Emmanuelle Laurent

Emmanuelle LAURENT  

Docteure en Anthropologie des mondes chinois

Thèse soutenue à l’ INALCO, le 07 décembre 2022 : “Parenté, rites et territoire d’un village naxi du sud-ouest de la Chine” (co-dir. Catherine Capdeville-Zeng & Isabelle Leblic)

Résumé de la thèse

Ma thèse présente une perspective localisée de la société chinoise rurale multiethnique contemporaine. À partir d’une ethnographie de village dans les montagnes au nord-ouest du Yunnan, au cœur du Couloir Tibéto-Yi, cette recherche propose une contextualisation de la « nationalité minoritaire naxi ». En étudiant les pratiques territoriales de cette petite communauté dans le domaine des rites et de la parenté, elle démontre que le fait d’« être naxi » se définit au-delà de la seule vision étatique et standardisante des minorités de Chine, et représente aussi une « façon de vivre » particulière. À partir de la parenté naxi, l’analyse du lignage coq-o et de ses fonctions rituelles questionne la relation des habitants à leur territoire, tout en s’insérant dans le cadre politique et culturel englobant. Le système social local ainsi révélé montre la complexité des relations de parenté, l’impossibilité de considérer les minzu comme des groupes hermétiques et figées, et le remaniement permanent des groupes locaux dont de nombreux membres ont des origines diverses. La parenté naxi apparaît comme un rapport social souple qui montre une patrilinéarité globale « flexible » s’accommodant du recours à des traits temporaires de matrilinéarité, comme le mariage en gendre. Les rites soutiennent cette parenté en permettant l’inclusion d’extérieurs. Cette enquête de terrain, étendue sur quatre années, a été réalisée juste avant la pandémie. Elle offre un regard profond et précieux sur cette société rurale maintenant inaccessible depuis deux ans.

 

Thèmes de recherche

• parenté naxi et lignages
• espace social
• rapports sociaux inter-ethniques
• les modes de transmission culturelle dans la société naxi à travers l’éducation dongba et le renouvellement des cérémonies rituelles

 

Programmes de recherche

Étude des Naxi, une population minoritaire du Nord-ouest de la province du Yunnan en Chine, et plus particulièrement de l’organisation sociale d’un village naxi et de la place et l’influence des lignages dans la sphère rituelle. Dans une monographie de village, ces recherches sondent les rapports minoritaires/majoritaires locaux entre les Naxi, les Han et les autres populations de cette région du Yunnan, à travers les dynamiques de parenté de ces lignages et leurs pratiques culturelles.

 

Mots-clés

Naxi – ethnographie de village – rites territoriaux – parenté / lignage / lignée / maisonnée – groupe rituel – culte des ancêtres – mariage en gendre.

 

Bourse et prix

  • Lauréate 2017 de la Bourse de mobilité de 9 mois du Centre d’Études français sur la Chine Contemporaine (CEFC)
  • Lauréate 2017 du Prix Louis Dumont – Fonds d’aide à la recherche en anthropologie sociale (Jury et Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH))

Travaux universitaires

— 2014, “Le suicide par amour chez les Naxi: aspects traditionnels et socio-historiques”, Mémoire de M1, INALCO, Paris.
— 2015, “La culture naxi entre tradition et modernité : étude de la préservation du patrimoine culturel naxi à Lijiang”, Mémoire de M2, INALCO, Paris.

Publications récentes ou importantes

“Photographies de terrain”

Vue sur le fleuve Jinsha en pays naxi, Wumu, Baoshan

Dans le Nord-ouest du Yunnan, dans les montagnes surplombant le fleuve Jinsha, cette vieille femme naxi vient, comme chaque fin d’après-midi, chercher ses cochons. L’élevage de porcs est l’une des activités principales des habitants du village, avec l’élevage de chèvres et la culture de blé, de maïs et de tabac. La vieille Li porte l’habituel tablier bleu de travail qui ceint sa taille ainsi qu’un turban noir, brodé de couleurs aux extrémités, enroulé autour de sa tête. Le turban noir est porté par les femmes naxi à partir de 75-80 ans. Leurs cadettes de quelques années (env. 50-75 ans) portent elles la casquette mao bleue. Pour le labeur quotidien, le costume traditionnel des anciennes du village est – à l’exception du turban et des boucles d’oreilles en argent et en jade – remplacé par les vieux vêtements de tous les jours. La peau de mouton aux sept étoiles est réservée aux jours de fête et aux grandes occasions.

