La recherche au Lacito

Programmes en partenariat (passés)

Vers une typologie des modalités

Coordinateurs :Z. Guentchéva – J. Landaburu(jusqu’en janvier 2007)
(cf. aussi sur le site de la Fédération de Typologie)

Participants

  • Lacito : I. Bril  I. Choi-Jonin  V. de Colombel  A. Daladier – M. Dunham (jusqu’en 2008) – M.M.J. Fernandez-Vest – A. François – Z. Guentchéva – C. Moyse-Faurie – S. Naïm – M. Petrovic-Rignault – C. Pilot-Raichoor – C. Taine-Cheikh – N. Tournadre – E. Valma – A. Vittrant
    et doctorants : L. Bellahsene – E. Del Bon (jusqu’en 2007) – G. Oisel (jusqu’en 2008)
  • Celia : L. Goury (jusqu’en janvier 2005) – J. Landaburu (jusqu’en janvier 2007) – O. Lescure (jusqu’en janvier 2005) – M.-F. Patte (jusqu’en janvier 2005)
  • DDL : A. Guillaume (jusqu’en 2006)
  • Collaborations nationales (hors Fédération) : G. Authier (Inalco) – B. Gorgatchev (Université Paris 13 – LALIC) – A. Celle (université Paris 7) – V. Vapnarsky (EREA-CNRS) – A. Vinzerich (université Paris-Sorbonne)
  • Collaborations internationales : C. Bert (université d’Anvers) – P. Dendale (université d’Anvers) – M. Duval (université de Zurich, jusqu’en 2007) – J. Van der Auwera (université d’Anvers)

Séminaires et journées d’études “Modalités”

Les diverses représentations que nous nous forgeons de la modalité sont essentielles à nos activités cognitives. Incontournable pour la plupart des domaines impliqués, la modalité joue un rôle essentiel dans nos capacités linguistiques, comme le montrent l’importance et la diversité de marqueurs grammaticaux que l’on peut recenser à travers les langues. En effet, la modalité se manifeste au moyen de verbes modaux (devoir, pouvoir, vouloir…), d’auxiliaires, de verbes sériels grammaticalisés, de l’opposition affirmation/négation, de l’interrogation, de l’exclamation, de l’injonction, des subordonnées hypothétiques (éventuel, potentiel, irréel ou contre-factuel), ou encore par les degrés de vérité que l’énonciateur accorde à son énoncé (croyance, doute).

En linguistique, on s’accorde généralement à définir la modalité comme un domaine sémantique qui englobe un ensemble de valeurs (jussive, désirative, éventuelle, hypothétique, probable, possible, nécessaire…) exprimant l’opinion, l’attitude ou le jugement de l’énonciateur par rapport au contenu propositionnel de l’énoncé. Dans les descriptions des langues, on recourt à une multitude de termes comme “déontique”, “épistémique”, “aléthique”, “nécessaire”, “probable”, “possible”, “actuel”, “non-actuel”… Or, souvent, ces termes ne sont pas bien définis ou la définition qui en est donnée varie selon les auteurs, ce qui ne permet pas une véritable comparaison inter-langues.

Le domaine modal est traditionnellement divisé en deux sous-domaines (on a alors recours à des paraphrases avec “nécessaire” et/ou “possible”) : le déontique, qui englobe l’obligation et la permission et l’épistémique qui s’applique à la possibilité. L’opposition entre déontique et épistémique se révèle cependant insuffisante compte tenu de la complexité des phénomènes modaux.

La quête d’invariants linguistiques a conduit certains linguistes à une tripartition du champ sémantique modal. Certains retiennent une tripartition en déontique, aléthique et épistémique ; d’autres distinguent la modalité orientée vers l’agent (qui inclut la modalité déontique) laquelle exprime les différentes propriétés le concernant (capacité, obligation, intention, permission…), la modalité épistémique qui exprime l’engagement de l’énonciateur par rapport à la vérité de l’énoncé et la modalité énonciative qui sert à indiquer, dans un acte énonciatif, l’implication de l’énonciateur (impératif, optatif, permissif).

