L’expression de la parentalité dans les arts de la parole en Afrique. Cécile Leguy.

Réservée au départ au vocabulaire spécialisé de la psychologie et des sciences sociales, la notion de parentalité est largement utilisée aujourd’hui pour désigner les fonctions et les pratiques parentales. Elle permet plus précisément de bien distinguer le fait d’être parent, au sens biologique du terme, des fonctions parentales, qui peuvent ne pas être assumées par les géniteurs ou par eux seuls, selon les situations et les sociétés.

De nos jours, en Afrique, ces nouvelles données que sont l’urbanisation, le développement de la scolarisation, la migration de travail des enfants ou les déplacements de population ont des répercussions sur la manière dont est vécu le partage de ces fonctions parentales, créant parfois des tensions dans les familles.

Notre attention s’est concentrée, dans cet ouvrage, sur la manière dont la parentalité est mise en scène dans les arts de la parole et nous avons cherché à évaluer dans ce domaine les relations entre normes et pratiques. En effet, si la littérature, orale ou écrite, exprime souvent des idéaux, son pouvoir subversif lui permet également de faire entendre des positions ou des avis qui ne sauraient se dire autrement et qui peuvent s’opposer aux normes.

Les différents genres étudiés, dans les contextes ouest et centre-africains, invitent ainsi non seulement à réfléchir sur l’expression des relations parentales, mais aussi à envisager le rôle que peuvent jouer ces pratiques langagières que sont le roman, le conte, la poésie ou la composition des noms sur les représentations des relations parents/enfants, voire sur la configuration de ces relations elles-mêmes.

 

Table des matières

  • IntroductionCécile LEGUY
  • 1. Règles de parenté et extension de la parentalité dans Le Fruit défendu, roman d’Ahanda Essomba, Marie-Rose ABOMO-MAURIN
  • 2. L’oncle utérin, un parent toujours possible des contes gbaya de Centrafrique, Paulette ROULON-DOKO
  • 3. Images maternelles dans la chanson populaire urbaine burkinabè, Alice DEGORCE
  • 4. L’expression de la parentalité dans les chants d’excision chez les Tagba de Mahon (Burkina Faso), Mori Edwige TRAORÉ
  • 5. Pratique langagière, pratique parentale. L’éloge d’enfants en pays zarma (Niger), Sandra BORNAND
  • L’enfant jeté. Cartographie relationnelle d’un conte merveilleux ouest-africain, Klaus HAMBERGER
  • 7. Dire et « faire » la relation parentale. De la nomination ordinaire chez les Bwa (Mali), Cécile LEGUY
  • 8. Démesure de la parentalité dans le mvet Ekang, poésie épique d’Afrique centrale, Angèle Christine ONDO
  • 9. Oralité poétique et sacralité de la parenté en milieu wolof (Sénégal), Abdoulaye KEÏTA

 

LEGUY Cécile (dir.), 2019, L’expression de la parentalité dans les arts de la parole en Afrique, Paris: Karthala, 250 p.

Paru le 28 janvier 2019

Façonner la parole en Afrique de l’Ouest – Cécile Leguy (2019)

Façonner la parole en Afrique de l’Ouest
Cécile Leguy

Se dépayser dans une autre culture bien loin de la sienne, découvrir de façon vivante de nouveaux modes de communication et de sociabilité, tout cela sans voyager ? C’est le pari proposé au lecteur par la collection « Entendre la voix des autres », dirigée par la célèbre anthropologue britannique, Ruth Finnegan. La cible privilégiée en est le public lycéen ou étudiant, mais cette collection s’adresse plus largement à toute personne soucieuse de s’ouvrir un tant soit peu au monde.

Dans ce volume, en dix-huit alertes petits chapitres, Cécile Leguy, professeur d’anthropologie linguistique à la Sorbonne-Nouvelle, embarque avec elle son lecteur au Mali, chez les Bwa où elle a fait de longs séjours d’étude. En une série de brèves anecdotes autobiographiques, relatées sans façon dans une langue simple et claire, elle fait partager ses expériences d’« étrangère ingénue » à qui se révèlent, au fil de la vie quotidienne, d’autres façons de penser et de dire, la laissant entre perplexité et émerveillement. Ces découvertes successives la conduiront insensiblement à s’intégrer dans cette nouvelle civilisation pour laquelle elle professe un profond attachement. A partir de ces situations ordinaires, le lecteur est invité à découvrir par son intermédiaire ce qui, dans cette société, s’échange vraiment, en filigrane des mots, révélant ainsi toute la riche complexité et la délicatesse de cette culture verbale. (Jean Derive, Professeur émérite de littérature comparée)

 

LEGUY Cécile, 2019, Façonner la parole en Afrique de l’Ouest, Londres: Balestier Press (coll. Entendre la voix des autres), 132 p.

