Evangelia Adamou

Evangelia ADAMOU

Senior Researcher at CNRS 

PhD supervisor at Inalco

Associate Editor of Language

My email address is “evangelia.adamou” followed by the “at” symbol followed by “cnrs.fr”   

Research expertise

I specialize in the analysis of under-described and endangered languages with a focus on language contact and bilingualism, combining corpus and experimental methods. I have conducted extensive fieldwork in the Balkans (on Romani and Balkan Slavic) and in Mexico (on Ixcatec and Romani) and am committed to open and transparent science by providing access to the original data; see the Pangloss Collection (for Ixcatec, Nashta, and Romani) and CorTypo database (for Ixcatec). For more on my research, please see my Publications and Talks below.

Grants (selected)

2022–2025 French National Research Agency (ANR) & Russian Science Foundation (RSF). Atlas of the Balkan linguistic area. E. Adamou, Co-PI; A. Sobolev, Co-PI.
2019–2025 (ended in 2021) Bank of Sweden Tercentenary Foundation. Romani language repertoires in an open world. K. Granqvist, PI; E. Adamou, Co-PI; D. Halwachs, Co-PI; Y. Matras, Co-PI.
2020–2024 French National Research Agency (ANR), Excellence Laboratory Empirical Foundations of Linguistics. Research group Marked constructions and information structure. E. Adamou, Co-PI; L. Brunetti, Co-PI.
2010–2012 French National Research Agency (ANR) & Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG). Electronic database of endangered Slavic varieties in non–Slavic speaking European countries. E. Adamou, Co-PI; W. Breu, Co-PI.

Post-doctoral and PhD supervision

Postdoctoral supervision

2021–2023 Dr. Chiara Tribulato. Project: Romani Repertoires. Grant: Bank of Sweden Tercentenary Foundation.
2020–2021 Dr. Jakob Wiedner. Project: Romani Repertoires. Grant: Bank of Sweden Tercentenary Foundation. (co-supervision with Prof. Kimmo Granqvist, Prof. Yaron Matras, Prof. Dieter Halwachs)
2020 Dr. Esteban Acuña. Project: Language documentation of Romani spoken in Colombia. Funding: Instituto Caro y Cuervo (co-supervision with Dr. Jorge Bernal).
2019–2021 Dr. Kate Bellamy. Project: Conflicting Grammars: Gender among bilinguals in Mesoamerica and the Caucasus. Grant: Marie Curie Individual Fellowship, European Commission, Horizon 2020.
2017–2020 Dr. Pablo Irizarri van Suchtelen. Project: Spanish and Romani in contact in Chile. Grant: Rubicon, Netherlands Organisation for Scientific Research (NWO).

PhD supervision

2020– Ionela Dinu Padure: Acquisition bilingue roumain-romani. (co-supervision with Dr. Christophe Parisse). INALCO.
2019– Melanie Schippling: On the relations of spoken and written Romani. (co-supervision with Prof. Birgit Hellwig). Univ. of Cologne, Germany and INALCO, France. Grant: Studienstiftung des deutschen Volkes (German Academic Scholarship Foundation) and a.r.t.e.s. Graduate School Cologne in cooperation with Mercator Foundation.
2016–2022 Erendira Calderón: Bilinguisme et cognition spatiale chez les Chochos (Mexique). Grant: French-Mexican INALCO-CONACYT.
2015–2019 Cristian Padure: La variation copule/clitique sujet en romani du Mexique au contact de ser/estar en espagnol. INALCO.
2012–2015 Davide Fanciullo: Tensed nominals in the Rhodopean dialects of Bulgaria. (co-supervision with Prof. Vittorio S. Tomelleri). Univ. of Macerata, Italy.

Publications available in HAL

Photographs 

Femme pomaque au foulard, pomaque, Grèce

La photo de cette femme pomaque est prise en Grèce, dans un village des montagnes rodhopéennes. Elle est citoyenne grecque et membre de la minorité musulmane de Thrace (Traité de Lausanne, 1923).
En tant que femme mariée elle doit porter le foulard et le manteau en public. Les couleurs vives du foulard, ses ornements et la façon de le nouer sont caractéristiques du village mais témoignent aussi de l’âge et du statut social de cette femme. Les codes vestimentaires traditionnels sont de plus en plus transgressés par les jeunes femmes.
Sa langue première est le pomátsko « pomaque », langue slave du sud, qu’elle pratique dans la vie quotidienne. Le pomaque n’étant pas enseigné, elle a suivi l’école primaire minoritaire de son village en turc et en grec mais n’a pas poursuivi sa scolarité, situation fréquente jusqu’aux années 2000.
Il est très courant depuis plusieurs années de ne pas transmettre le pomaque aux enfants mais le turc, pour des raisons de prestige social et de choix politique et identitaire. Le grec, en tant que langue de l’Etat, reste dans tous les cas une langue importante chez les hommes et plus largement chez les jeunes..