L’objectif du projet est de contribuer à l’établissement d’une typologie des modalités en confrontant des données recueillies dans des langues aussi diverses que possible. Mais ce projet comporte des difficultés de réalisation dans la mesure où les données à l’intérieur d’une langue particulière sont extrêmement variées, que les expressions linguistiques sont presque toujours polysémiques et que les notions associées à la modalité sont d’une grande complexité et pas toujours clairement définies. Il s’agit donc d’une typologie sémantique, “ce qui suppose que les phénomènes envisagés sont vus indépendamment des catégories syntaxiques qui les enfermeront dans une langue particulière”.

On se propose de procéder par étapes, comme suit :

1. A partir de travaux existants, on s’interrogera sur la pertinence des notions proposées à l’intérieur d’un cadre théorique. On examinera, par exemple, la validité des propriétés telles que force, événement effectué par un agent, événement dynamique… que B. Heine retient pour l’expression de la possibilité dans l’étude des modaux de l’allemand.

2. On essaiera d’analyser les différentes valeurs que l’on peut associer aux marqueurs modaux et de dégager les primitives sémantiques qui entrent dans leur composition. On étudiera les conditions syntaxiques et pragmatiques qui contribuent à l’expression des valeurs sémantiques d’un marqueur modal et comment ces différentes valeurs s’organisent entre elles ; on s’interrogera sur la possibilité de les relier dans un réseau et de construire, le cas échéant, des cartes mentales.

3. Parmi les problèmes étudiés figureront la distinction realis / irrealis, l’imbrication et l’interaction entre valeurs modales et valeurs aspecto-temporelles, l’interaction entre valeurs modales et catégorie de la personne.

 

Journées d’étude et exposés :

  • Journée d’étude VI du 27 janvier 201, de 9h45 à 17h30
    Campus de Villejuif, bât. D, RdC, salle de Conférences
    Exposés de :
    Hans KRONNING (Université d’Uppsala) – Le conditionnel épistémique : propriétés et fonctions discursives
    Ingmar SOHRMAN (Université de Göteborg) – Les modalités dans le plus-que-parfait
    Anna BONOLA (Université catholique de Milan) – Epistemic markers as textual connectors in Russian and Italian: an application of Congruity theory
    Alain PEYRAUBE (CRLAO-CNRS, EHESS) – Etude des verbes auxiliaires modaux épistémiques en chinois : approches synchronique et diachronique
    Bernard CARON (LLACAN-CNRS) – Modalités assertives et évidentiel en zaar, langue tchadique du Nigeria
    Programme en pdf.
  • Journée d’étude V du 26 novembre 2010
    Exposés de :
    Lilia SCHÜRCKS (Université de Potsdam) – Syntactic Means of Expressing Epistemic Modality and Their Relevance for Information Structure
    Anastasios TSANGALIDIS (Aristotle University of Thessaloniki) – Types of Modality in Greek and Elsewhere
    Sanda REINHEIMER RIPEANU (Université de Bucarest) – Futur et/ou présomptif en roumain
    Marijana PETROVIC (LACITO – CNRS, Université de Nantes) – De l’épistémique en valaque
    Francesc QUEIXALOS (CELIA – SeDyl, CNRS) – Subduction et grammaticalisation de la modalité en sikuani
    Programme en pdf. Résumés en pdf.
  • Journée d’étude IV du 7 mai 2010
    Exposés de :