© Emmanuelle Laurent (CNRS-LACITO, 4 mars 2016)

Lieu : Asie, Chine, province du Yunnan, Baoshan, Wumu – Langue : naxi.

Les volutes de fumée des chel shul (petits tas de branchages de pin et d'azalées enflammés) éliminent les impuretés dans le village naxi au matin du Sacrifice aux ancêtres maternels célestes.

Dans les montagnes surplombant le fleuve Jinsha dans le Nord-Ouest du Yunnan, le village naxi de Wumu compte quelques cinq cent habitants, pour la plupart paysans. Ils vivent de leurs cultures de blé, de maïs, d’orge, de fèves et de pois et d’élevage de chèvres et de porc. La photographie a été prise au matin du cinquième jour de la nouvelle année du calendrier lunaire, date à laquelle se tient chaque année le Sacrifice mee-biuq, le grand culte aux ancêtres maternels célestes des Naxi. Ce matin-là, comme pour chaque grande occasion, chaque famille effectue chez soi un petit rituel visant à éliminer les impuretés (en naxi : chel shul, en chinois : chuhui 除秽) en enflammant à l’extérieur de la maison un petit tas d’aiguilles de pin et de feuilles d’azalées. La fumée blanche s’élève ainsi dans l’air matinal, enrobant le village d’une atmosphère particulière.

© Emmanuelle Laurent (CNRS-LACITO, 12 février 2016)

Lieu : Asie, Chine, province du Yunnan, Baoshan, Wumu – Langue : naxi.

Portrait de famille naxi au village de Wumu

Ce portrait de la famille Mu m’a été expressément demandée par le chef de famille (en haut à droite), en partie car son vieux père est malade. Pour l’occasion, un soin particulier a été porté aux tenues traditionnelles de la fillette et de sa grand-mère, ainsi qu’à la présentation du grand-père. Sur la photographie figure une maisonnée naxi formée d’une famille élargie : le père vivant avec son épouse et leur fille dans la maison de ses parents. Dans la majorité des cas au village de Wumu, la filiation suit la règle de la patrilinéarité et les mariages sont patrilocaux.

© Emmanuelle Laurent (CNRS-LACITO, 7 avril 2016)

Lieu : Asie, Chine, province du Yunnan, Baoshan, Wumu – Langue : naxi

Le Dongba chante le dernier manuscrit rituel de la cérémonie de Sacrifice aux ancêtres maternels célestes des Naxi

Le Dongba du petit village de Wumu  revêt à l’occasion du grand culte aux ancêtres maternels célestes naxi sa tenue cérémonielle. Elle est constituée d’une longue bande de tissu noir enroulée autour de la tête, d’une longue robe rouge, d’une veste et d’un long collier de perles blanches. L’attirail des Dongba est très onéreux, car ce dernier doit également se procurer tambours, vases, papier manuscrit et accessoires nécessaires à l’accomplissement de leur rôle de spécialiste rituel. Les manuscrits naxi dont couverts d’une écriture pictographique dite dongba qui servent d’aide mnémotechnique au Dongba tout au long du rituel.

© Emmanuelle Laurent (CNRS-LACITO, 12 février 2016)

Lieu : Asie, Chine, province du Yunnan, Baoshan, Wumu – Langue : nashi.

Funérailles naxi - le hissage du mobile, Wumu, Chine

© Emmanuelle Laurent (22 juillet 2018 — Huawei P9 double capteur Summarit H 1:2.2/27 ASPH)

Lieu : Asie, Chine, province du Yunnan, Baoshan, Wumu – Langue : naxi

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