Paru le 31 octobre 2019

Samia Naïm | Ru‘yat al-Yaman, bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī

Samia Naïm (transcription, édition et introduction de)
al-yamanRu‘yat al-Yaman, bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī [Vision du Yémen entre Habshûsh et Halevy]

 

Extrait du compte rendu de A.L. Udovitch (Annales, Histoire, Sciences Sociales 49-4 de 1994) consultable sur Persee :

Voici un texte remarquable qui a connu une histoire non moins remarquable. Depuis le XVIIIe siècle au moins, les relations de voyage de savants et d’aventuriers européens ont constitué une source majeure de nos connaissances sur le Yémen et sur son passé pré-islamique. Le livre dont il est question ici est bien une relation de voyage, mais son auteur n’est pas un voyageur étranger. Il s’agit au contraire d’un juif indigène qui n’a jamais quitté sa terre natale. Chaudronnier à Sana’a, et lettré, Hayyim Habshûsh fut le guide et le compagnon de voyage de l’orientaliste français Joseph Halevy qui séjourna au Yémen en 1869-1870, à la recherche d’inscriptions sabéennes pré-islamiques. Ce n’est que vingt-trois ans plus tard, en 1893, que H. Habshûsh, à la demande d’un autre chercheur européen étudiant les inscriptions anciennes, coucha sur le papier ses souvenirs d’une expéditions extraordinaire dans les coins les plus inaccessibles du Yémen oriental. […]

NAÏM Samia, 1992, (transcription, édition et introduction de) Ru‘yat al-Yaman bayna Habʃūʃ wa-Hālīvī [Vision du Yémen entre Habshûsh et Halevy], Sanaa, Centre yéménite d’étude et de recherche, 207 p.

Publié en 1992

Samia Naïm | Hayîm Habshûsh, Yémen

Samia Naïm (traduction de l’arabe yéménite et présentation de)
Hayîm Habshûsh, Yémen

 

Guider un rabbin français, spécialiste de l’épigraphie, à la recherche d’inscriptions anciennes à travers le Yémen : telle est l’aventure vécue en 1870 par Hayîm Habshûsh, chaudronnier juif de Sanaa. En “domestique” impertinent, il relate ici avec verve les multiples péripéties de ce voyage.

[Extrait] Je me rendis aux ruines, dans l’espoir d’y trouver des inscriptions. Il y en avait suffisamment et je les relevai. Trois ou quatre heures plus tard, je découvris une curieuse pierre allongée, couverte d’inscriptions. Je m’assis au pied du pan de mur qui portait cette pierre et me mis à l’œuvre. J’étais totalement absorbé par mon travail lorsque j’entendis un Bédoin qui me cherchait. Il criait : « Le Juif ! Le Juif ! » Il se trouvait en face de moi mais il ne s’en était pas aperçu. Je dissimulai mon cahier et mon crayon dans le creux de mon aisselle, puis je me redressai et dis : « Que me veux-tu ? » « Que fais-tu ici ? » dit-il. « Je ne fais que dormir », répondis-je. « Allez, viens, reprit-il. Les tribus ont attaché ton compagnon, ils veulent le tuer. Nous te cherchons depuis longtemps ! » Je regardai de loin la porte de la citadelle où s’étaient réunis plusieurs hommes de tribus, et je vis qu’ils avaient capturé mon maître et saisi son cahier. Je craignis aussitôt pour les copies que j’avais sur moi, et je me retournai comme si je voulais faire mes besoins. Puis je fis semblant d’être à la recherche de quelques pierres pour m’essuyer, afin de pouvoir cacher mes copies. Je trouvai l’endroit propice et les dissimulai entre deux pierres.