Peter KOSTA (Université de Potsdam) – Les moyens d’expressions et les fonctions de la modalité épistemique dans les langues slaves du sud et du nord
L’Evidentialité est liée étroitement à deux moments : d’une part à la référence concernant la source de l’information et, d’autre part, à l’attitude épistémique du locuteur. Dans ce sens, il apparaît justifié de considérer l‘Evidentialité comme un phénomène déictique en tenant compte des éléments du contexte extralinguistique, c’est-à-dire de la source de l’information et du locuteur qui y a accès.
Des travaux antérieurs (par exemple, Jakobson 1957, Schlichter 1986, Frawley 1992, Volkmann 2005) ont déjà fait apparaître le caractère déictique de l’Evidentialité. Par deixis, on entend un mécanisme spécifique de ‘Referentialité’ qui renvoie au contexte et produit une relation avec l’ ‘ego hic nunc‘.
Si l’on prend en considération les catégories que Frawley (1992) propose pour une classification déictique du domaine épistémique (le centre déictique : ego ou alter, la Directionalité : en partant de X, pour arriver à X), les quatre sous-catégories qui en résultent, sont : 1) (Inférence) en partant du ‘ego’ ; 2) en avançant vers ‘ego’ (Echelle de perception visuelle, auditif, l’autre sens) ; 3) en partant du ‘alter’ (la citation, la communication, le bruit …) ; 4) en avançant vers l”alter’ (l’un jusqu’à tous les interlocuteurs possibles) (cf. Wachtmeister Bermúdez en 2006 : 25-26).
En reconnaissant le caractère déictique de l’Evidentialité d’une langue nous donne une base pour faire la distinction entre l’Evidentialité et la Modalité épistémique. La deixis implique une « perspectivisation (all. Perspektivierung) du point de vue du locuteur », dont les co-locuteurs, en partant de leurs propres positions discursives, doivent réinterpréter. La notion de perspectivisation implicite nous permet, avec le concept de deixis, de distinguer la modalité épistémique et l’Evidentialité.
Björn WIEMER (Université Johannes-Gutenberg, Mainz) – Disentangling evidentiality and epistemic modality once more, this time to Slavic
The title of my talk contains a quote from Squartini (2004). On the basis of an analysis of different forms of MUST + infinitive and of the conditional in French, Italian and Spanish, he observed that in these constructions a reportive value clusters with different values from the epistemic gradient. This analysis allowed him to conclude that epistemic modality and evidentiality, in particular reportiveness, are independent dimensions, „even in languages where they are closely intertwined“.
My talk takes up this issue, mainly by showing that Squartini’s approach of separating values of closely related domains can be applied to functional words (i.e. lexical units), too (cf. already Wiemer 2006, 2008). Simultaneously I want to reask the stubborn question of what kind of relationship we are to assume between epistemic modality and evidentiality. From the empirical point of view, my argument will be backed mainly by data from some Slavic languages and from Lithuanian.
The talk will be structured as follows: first, I am going to classify and assess ways in which the relationship between evidentiality and epistemic modality has hitherto been described, either explicitly or implicitly. In this connection I will also have a say on a distinction between semantically inherent and pragmatically inferred parts of meaning. Second, I want to demonstrate how selected case studies from Slavic and Lithuanian can shed additional light on the task once formulated by Squartini and now reformulated for the purpose of the announced talk. Third, by using an array of data and analyses already known and from ongoing research I intend to show that this task does not depend on whether we are examining grammatical forms, constructions or lexical units. The explanation seems to be straightforward: it resides in the common conceptual relation between epistemic and evidential components of meaning carried by linguistic units regardless of their format and status on a lexicon—grammar cline. Fourth, I want to attempt to give an explanation for the observation made occasionally that within evidentiality diachronic development often occurs in the direction from inferential toward reportive function, but not the other way round.
References
Squartini, M. (2004): Disentangling evidentiality and epistemic modality in Romance. Lingua 114, 873-895.
Wiemer, B. (2006): Particles, parentheticals, conjunctions and prepositions as evidentiality markers in contemporary Polish (A first exploratory study). Studies in Polish Linguistics 3, 5-67.
Wiemer, B. (2008): Pokazateli s citativnoj i inferentivnoj funkcijami v russkom i pol’skom jazykach – kommunikativnye mechanizmy semantičeskogo sdviga. In: Wiemer, B., Plungjan, V.A. (eds.): Lexikalische Evidenzialitätsmarker im Slavischen, 337-378. (= Wiener Slawistischer Almanach, Sonderband 72.)
Brenda LACA (Université Paris 8 – SFL du CNRS) – Lectures épistémiques et ancrage temporel
Certaines incompatibilités bien connues entre morphologie temporelle et interprétations épistémiques des verbes modaux peuvent être expliquées soit dans un cadre syntaxique, en supposant que les opérateurs épistémiques occupent nécessairement des positions supérieures aux opérateurs temporels (Cinque 1999, Stowell 2004), soit dans un cadre sémantico-pragmatique, en supposant que les lectures épistémiques exigent la simultanéité entre le temps d’évaluation modale et le “maintenant” d’un sujet de conscience (Boorgart 2005, Papafragou 2005). Du point de vue de l’interface syntaxe-sémantique, ces hypothèses posent des problèmes de compositionnalité importants (Stowell 2004, Demirdache & Uribe-Etxeberria 2006). Nous poursuivons ici une suggestion récente de A. Kratzer, selon laquelle le temps dans la lecture épistémique peut localiser ou restreindre la base modale (l’ensemble de situations sur lesquelles se fonde l’inférence épistémique), afin de rendre compte des distributions possibles dans des langues à morphologie temporo-aspectuelle riche.
Djamel KOULOUGHLI (Histoire des Théories Linguistiques – CNRS) – Du certain au possible : la particule qad dans la tradition grammaticale arabe
En arabe écrit, la particule préverbale qad a un fonctionnement peu banal puisque, devant un verbe à conjugaison suffixale (“l’accompli” des arabisants) elle apporte généralement une valeur de “certain”, alors que devant un verbe à conjugaison préfixale (“l’inaccompli” des arabisants) elle apporte plutôt une valeur de “possible”. Après une rapide présentation des valeurs les plus caractéristiques des deux paradigmes verbaux fondamentaux de l’arabe, destinée à ceux qui ne sont pas familiers avec cette langue, on présentera les données utilisées par la tradition grammaticale arabe (TGA) pour illustrer les valeurs typiquement introduites par la particule préverbale qad. On présentera ensuite les diverses explications proposées par les représentants les plus influents de la TGA pour rendre compte de ces valeurs. On se demandera, pour conclure, ce que ces explications peuvent apporter à la réflexion linguistique moderne.
Bridget COPLEY ( ‘Structures formelles du langage’ – Paris 8) – An unusual, yet ordinary, modal (Tohono O’odham, langues Uto-Aztèque)
The particle cem in Tohono O’odham (an Uto-Aztecan language spoken in Arizona) seems to have two meanings: non-continuation of a state, and unachieved-goal. I will first reconcile these two meanings, arguing that cem contributes a presupposition that things have not turned out “normally”, and these two meanings have to do with how “normally” is understood. Secondly, I will place cem in a cross-linguistic context, arguing that cem is only minimally different from certain other familiar modals.

