Françoise GUÉRIN

Françoise GUÉRIN  

Maître de conférences Université Sorbonne Nouvelle – Paris IV (ancien membre du LACITO)

HDR sur “Description, évolution et comparaison typologiques de l’ingouche, du tchétchène et du bats, langues caucasiques de la branche nakh (famille nakh-daghestanienne)” (soutenue le samedi 1er décembre 2012)

 

 

Thèmes de recherche

Linguistique générale, description linguistique, syntaxe et typologie.
Aire caucasique : langue nakh (tchétchène-ingouche)

Programmes de recherche

Opérations de recherche au Lacito :
• Changement linguistique et écologie sociale

Dans le cadre de la Fédération de Typologie (TUL) :
• Expression des comparaisons d’égalité et de similitude

 

Mots-clés

description – syntaxe – changement linguistique – typologie – tchétchène – ingouche – français – mandarin

Enseignements

Université Paris-Sorbonne (2017-2018)
Au premier semestre
— L5LF90SL Linguistique générale et comparée (TD)
— M1LF0013 Morphologie et Syntaxe (CM)
— L1LF20FI Linguistique générale (CM)
Au deuxième semestre
— L6LF13SL Diversité des langues et typologie (TD)
— L6LF43SL Structures et systèmes de quelques langues naturelles : le tchétchène
— L4LF20FI Linguistique générale : phonétique, phonologie, syntaxe (CM et TD)
— M2ILML01 Modélisation des productions langagières orales (CM et TD)

 

Publications

Ouvrage et direction d’ouvrages :
— 2014, Costaouec, D, Guérin, F., (eds), — Contraintes et liberté dans les langues : Hommage à Christos Clairis, linguiste – Fernelmont : EME, 305p.
— 2013 (Gatsaeva, Kissa, Guérin, Françoise), Abrek Zelimkhan, Héros tchétchène suivi de L’attaque de Kizlyar (Version trilingue de la nouvelle de Saïd- Akhmed Gatsaev), Paris, L’Harmattan, 128 p.

Articles et chapitres d’ouvrages, actes de colloques internationaux :
— à paraître, Puntos de vista sobre las relaciones sintácticas entre núcleos predicativos — In : Actes du XXXIVe Colloque international de Linguistique fonctionnelle, septembre 2013, Centro académico y cultural San Pablo, Oaxaca, Mexique.
— à paraître, (Guérin, F., Wang, X.), Variations libres : le cas des coordonnants 和 he « et » et 或 huo « ou » en mandarin standard — In : Actes du XXXVIIe Colloque international de Linguistique fonctionnelle, novembre 2015, Institut des langues étrangères de l’Université du Yunnan, Kunming, Chine.
— soumis, (Zhang J. & Guérin, F)., Analyse des structures chinoises traduites par le pronom indéfini on dans la version française de Grenouilles de Mo Yan, La Pensée vive, Université de Clermont-Ferrand.
— 2016, La prédication seconde en tchétchène — In : Actes du XXXVe Colloque international de Linguistique fonctionnelle, C. Cusimano, A. Podhorná-Polická & Z. Rakova (eds.), septembre 2013, Université Masaryk, Brno, République Tchèque, Munipress, 55-60.
— 2015, Analyse des pratiques plurilingues postées sur un mur de Facebook – In : Regards sur l`oral et l`écrit, K. Wróblewska-Pawlak, J. Sujecka-Zająk & E. Pachocińska (ed.) — Editions de l’Université de Varsovie, Varsovie, Pologne, 50-60.
— 2015 (Guérin, F & Zhang, J.), Analyse linguistique de la traduction en chinois du pronom on dans Le petit prince de Saint-Exupéry — In : L’Écho du Yunnan 彼岸花辑录 / Sun Fang Nie Yunmei (ed.) — Kunming : Yunnan Minzu Chubanshe, 72-82.
— 2015, The evolution of Chechen in asymmetric contact with Russian, in Stolz, Christel, (Ed.), Language Empires in Comparative Perspective (183-198), Series: Koloniale und Postkoloniale Linguistik / Colonial and Postcolonial Linguistics (KPL/CPL) 6, Berlin/Munich/Boston : De Gruyter Mouton.
— 2014, Contraintes et libertés dans les structures syntaxiques : l’exemple du bats– In Contraintes et liberté dans les langues : Hommage à Christos Clairis, linguiste, Costaouec, D., F. Guérin (eds) – Fernelmont : EME : 215-229.
— 2013, La grammaticalisation : théorie ou épiphénomène ? — In : Contextos : aspects du fonctionnalisme français — C. Clairis & C. Feuillard (eds), Universidad de León, Contextos 49-52 2007-2008, CEMI, León, Espagne, 211-232.
— 2013, Les changements en chaîne en syntaxe — In Maria Tsigou & Denis Costaouec (eds.) : Traduction, changement en syntaxe, la personne, approches fonctionnalistes, Actes du XXXIIIe Colloque international de Linguistique fonctionnelle, Corfou, octobre 2010, DLETI-Université Ionienne, Grèce, 119-122.
— 2013, Rapport du thème II : dynamique linguistique — In Maria Tsigou & Denis Costaouec (eds.) : Traduction, changement en syntaxe, la personne, approches fonctionnalistes, Actes du XXXIIIe Colloque international de Linguistique fonctionnelle, Corfou, octobre 2010, DLETI-Université Ionienne, Grèce, 127-131.