NAÏM Samia, 1995, (traduction de l’arabe yéménite et présentation de) Hayîm Habshûsh, Yémen, Arles, Actes Sud (Terres d’aventure), 210 p.

Publié en septembre 1995 (réédité en 1998)

“Paroles d’Afrique”, numéro 4 de la revue Cargo

Jean Derive & Cécile Leguy (coordonné par) “Paroles d’Afrique”, numéro 4 de la revue Cargo

Le colloque dont sont issues les contributions publiées dans le quatrième numéro de cArgo s’est tenu du 10 au 15 décembre 2012 à Bordeaux, en marge d’une exposition consacrée aux Paroles d’Afrique présentée d’octobre 2012 à mai 2013 par le Musée d’Ethnographie de Bordeaux (MEB), sous le commissariat de Sandra Bornand et Cécile Leguy, en partenariat avec l’UMR Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN). Le titre de ce dossier reprend ainsi celui du thème du colloque : Paroles d’Afrique. Entre traditions et mutations. Il était composé de deux axes principaux qui correspondent aux deux sections qui structurent le dossier, la seconde étant elle-même subdivisée en deux parties. Le premier axe porte sur les représentations endogènes de l’exercice de la parole. On sait que les sociétés africaines attachent une importance toute particulière à la parole. La notion de « parole africaine » est toutefois l’objet d’un grand nombre de clichés en Occident, que l’on s’y représente une parole patrimoniale, figée dans des répertoires et des genres immuables, des paroles rituelles et magiques à l’efficacité redoutable, des paroles de louange à l’égard des puissants par leurs affidés statutaires, ou encore des palabres verbeuses à l’infini sous l’arbre du même nom… Ces clichés sont revisités ici par des spécialistes qui sont également des chercheurs de terrain, afin d’enrichir et d’affiner la connaissance sur la communication verbale en Afrique dans toute sa complexité.
La connaissance des mécanismes qui régissent les pratiques langagières est une condition essentielle pour une meilleure compréhension des enjeux culturels, mais aussi politiques et économiques, des situations contemporaines. L’utilisation de nouveaux médias permet des développements inédits de la parole patrimoniale, en investissant de nouveaux champs du discours (politiques, économiques…) ainsi qu’en élargissant l’audience jusqu’à toucher un public interethnique, tout en permettant aux communautés néo-urbaines de continuer à avoir un lien avec leur langue et leur culture d’origine, même si c’est sous une forme un peu différente de celle du contexte rural. Le deuxième axe de ce dossier est ainsi consacré à l’utilisation de la parole pour de nouvelles modalités et selon de nouveaux objectifs.

 

Table des matières

Jean DERIVE et Cécile LEGUY, Introduction

1ère partie : Les représentations endogènes de l’exercice de la parole

  • Christiane SEYDOU, La parole dans la culture peule : notions représentations pratiques
  • Paulette ROULON-DOKO, Le maniement de la parole : un art de vivre chez les Gbaya de RCA
  • Jean DERIVE, La parole dans la culture mandingue : l’exemple des Dioula de Kong (Côte d’Ivoire)
  • Quelques réflexions, en guise de bilan, sur les représentations autochtones de la parole en Afrique

2e partie : L’utilisation de la parole patrimoniale

  • La parole traditionnelle dans les nouveaux médias
  • Daniela MEROLLA, Littérature orale et nouveaux médias : l’exemple de Verba Africana
  • Graham FURNISS, L’évolution de la parole patrimoniale haoussa dans de nouveaux contextes médiatiques : l’exemple des pérégrinations du motif traditionnel d’un conte-type au théâtre, au livre et à la vidéo
  • La récupération de la parole patrimoniale à de nouvelles fins dans l’Afrique moderne
  • Anne-Marie DAUPHIN-TINTURIER, Du rôle du cisungu dans la région de parler bemba en Zambie
  • N’Diabou TOURÉ, Référence à la parole patrimoniale dans les slogans publicitaires au Sénégal

 

DERIVE Jean et LEGUY Cécile (coord..), 2015,  “Paroles d’Afrique”, n°4 de la revue Cargo, 149 p., consultable en ligne.