  • Journée d’étude III du 11 juin 2009
    exposés de :
    Michael HERSLUND (Université de Copenhague) – La modalité épistémique et la tripartition de la phrase – l’exemple des verbes modaux du danois
    Claude RIVIÈRE (Charles 5 – Université Paris 7) – La modalité épistémique en anglais : un système cohérent?
    Samia NAÏM (LACITO – UMR 7107, CNRS) – Emplois modaux de la particule gad en arabe dialectal
    Daniel PETIT (ENS) – Médiatif, négation et comparaison en lituanien
    Nicole RIVIÈRE (Université Paris 7) – Quelques contextes de flottement entre interprétation épistémique et interprétation radicale en français.
    Martine VANHOVE (LLACAN – UMR 8135, CNRS), en collaboration avec Catherine Miller (IREMAM, Aix-en-Provence) et Dominique Caubet (INALCO) – La grammaticalisation des auxiliaires modaux épistémiques en maltais et dans quelques vernaculaires arabes
  • 12 février 2009, exposé de Elena Kalinina (allocataire d’une bourse post-doctorale MSH au Lacito) – L’expression de la modalité dans les phrases finies avec des formes verbales non-finies : la typologie et le cas de l’infinitif russe
  • Journée d’étude II du 17 avril 2008
    Exposés de :
    Axel HOLVOET (Université de Vilnius, Lituanie) – Modalité épistémique et médiatif : le témoignage du balte
    Kasper BOYE (Université de Copenhague, Danemark) – Epistemicity and the relation between evidentiality and epistemic modality
    Jan NUYTS (Université d’Anvers, Belgique) – On deontic modality, directivity and mood: The case of Dutch ‘mogen’ (‘may’) and ‘moeten’ (‘must’)
    Lionel DUFAYE (Charles V – Université Paris 7) – Opérations modales, valeurs modales et modélisation
  • Journée d’étude I du 14 juin 2007
    Exposés de :
    Mario SQUARTINI
     (université de Torino, Italie) – Evidentials or epistemic-evidentials in Romance?
    Paola PIETRANDREA (université Roma 3, Italie) – La modalité épistémique. Les frontières d’une catégorie
    Agnès CELLE (université Paris 7) – Comparaison du conditionnel de non prise en charge en français et de ses équivalents en anglais
    Anne DALADIER  Négation-TAM en war de Kudeng. Est ce un trait typologique ?
    Guillaume OISEL (Lacito – CNRS) – Les modalités de source, d’accès, de validation et de prise en charge de l’information dans une langue tibétique
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