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2007)

Lieu : Europe, Grèce – Langue : pomátsko ou pomaque

Champ de tabac (montagnes de Rhodopi, Thrace), pomaque, Grèce

Dans les montagnes rhodopéennes, presque chaque famille cultive le basma, variété orientale de tabac. La culture du tabac était une source de richesse importante au XIXe siècle. Aujourd’hui subventionnée par la Communauté européenne, elle n’est plus qu’une ressource secondaire pour les familles. Nécessitant une main-d’oeuvre importante, la récolte du tabac et sa préparation en vue d’être mis en serres sont l’occasion pour la famille et le voisinage de se retrouver.

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2007)

Lieu : Europe, Grèce, Thrace – Langue : pomaque

La montagne rhodopéenne, pomaque, Grèce

Les Pomaques sont des slavophones musulmans habitant dans les Rhodopes. Autrefois, ils se déplaçaient en famille avec leur bétail pour l’estivage, ce qui pouvait durer plusieurs mois. Le reste de l’année, ils vivaient dans leur village. Encore aujourd’hui ils restent très attachés à leur dam, une cabane dans la montagne, où ils aiment s’échapper, pendant l’été, lorsqu’il fait trop chaud au village. Cette photo a été prise lors d’une telle excursion, qui peut se faire désormais en voiture dans la journée.

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2006)

Lieu : Europe, Grèce, Thrace, Rhodopes – Langue : pomátsko ou pomaque

Démolir les maisons, oublier sa langue, Liti, au nord de la Grèce

Démolir les maisons, oublier la langue des anciens : tel est le chemin vers la modernité dans le village de Liti, à 10 km de Salonique au nord de la Grèce.
Il n’y a plus que des personnes âgées de plus de 70 ans pour connaître encore le nashta, langue slave du Sud, parlée dans ce village depuis le VIe siècle, comme l’atteste la source byzantine Les Miracles de Saint Démétrius qui mentionne Liti et ses habitants slaves.
De même, il ne reste plus que quelques vieilles maisons en adobe, caractéristiques de la tradition architecturale locale. Les murs sont construits en briques de terre liées par du mortier de terre, isolant de façon naturelle aussi bien de la chaleur que du froid. Les briques sont faites de terre argileuse mélangée avec des fibres (paille, poils d’animaux). Dans les habitations, à un ou deux étages, un soubassement en pierre réhausse la construction d’environ 0,5 mètre afin de la protéger de la pluie et des infiltrations. Une ceinture en bois, apparente ou non, au niveau des portes et des fenêtres sert de protection contre les séismes. Les habitations sont généralement couvertes de chaux, blanche ou bleue*.

*Sur les techniques de fabrication de l’adobe et le savoir-faire de Liti, voir les travaux de Georgia Bei, ingénieure civil et chercheure à l’Université de Salonique.

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2007)

Lieu : Europe, Grèce, Liti – Langue : nashta

Jeunes mariés faisant partie des notables de Liti (= Aivati), Empire ottoman, 19e siècle, Liti, Grèce

L’abandon de la variété slave de Liti au profit du grec débute dans les milieux scolarisés et s’amplifie au 20e siècle lors de l’intégration de la région à la Grèce moderne (1912-1913). Ce phénonème n’est pas spécifique à la Grèce mais constitue une tendance générale dans le monde entier.

Aujourd’hui et depuis une vingtaine d’années, les programmes de documentation de langues menacées sont particulièrement développés dans un souci de préserver le patrimoine immatériel de l’humanité.
Le programme ANR-DFG EuroSlav 2010 vise la création d’une base de données électronique pour des variétés slaves, en voie de disparition, situées dans des pays européens non slavophones. Il s’agit notamment de cinq variétés parlées en Italie (slave de Molise ou na našu), en Autriche (croate du Burgenland), en Allemagne (sorabe supérieur courant) et en Grèce (Liti ou našta et Hrisa). Ces variétés ne sont pas de simples dialectes des langues les plus proches pour lesquels il suffirait de signaler les écarts comme des traits archaïques. Elles présentent de nombreuses innovations, voire des phénomènes inattendus pour des langues slaves, et, surtout, elles sont riches en phénomènes dus au contact de langues. Le corpus – associant son, gloses et traduction – sera intégré au programme “Archives orales” du Lacito-CNRS et à la plate-forme du CRDO (Centre de ressources pour la description de l’oral).

