Véronique de Colombel | Contes ouldémés (Nord-Cameroun)

Contes ouldémés (Nord-Cameroun)
L’idiot, l’infirme, l’orphelin et la vieille femme

Pratiquant la culture du mil dans les monts du Mandara, au Nord-Cameroun, les Ouldémés appartiennent à des communautés villageoises de langues tchadiques qui ont conservé une grande partie de leur organisation sociale, de leurs croyances et de leurs valeurs. Celles-ci sont notamment le sens de la solidarité, du sacré, de la fête, de l’hospitalité, de la responsabilité personnelle et du travail bien fait. D’un enracinement de nombreux siècles, dans ces zones accidentées, résulte une adaptation fine de l’agriculture à un milieu naturel pauvre.

La tradition orale ouldémé comporte des mythes d’origine, une épopée, des récits historiques, des légendes sur les extra-humains, sur les relations homme-esprits, sur la magie et la sorcellerie, et des contes ou récits sur l’humain. Le corpus sélectionné, à l’exception de l’épopée qui, elle, retrace l’arrivée et l’installation du héros fondateur, propose, à travers le filtre de l’imaginaire propre au genre conte, des scènes de la vie quotidienne qui nous renseignent sur la culture matérielle et l’organisation des relations sociales, ainsi que des messages recevables par des lecteurs étrangers à cette culture. Il a été évité de sélectionner les mythes, récits et légendes qui traitent plus spécifiquement des croyances et des histoires locales. Car, si elles témoignent d’une grande richesse culturelle, elles ont moins vocation à l’universel.

COLOMBEL Véronique (de), 2005, Contes ouldémés (Nord-Cameroun). L’idiot, l’infirme, l’orphelin et la vieille femme, Louvain-Paris-Dudley (Ma), Peeters (Selaf 409- LCA 33), XVI-785 p.

Paru en 2005

CR par Paulette Roulon-Doko paru au Journal des Africanistes 75(2) : 143-145

Autres publications de l’auteur en relation avec le sujet :
  • COLOMBEL Véronique de, 1985, La naissance d’Aguedzavernda : Un pouvoir enfanté et transmis par les femmes (Tradition ouldémé du Nord-Cameroun), Femmes du Cameroun : Mères pacifiques, femmes rebelles, Paris : Karthala, p .219-232.
  • 1997, L’eau dans les monts du Mandara, in H. Jungraithmayr, D. Barreteau, U. Seibert (éds.) L’homme et l’eau dans le bassin du lac Tchad, Paris : ORSTOM (Colloques et Séminaires), p. 315-336.
  • 2003, Les végétaux dans la tradition orale ouldémé–In:Cahiers de Littérature Oralen°53-54, 2003, p. 233-263.
  • 2004, Conte de la tête ronde (Conte ouldémé n°7) Nord-Cameroun (contribution au CD-ROM), Du terrain au cognitif : Linguistique, ethnolinguistique, ethnosciences. A Jacqueline M.C. Thomas, Paris : Peeters. (écouter le conte)
  • 2008, La destinée des maltraités ouldémés, in Colombel V. de et M. Lebarbier (sous la dir.), Etapes de la vie et tradition orale. Conceptions universelles et expressions particulières, Leuven- Paris- Dudley : Peeters (Selaf 43), 2008, p.31-49.

Samia Naïm | Hayîm Habshûsh, Yémen

Samia Naïm (traduction de l’arabe yéménite et présentation de)
Hayîm Habshûsh, Yémen

 

Guider un rabbin français, spécialiste de l’épigraphie, à la recherche d’inscriptions anciennes à travers le Yémen : telle est l’aventure vécue en 1870 par Hayîm Habshûsh, chaudronnier juif de Sanaa. En “domestique” impertinent, il relate ici avec verve les multiples péripéties de ce voyage.

[Extrait]Je me rendis aux ruines, dans l’espoir d’y trouver des inscriptions. Il y en avait suffisamment et je les relevai. Trois ou quatre heures plus tard, je découvris une curieuse pierre allongée, couverte d’inscriptions. Je m’assis au pied du pan de mur qui portait cette pierre et me mis à l’œuvre. J’étais totalement absorbé par mon travail lorsque j’entendis un Bédoin qui me cherchait. Il criait : « Le Juif ! Le Juif ! » Il se trouvait en face de moi mais il ne s’en était pas aperçu. Je dissimulai mon cahier et mon crayon dans le creux de mon aisselle, puis je me redressai et dis : « Que me veux-tu ? » « Que fais-tu ici ? » dit-il. « Je ne fais que dormir », répondis-je. « Allez, viens, reprit-il. Les tribus ont attaché ton compagnon, ils veulent le tuer. Nous te cherchons depuis longtemps ! » Je regardai de loin la porte de la citadelle où s’étaient réunis plusieurs hommes de tribus, et je vis qu’ils avaient capturé mon maître et saisi son cahier. Je craignis aussitôt pour les copies que j’avais sur moi, et je me retournai comme si je voulais faire mes besoins. Puis je fis semblant d’être à la recherche de quelques pierres pour m’essuyer, afin de pouvoir cacher mes copies. Je trouvai l’endroit propice et les dissimulai entre deux pierres.

NAÏM Samia, 1995, (traduction de l’arabe yéménite et présentation de) Hayîm Habshûsh, Yémen, Arles, Actes Sud (Terres d’aventure), 210 p.

Publié en septembre 1995 (réédité en 1998)

Samia Naïm | Ru‘yat al-Yaman, bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī

Samia Naïm (transcription, édition et introduction de)
al-yamanRu‘yat al-Yaman, bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī [Vision du Yémen entre Habshûsh et Halevy]

 

Extrait du compte rendu de A.L. Udovitch (Annales, Histoire, Sciences Sociales 49-4 de 1994) consultable sur Persee :

Voici un texte remarquable qui a connu une histoire non moins remarquable. Depuis le XVIIIe siècle au moins, les relations de voyage de savants et d’aventuriers européens ont constitué une source majeure de nos connaissances sur le Yémen et sur son passé pré-islamique. Le livre dont il est question ici est bien une relation de voyage, mais son auteur n’est pas un voyageur étranger. Il s’agit au contraire d’un juif indigène qui n’a jamais quitté sa terre natale. Chaudronnier à Sana’a, et lettré, Hayyim Habshûsh fut le guide et le compagnon de voyage de l’orientaliste français Joseph Halevy qui séjourna au Yémen en 1869-1870, à la recherche d’inscriptions sabéennes pré-islamiques. Ce n’est que vingt-trois ans plus tard, en 1893, que H. Habshûsh, à la demande d’un autre chercheur européen étudiant les inscriptions anciennes, coucha sur le papier ses souvenirs d’une expéditions extraordinaire dans les coins les plus inaccessibles du Yémen oriental. […]

NAÏM Samia, 1992, (transcription, édition et introduction de) Ru‘yat al-Yaman bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī [Vision du Yémen entre Habshûsh et Halevy], Sanaa, Centre yéménite d’étude et de recherche, 207 p.

Publié en 1992

Aller au contenu principal