Pascale Dollfus, François Jacquesson & Michel Pastoureau (études réunies par) couleursHistoire et géographie de la couleur

Ce livre est un des résultats majeurs du Projet “Histoire et Géographie de la Couleur. Faits de langue et systèmes de communication” 2008-2009, domicilié au Lacito. Le but du Projet, comme le but du livre, est de montrer comment l’étude de la diversité historique et culturelle permet non seulement d’éviter les clichés hâtifs sur “les valeurs de la couleur”, mais de saisir des contrastes importants ou suggère des pistes nouvelles.

     Le livre, après une introduction de F. Jacquesson & M. Pastoureau, donne sept contributions avec de nombreuses illustrations. A. Grand-Clément explique comment les couleurs de la peau sont significatives en Grèce Ancienne, mais pas comme “chez nous” ; les Grecs d’autrefois ne se sentent pas tellement “Blancs”, et le véritable clivage est entre les hommes qui sont plus foncés, et les femmes qui sont plus claires. Les deux articles suivants se répondent, et ont été conçus en concertation. F. Jacquesson décrit les couleurs et leur lexique dans l’hébreu de Bible et du Talmud : on y voit (peut-être avec surprise) que le contraste blanc / noir est y peu pertinent, et ne correspond pas souvent à une opposition bon / mauvais. D. Kouloughli décrit les couleurs et leur lexique, avec un souci soigneux de la morphologie des mots de couleur, dans l’arabe du Coran et des “1001 Nuits”. L’auteur étudie les fréquences des mots, et leurs contrastes par paires. Dans un article commun, P. Dollfus et F. Jacquesson nous emmènent devant les mosaïques qui ornent les réalisations de prestige des rois normands de Sicile ; on y voit comment les tons colorés, loin d’être fondus en clairs-obscurs, sont contrastés, et comment les images sont organisées par ce rythme à la fois graphique et coloré. M. Pastoureau donne ensuite deux petits essais. L’un montre la richesse et les difficultés du thème de “l’incolore” : comment représenter ce qui est sans couleur ? L’autre nous demande, avec des arguments souvent savoureux, de nous intéresser à l’histoire des drapeaux : un sujet délicat, et même dangereux. L’article final est dû à P. Dollfus et nous présente les différents registres d’emploi des couleurs au Ladakh, chez une population himalayenne. Deux palettes distinctes y coexistent : la palette naturelle et ordinaire, où les supports ont un rôle essentiel, puis la palette officielle ou symbolique, celle du bouddhisme par exemple, où les couleurs mènent une vie différente.. Une orientation bibliographique rédigée par M. Pastoureau clôt l’ouvrage. Les auteurs sont historiens, linguistes, anthropologues. Ils espèrent suggérer à d’autres, collègues ou non, de poursuivre dans cette passionnante et distrayante direction.

Table des matières

  • Qu’est-ce que la couleur ?, par François Jacquesson et Michel Pastoureau (5-13)
  • L’éloquence de l’épiderme dans le monde grec antique, par Adeline Grand-Clément (15-66)
  • Les mots de la couleur en hébreu ancien, par François Jacquesson (67-130)
  • De la couleur en arabe, par Djamel E. Kouloughli (131-181)
  • La couleur dans les mosaïques de la Sicile normande, par Pascale Dollfus et François Jacquesson (183-223)
  • À la recherche de l’incolore. Histoire d’un horizon théorique, par Michel Pastoureau (225-248)
  • Pour une histoire des drapeaux, par Michel Pastoureau (249-265)
  • Cheval Rouge, Nez Jaune, Champ Bleu et Esprit Blanc. Voir, nommer et utiliser les couleurs au Ladakh, région tibétaine de l’Himalaya occidental, par Pascale Dollfus (267-317)
  • Orientation bibliographique, par Michel Pastoureau (319-326)

 

DOLLFUS Pascale, JACQUESSON François et PASTOUREAU Michel (eds), 2013, Histoire et géographie de la couleur, Paris : Le Léopard d’Or (Cahiers du Léopard d’Or 13), 327 p. (ISBN : 9-782863-772324)

Paru fin septembre 2013

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