Coordinateurs : E. Adamou et W. Breu (Université de Constance)
Participants : G. Drettas (CNRS), L. Scholze (Université de Constance) et S. Pawischitz (Université de Constance).

© Evangelia Adamou (archives familiales, fin 19e siècle)

Lieu : Europe, Grèce, Liti – Langue : nashta

Femme rom en train de coudre une jupe, Xanthi, Thrace, Grèce

Sur cette photo une femme rom est en train de coudre une jupe, appelée etekl′iko en romani, du turc eteklik « jupe large ». Les emprunts du romani au turc sont nombreux depuis la période ottomane lorsque le turc, langue véhiculaire, était utilisé par les Rom, chrétiens et musulmans. Les communautés rom musulmanes de la Grèce maîtrisent encore aujourd’hui le turc, ainsi que le grec, mais gardent aussi dans leur langue des traces de contacts antérieurs comme, par exemple, le roumain (on appelle ces dialectes, vlax, d’après Gilliat-Smith 1915). Ces traces sont observables encore aujourd’hui, dans le pluriel etekl′ik-ora « jupes » formé d’un nom turc et d’un pluriel roumain. Ce type de construction est très productif en romani vlax pour les noms masculins. L’emploi d’une morphologie étrangère pour les noms empruntés est une pratique courante en romani, et ce de longue date : on distingue sur cette base les noms qui reçoivent une flexion native, les oikocletic, des noms qui reçoivent une flexion étrangère, les xenocliticcf. Matras (2002), Elšík & Matras (2006).

© Evangelia Adamou (CNRS-Lacito, avril 2009)

Lieu : Europe, Grèce, Thrace, Xanthi – Langue : romani

Le romani de Drosero : le cas d'un fused lect, Xanthi, Thrace, Grèce

Le romani parlé dans le quartier Drosero de la ville de Xanthi (Thrace, Grèce) se caractérise par l’emploi, typologiquement rare, de verbes turcs avec leurs éléments de morphologie (TAM, marques de personne). A Drosero, cette caractéristique peut se comprendre du fait que les locuteurs ont une excellente connaissance du turc ; ils sont trilingues dès leur plus jeune âge (romani, turc, grec). Or, on peut observer le même phénomène pour le romani de Ajia Varvara à Athènes (Igla 1996) alors que les locuteurs n’ont plus du tout de contact avec le turc depuis trois ou quatre générations. Il apparaît en fait que ce type de discours bilingue fait partie de la catégorie de fused lect (Auer 1998), c’est-à-dire que les locuteurs rom n’ont plus le choix d’utiliser ou non les matériaux empruntés, ceux-ci font partie de leur langue…

© Evangelia Adamou (CNRS-Lacito, 5 avril 2009)

Lieu : Europe, Grèce, Thrace, Xanthi, Drosero – Langue : romani

Mixteca Alta, Mexique

Les derniers locuteurs de l’ixcatèque vivent dans la Mixteca Alta de l’État de Oaxaca (Mexique). L’ixcatèque, langue à tons, n’est connue que par les travaux de R. Weitlainer (1939, non publiés) et ceux de M. T. Fernandez de Miranda (1959, 1961). Récemment, un effort de documentation a été entrepris par M. Swanton (U. de Leiden et U. de Oaxaca, diachronie et lexique) et D. Costaouec (U. Paris Descartes, phonologie et syntaxe). Il est notamment prévu, dans le cadre d’un programme majeur de documentation financé par le HRELP-ELDP, de réaliser 50 h. de vidéo annotée et traduite. Ce programme sera enrichi par des collaborations avec C. DiCanio (Fondation Fyssen et U. Lyon II-CNRS, tonologie), S. Rangel Landa (UNAM, ethnobotanique), N. Johnson (CIESAS, anthropologie) et E. Adamou (CNRS, syntaxe et phénomènes discursifs).

