec des institutions internationales (je suis notamment consultant à l’Observatoire des politiques culturelles en Afrique et à l’UNESCO).
Autant de parcours qui me permettent encore d’accumuler des expériences, dans la collaboration et la direction aussi bien de la recherche que de l’enseignement.

J’ai développé cet ensemble d’éléments qui caractérise mon parcours dans la synthèse de mes travaux de HDR, dans laquelle plusieurs interrogations, relatives à mes problématiques de recherche et d’enseignement ont été mises au jour.
Tout au long du développement de mon propos, je me suis efforcé d’éclairer mon parcours avec ses multiples facettes. J’ai rendu compte de mon engagement dans la recherche et dans l’enseignement et, au-delà, de mes capacités de coordination dans les domaines de la pédagogie, de la science musicale, mais aussi dans celui des relations, des collaborations et des échanges, sur le plan local et international, et avec des personnes de divers horizons.
Par ailleurs j’ai montré combien mon implication dans mes domaines de recherche musicologiques et ethnomusicologues actuels m’encourage à envisager des perspectives d’avenir, tant pour ma recherche que pour mon enseignement.
Ma synthèse est en elle-même une réflexion sur la musicologie et l’ethnomusicologie de notre époque. Au vu de l’état actuel de l’objet d’étude qui me concerne (musique contemporaine et musiques des traditions orales, dans leurs spécifiés et dans leurs interrelations et interactions), je prône un regard musicologique renouvelé.
C’est, du reste, cette démarche que j’avais préconisé déjà dans la conclusion de ma thèse, en appelant à une nouvelle pratique musicologique, que j’avais alors nommée une nouvelle anthropologie sonore. Elle tient compte, dans sa totalité, de l’hétérogénéité de l’objet d’étude musicologique actuelle, en particulier, celle relative à la musique savante occidentale de notre temps. Cette pratique musicologique a pour ambition de relever le défi du déchiffrage aussi bien de la signification – matériaux et concepts – que de la fonction de cette musique.

Outre la possibilité d’approfondir des recherches qui me tiennent à cœur, mon souhait, comme celui de tout enseignant-chercheur, est d’intégrer, dans cette démarche, des étudiants formés sur le terrain et mis ainsi en contact direct avec les questions actuelles, énumérées dans ma synthèse. Celle-ci souligne en même temps les lignes de force qui donnent leur cohérence aux documents annexés.

Et si je devais avec quelques mots caractériser mon parcours, ma méthodologie de recherche et d’enseignant, ainsi que mes aspirations, je choisirai les termes de pluridimension, de pluridisciplinarité, de pluriouverture, de l’écoute plurielle.

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