— 2013, Description, évolution et comparaison typologique de l’ingouche, du tchétchène et du bats : Langues caucasiques de la branche nakh, Историко-культурологический онлайн журнал “PROMETHEUS” 15:73-89. (revue en ligne)
— 2012, Le conditionnel existe-t-il en tchétchène ?, Faits de Langues 40, “Ultériorité dans le passé, valeurs modales, conditionnel”, Berne, Peter Lang, p. 173-180.
— 2011, La définition des actants en tchétchène, Faits de Langues 38 “Du persan à la typologie. L’apport de Gilbert Lazard” : 147-172.
— 2009 [paru en 2010], Guérin Françoise et Costaouec D. (eds), Dynamique et changement en syntaxe. Études de cas, Fernelmont (Belgique), Éditions Modulaires Européennes (Théorie & Description Linguistique), 222 p.
— 2007, en collaboration avec D. Costaouec, Syntaxe fonctionnelle : théorie et exercices, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. Didact. linguistique, 320 p.
— 2005, Clairis C., Chamoreau C., Costaouec D. et Guérin F. (dir.), Typologie de la syntaxe connective, Rennes, PUR (Rivages linguistiques), 234 p.
— 2001, Description de l’ingouche : parler du Centre-Nord du Caucase, Munich, Lincom-Europa (Lincom Studies in Caucasian Linguistics 15), 540 p.

Articles sur l’ingouche et le tchétchène disponibles sur Artxiker.

 

Communications

— 2016, La comparaison d’égalité en tchétchène – Pour : Colloque international Du terrain à la théorie : 40 ans du Lacito, 15-17 novembre 2016, Villejuif, France.
— 2015, (Guérin, F., Wang, X.), Variations libres : le cas des coordonnants 和 he « et » et 或 huo « ou » en mandarin standard — Pour : 37e colloque de la Société Internationale de Linguistique Fonctionnelle, 5-8 novembre 2015, Institut des langues étrangères de l’Université du Yunnan, Kunming, Chine.
— 2014, Analyse des pratiques plurilingues postées sur un mur de Facebook — Pour : 36e colloque de la Société Internationale de Linguistique Fonctionnelle, 14-17 octobre 2014, Institut d’Études Romanes, Faculté de Néophilologie, Université de Varsovie, Varsovie, Pologne.
— 2014, L’expression de la comparaison d’égalité et de similarité en tchétchène – Pour : Programme de recherche sur L’expression de la comparaison d’égalité et de similarité, 2 octobre 2014, Llacan-CNRS, Villejuif, Fédération de Recherche TUL

“Images”

Le village d'Erzi, Ingouchie

Cette photo a été prise en août 1997 lors de mon travail d’enquête sur la langue ingouche parlée en Ingouchie dans le Caucase du Centre-Nord. Malgré les barrages militaires limitant l’accès à la montagne, mes informateurs ingouches tenaient absolument à nous montrer ce qui représente leurs racines, l’âme de leur peuple : les villages abandonnés au cœur de la montagne.
Chaque grande famille clanique ou tejp possédait autrefois un village à l’architecture originale avec des maisons-tours aux toits pyramidaux couverts de lauzes. Ces tours servaient à la fois d’habitat et de système défensif, chaque famille défendant ainsi sa vallée.
Dès la conquête du Caucase par les Russes, l’existence de ces villages a été menacé – il était trop facile pour les rebelles de s’y replier, mais c’est en 1957, au retour de leur déportation voulue par Staline, que l’accès à ces villages leur fut totalement interdit. Les Ingouches, contraints de vivre exclusivement en plaine, virent leurs villages natals tomber petit à petit en ruines. C’est pour témoigner de ce drame que l’on nous a amené jusqu’à Erzi et pour attester que bien qu’abandonnés ces lieux vivent toujours dans la mémoire collective des Ingouches.