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2009)

Lieu : Méso-Amérique, Mexique, Mixteca Alta – Langue : ixcatèque

Femme ixcatèque tressant un chapeau de palme, Santa Maria Ixcatlán, Mexique

L’ixcatèque est une langue otomangue en voie de disparition. Elle est actuellement parlée par une dizaine de personnes nées entre 1920 et 1950 vivant dans la municipalité de Santa María Ixcatlán. La municipalité compte aujourd’hui environ 400 personnes et rien ne permet de deviner qu’avant l’arrivée des Espagnols Ixcatlán était un centre important de la zone mixtèque. Lorsqu’en 1522 Ixcatlán passe sous domination espagnole, la population s’élève à 10 000 personnes (Hironymous 2007). Dans les cinquante années suivantes elle est réduite à environ 1200 personnes, déclin qui s’est encore accentué par la suite. La cause probable de cette brutale diminution de la population, outre les maladies importées, est le travail forcé dans les mines qui a provoqué de nombreuses morts et la fuite des populations.
Actuellement, les habitants de Santa María Ixcatlán pratiquent essentiellement une agriculture vivrière et font de l’élevage. La source principale de revenu pour les familles est la fabrication et la vente de chapeaux de palme (voir la photo), une production qui selon les témoignages anciens remonte à l’époque précolombienne, information citée également dans les Relaciones geograficas de 1579 et de 1778 (Hironymous 2007).

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2010)

Lieu : Méso-Amérique, Mexique, Etat de Oaxaca, Santa María Ixcatlán – Langue : ixcatèque

La Fiesta de los Muertos, Santa María Ixcatlán, Mexique

La fête des morts, Fiesta de los Muertos, est probablement la fête religieuse la plus importante du Mexique. Les Mexicains qui sont partis travailler dans les grandes villes, reviennent à cette occasion dans leur village afin de se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres. À Santa María Ixcatlàn, les familles se retrouvent au cimetière du village pendant plusieurs heures, le 1er novembre, au coucher du soleil, et le 2 novembre, au lever et au coucher du soleil. Si les ornements des tombes ne sont pas impressionnants, c’est parce que dans chaque maison on dresse des autels pour les morts de la famille; ceux-ci sont décorés de fleurs et de guirlandes, et abondent en fruits, sucreries et boissons. Pendant les trois nuits de la fête – la veille et le jour de la Toussaint, ainsi que le Jour des morts –, les jeunes hommes du village partent sur la montagne chercher un tronc d’arbre qui sera brûlé devant l’église, clôturant ainsi la Fiesta de los Muertos.

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2010)

Lieu : Méso-Amérique, Mexique, Etat de Oaxaca, Santa María Ixcatlán – Langue : ixcatèque

Enseignement de l'ixcatèque à Santa María Ixcatláan, Mexique

L’ixcatèque est parmi les langues les plus menacées du Mexique avec à peine une dizaine de locuteurs. Un programme de documentation de cette langue otomangue est en cours depuis 2010 grâce à un financement HRELP-ELDP. Ce programme a été favorablement accueilli par la présidence et l’assemblée du village. Par ailleurs, la présidence a organisé l’enseignement de l’ixcatèque, soutenu par la Fondation Harp Hélu, par le SAI (Secretaría de Asuntos Indígenas) de l’état de Oaxaca et la CDI (Comisión Nacional para el Desarrollo de los Pueblos Indígenas). Depuis septembre 2011, l’enseignement de l’ixcatèque a été introduit dans les écoles maternelle, primaire et secondaire du village de Santa Maria Ixcatlán. Les cours, à raison de trois fois par semaine, sont complètement intégrés au cursus scolaire. Les séances, d’une heure chacune, combinent l’enseignement oral de la langue par les derniers locuteurs de l’ixcatèque et son écriture par les enseignants de l’école. La collaboration des maîtres d’écoles à ce projet d’enseignement de l’ixcatèque est certainement l’une des raisons du succès que les cours rencontrent auprès de la population.
En effet, au début des années 2000, un essai d’enseignement de la langue avait été entrepris, en dehors des heures d’école, avec rétribution des élèves pour leur participation. Si ce projet n’a pas rencontré le succès espéré, il semblerait qu’aujourd’hui les maîtres d’école comme les communautés indigènes soient devenus plus sensibles à la valeur du patrimoine linguistique mexicain, suite à un travail de longue haleine mené par les diverses organisations.

© Evangelia Adamou (CNRS-LACITO, 2011)

Lieu : Méso-Amérique, Mexique, Etat de Oaxaca, Santa María Ixcatlán – Langue : ixcatèque