Paru à la mi-décembre 2015

Catherine Taine-Cheikh | Études de linguistique ouest-saharienne

Études de linguistique ouest-saharienne

Vol. 1. Sociolinguistique de l’aire hassanophone

Ce premier volume d’une série de quatre porte le sous-titre Sociolinguistique de l’aire hassanophone. Il réunit douze études dont la parution s’échelonne entre 1989 et 2013, et qui traitent sous différents aspects des relations que la société maure entretient (ou a entretenues) avec les langues dans diverses circonstances, que ce soit l’arabe dans ses différentes variétés (dialectales ou non) le berbère, les langues des communautés voisines ou encore celles introduites par la colonisation.
     L’ordre dans lequel les articles sont présentés est assez proche de l’ordre chronologique, mais si certains d’entre eux traitent de problèmes connexes, chacun peut se lire indépendamment des autres.
     Le premier article, qui dresse un panorama assez général, constitue une introduction assez complète sur le dialecte ḥassāniyya et la situation sociolinguistique de la Mauritanie. Quant aux articles suivants, ils traitent de diverses questions plus spécifiques telles que la question des relations entre les langues et les identités, tant en Mauritanie qu’au Sud marocain; la question de la politique linguistique et du choix des langues dans l’enseignement; la question des emprunts à l’arabe classique et de l’usage des alternances codiques; la question de l’orientation et de la dénomination mouvante des points cardinaux; la question des changements linguistiques liés à l’urbanisation; enfin la question des spécificités ethnolinguistiques des groupes de pêcheurs et de chasseurs maures.
TAINE-CHEIKH Catherine, 2016, Études de linguistique ouest-saharienne, vol. 1. Sociolinguistique de l’aire hassanophone, Maroc : Centre des Études Sahariennes, 325 p.
Publié début mai 2016

Vol. 2. Onomastique, poésie et traditions orales

Ce deuxième volume d’une série de quatre porte le sous-titre Onomastique, poésie et traditions orales. Il réunit quinze textes parus entre 1985 et 2008 et, pour l’essentiel, entre 1994 et 2006.
     Le premier texte, qui est aussi le plus récent, peut constituer une introduction aux questions littéraires : il présente le double profil de la littérature mauritanienne de langue arabe (celui en arabe classique et celui en arabe dialectal) en insistant sur le volet poétique qui occupe une place primordiale dans les deux cas. La plupart des articles du volume portent d’ailleurs spécifiquement sur la poésie, mais sous des aspects toujours différents.
     La question de la toponymie est très présente dans ce volume, comme elle l’est dans la poésie maure. Elle est traitée notamment dans les trois articles consacrés spécifiquement à l’onomastique (toponymie et /ou anthroponymie).
     Si les quatre derniers textes relèvent de champs connexes, ceux sur l’injure et la médisance font appel à de nombreuses données puisées dans la poésie ou les traditions orales. quant à ceux présentant le style de l’écrivain-journaliste Habib Ould Mahfoudh ou les caractéristiques des “devinettes-colles” pastorales, ils s’intéressent à la culture maure dans ses rapports avec le français ou avec les traditions orales en arabe classique.
  1. Langue(s) et littérature(s) arabes de Mauritanie (13)
  2. Toponymie et urbanisation (27)
  3. Eléments d’anthroponymie maure. Enjeux et significations du non d’ego (41)
  4. L’onomastique comme enjeu. Réflexions du point de vue linguistique, sociolinguistique et historique (77)
  5. Le pilier et la corde : recherches sur la poésie maure (91)
  6. Pouvoir de la poésie et poésie du pouvoir. Le cas de la société maure (123)
  7. Poésie et musique (155)
  8. Poésie dialectale et noms de lieux (165)
  9. Réflexions autour de la langue de la poésie maure (179)
  10. Le dess(e)in de la rime. La poésie graphique de Mauritanie a-t-elle un lilen avec le muwashshah ?
  11. Poésies d’itinéraires et itinéraires poétiques chez les nomades sahariens (217)
  12. De l’injure en pays maure ou « qui ne loue pas critique » (247)
  13. Les voies / voix de la médisance en pays maure (277)
  14. Brève incursion dans les Mauritanides (297)
  15. Quand les bergers maures se lancent des ‘colles’ (303)
TAINE-CHEIKH Catherine, 2017, Études de linguistique ouest-saharienne, vol. 2. Onomastique, poésie et traditions orales, Maroc : Centre des Études Sahariennes, 343 p.
Publié à la mi-septembre 2017
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