© Françoise Guérin (Université Paris-Sorbonne, août 1997)

Lieu : Asie, Caucase du Centre-Nord, Ingouchie – Langue : ingouche

Mariée ingouche

En Ingouchie, les règles matrimoniales sont toujours très strictes, l’union hors de son groupe ethnique est interdite et l’alliance avec une ou un Tchétchène est admise mais pas toujours bien considérée. Le mariage avec un membre de son teïp (clan patrilinéaire) est interdit également.
Les cérémonies du mariage sont très importantes en Ingouchie et s’étalent sur plusieurs jours. Aujourd’hui, si le mariage n’est plus un arrangement opéré entre deux familles, le rituel matrimonial reste en vigueur que ce soit dans le déroulement des cérémonies ou dans le costume de la mariée. La ceinture appelée datu tejxkar « ceinture d’argent » qui serre fortement la taille est une pièce très importante de l’habillement féminin et, pour le jour du mariage, elle est d’argent doré, incrustée de pierres précieuses : émeraudes, rubis, jade et surtout les indispensables turquoises, symbole de pureté. De la sous-robe, au col officier, on peut admirer ses fermoirs appelés datu « argent » qui sont constitués de plaques d’argent ornées de perles ou de petites pierres précieuses reprenant le motif ajouré de la ceinture.
Le premier jour, un cortège emmène la promise dans la famille de son futur mari. En tête, on place les voitures dans lesquelles prennent place les personnes âgées ainsi que les personnes les plus respectées du village, ensuite viennent à pied les hommes mariés d’âge mûr puis les garçons célibataires et enfin les jeunes filles. Trois garçons, choisis au préalable pour leur bonne santé, leur beauté et pour le fait qu’ils ne sont pas orphelins, auront la charge d’entrer dans la chambre de la jeune fiancée pour lui présenter les souhaits traditionnels avant de l’emmener prendre la première place du cortège. Les Ingouche étant convertis à l’Islam depuis le XIXe siècle, c’est le mollah qui donne alors une première bénédiction. La famille de la jeune fille ne prend pas part au cortège, ils font la fête chez eux.
À son arrivée dans la cour de la maison de son futur époux, la jeune fille reçoit la deuxième bénédiction religieuse. Le mollah lui tend alors un mouchoir de son fiancé et lui expose tous les devoirs qu’elle aura envers lui. Quand elle pénètre dans la maison de son fiancé, plusieurs épreuves l’attendent. En premier, un balai, posé sur le sol, barre l’entrée, elle doit absolument le déplacer si elle veut que l’on sache qu’elle est une bonne ménagère. Puis un enfant vient à sa rencontre, il faut qu’elle l’accueille agréablement mais sans paroles et qu’elle lui donne quelques pièces de monnaie, prouvant ainsi qu’elle sera une bonne mère.
La fiancée doit rester muette, elle n’a pas encore le droit de parler. Les hommes en profitent, ils s’approchent d’elle, lui soulèvent son voile et font des plaisanteries plus ou moins aimables sur sa personne dans le dessein de la faire parler. C’est nuskalg mot bastit autrement dit « ouvrir la langue de la fiancée ». À ces quolibets, la jeune femme ne répond rien mais tend de menus présents, notamment des mouchoirs de baptiste qu’elle a brodés afin que l’on puisse juger de son degré d’habileté en broderie et en couture. Son trousseau et tous ses biens, sauf quelques valises contenant ses effets personnels, sont exposés à la convoitise de tous. Car il suffit qu’un membre de sa nouvelle famille s’extasie sur un objet pour que la jeune fiancée soit obligée de le lui céder gracieusement.
Les noces vont durer trois jours pendant lesquels tout le monde s’amuse mais séparément, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Les femmes ingouches mariées n’ont pas le droit de danser, mais peuvent toutefois regarder les danses des hommes.
À aucun moment, le fiancé n’apparaîtra. Il a trois jours pour enterrer sa vie de garçon avec ses amis. Après le troisième jour, la cérémonie religieuse se déroule alors puis on crée une certaine intimité pour que les jeunes époux puissent consommer le mariage, la fiancée devant évidemment être vierge.

© texte Françoise Guérin (CNRS-LACITO)
© cliché fait par un photographe professionnel ingouche en 1965, donné ultérieurement à F. Guérin

Lieu : Asie, Russie, Ingouchie – Langue : ingouche

Les tchapelguiches, Ingouchie

La cousine de A. commentait en direct la recette du plat national que les Ingouches partagent avec les Tchétchènes: les tchapelguiches. Ce sont des petites crêpes un peu épaisses dans la pâte desquelles sont incorporées des pommes de terre râpées et du fromage de brebis. Empilées sur une assiette à dessert, après avoir été arrosées de beurre fondu, elles sont découpées en triangle par la maîtresse de maison. On les offre à tous les invités avec du thé. Sur la table recouverte d’une jolie nappe sont également disposés des tomates et concombres coupées en cubes, des olives, du miel et de la confiture dans de petites coupelles. Les tchapelguiches se dégustent donc accompagnés d’aliments sucrés ou salés. On les consomme assis autour de la table dans le salon et ce quelle que soit l’heure de la journée. Cette collation est un rituel indiquant que les hôtes sont les bienvenus et peut être suivie par un repas.

© Françoise Guérin (CNRS-Lacito, 1997)

Lieu : Asie, Russie, Ingouchie, Nazran – Langue : ingouche

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