Langues du Pacifique
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Table des matières
- Austronésiennes
- Taïwan : Amis
- Indonésie : Kei – Kola – Totoli – Ujir
- Timor Oriental : Kemak – Tokodede
- Îles Salomon : Lovono – Tanema – Teanu – nalögo
- Vanuatu: Araki – Big Bay – Bislama – Dorig – Hiw – Koro – Lakon – Lemerig – Lorethiakarkar – Lo-Toga – Mwerlap – Mwesen – Mwotlap – Nkep – Nethalp – Nume – Olrat – Sakao – Sungwadia – Tholp – Tolomako – Vera’a – Volow – Vures – Wanohe
- Nouvelle-Calédonie : Bwatoo – Cèmuhî – Drehu – Drubea – Fwâi – Hamea – Iaai – Jawe – Kwényïï – Nêlêmwa & Nixumwak – Nemi – Numèè – Nyelâyu – Paicî – Pije – fagauvea – Xârâcùù – Xârâgurè – Yuanga & Zuanga
- Polynésie : Balinese – futunien – wallisien – marquisien – tagalog – tahitien – tikopien
- Non-austronésiennes (« papoues »)
- Indonésie : Kamang – Nedebang – Wersing
- Timor Oriental : Bunaq
- Papouasie Nouvelle Guinée : Angaataha – Eipo – kibírí – Kosarek – Mian – Papuan Malay – Tuwari – Walak – Yali
Présentation détaillée
Familles et aires de langues
- Langues austronésiennes et non-austronésiennes du Pacifique oriental
- Les langues austronésiennes de Formose
- Nouvelle-Guinée et Wallacea
- Langues océaniennes
- Nouvelle-Calédonie
- Vanuatu
- Îles Salomon
- Polynésie
Carte des langues du Pacifique étudiées au LACITO
(voir ici pour une explication des symboles)
La Nouvelle-Guinée et Wallacea
L’île de Nouvelle-Guinée est divisée, politiquement, en deux moitiés: à l’est, le pays indépendant de Papouasie Nouvelle-Guinée (PNG) ; à l’ouest, une région qui appartient à l’Indonésie, et porte divers noms (Papua, Papouasie de l’Ouest, Irian Jaya, Nouvelle-Guinée occidentale). Plus de mille langues sont parlées dans cette grande région ; certaines austronésiennes, d’autres non-austronésiennes.
Plusieurs langues austronésiennes parlées à l’ouest de la Nouvelle-Guinée appartiennent à la branche du malayo-polynésien central (CMP) de l’austronésien. Un de nos membres, Antoinette Schapper, étudie cinq langues CMP dans cette région : kei, kola, et ujir; kemak, tokodede.
Quant aux langues non- (ou pré-) austronésiennes de la région, elles sont souvent dénommées les langues papoues, même si elles entrent en réalité dans diverses familles généalogiques. En 2017, le LACITO était rejoint par trois nouveaux membres travaillant sur ces langues : Sylvain Loiseau (qui étudie le tuwari), et Sebastian Fedden (le mian), les deux faisant du terrain en Papouasie Nouvelle-Guinée. Quant à Antoinette Schapper, elle étudie non seulement les langues austronésiennes déjà mentionnées, mais aussi plusieurs langues papoues — plus précisément, les langues de la famille timor-alor-pantar.
Fedden, Sebastian, 2011. A grammar of Mian. Mouton Grammar Library, 55. Berlin: Walter de Gruyter.
Schapper, Antoinette (ed.) 2017. Contact and substrate in the languages of Wallacea. (NUSA: Linguistic studies of languages in and around Indonesia, vol. 62.)
Schapper, Antoinette (ed.), 2014. The Papuan Languages of Timor, Alor and Pantar: Volume 1: Sketch Grammars. Vol. 644. Walter de Gruyter GmbH & Co KG.
Schapper, Antoinette (ed.), 2017. The Papuan Languages of Timor, Alor and Pantar: Volume 2: Sketch Grammars. Vol. 655. Walter de Gruyter GmbH & Co KG.
Langues océaniennes
Les langues océaniennes, sous-groupe de la famille austronésienne, forment un ensemble cohérent à la fois géographiquement et génétiquement.
Depuis plusieurs décennies, les linguistes du LACITO ont entrepris de décrire plusieurs langues océaniennes – soit sous la forme d’articles présentant des données inédites, soit sous la forme de monographies. Ces publications incluent des grammaires, des dictionnaires, des atlas linguistiques :
BRIL Isabelle, 2000, Dictionnaire nêlêmwa-français-anglais, Louvain-Paris, Peeters (SELAF LCP 14), 510 p. (présenté ici)
FRANÇOIS Alexandre, 2002, Araki: A disappearing language of Vanuatu, Canberra, Université Nationale Australienne (Pacific Linguistics 522), 375 p. (présenté ici)
BRIL Isabelle, 2002, Le nêlêmwa (Nouvelle-Calédonie) : Analyse syntaxique et sémantique, Louvain-Paris, Peeters (SELAF LCP 16), 528 p. (présenté ici)
FRANÇOIS Alexandre, 2003, La sémantique du prédicat en mwotlap (Vanuatu), Louvain, Peeters (coll. Linguistique de la Société de Linguistique de Paris, 84), 408 p. (présenté ici)
CHARPENTIER Jean-Michel et Alexandre FRANÇOIS, 2015, Atlas linguistique de la Polynésie française / Linguistic Atlas of French Polynesia, Berlin-Papeete, De Gruyter–UPF,, 2562 p., 2553 cartes. (présenté ici)
HENRI Agnès, 2011, Le sungwadia. Éléments de description d’une langue du Vanuatu), Louvain, Peeters (Collection linguistique de la Société de Linguistique de Paris 97), 463 p. (présenté ici)
Nos recherches océanistes se déploient sur deux aires linguistiques principales : la Mélanesie insulaire (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, îles Salomon) et la Polynésie.
Nouvelle Calédonie
En Mélanésie, une région en particulier a toujours été la spécialité du LaCiTO : il s’agit de la Nouvelle Calédonie, territoire français d’outre-mer où sont parlées pas moins de 28 langues – dites langues kanak. Comme le montre la carte, un grand nombre de ces langues ont été étudiées et documentées par nos équipes, en commençant par le travail pionnier de Françoise Ozanne-Rivierre (1942-2007) et Jean-Claude Rivierre (1938-2018).
Plus récemment, le travail descriptif sur les langues kanak a pris la forme de « Dictionnaires comparatifs et thématiques des langues du nord de la Grande Terre », un programme de recherche (2005-2010) établi conjointement par le LaCiTO et la province nord de la Nouvelle Calédonie. Trois langues étaient concernées :
- Yuanga ou Zuanga (I. Bril)
- Hamea (C. Moyse-Faurie)
- Hmwaeke-hmwaveke (†J.-C. Rivierre)
Plusieurs doctorants ont travaillé sur des langues de Nouvelle Calédonie ces dernières années :
- Suzie Bearune: L’expression linguistique de l’espace en nengone (Maré, Îles Loyauté) [→2012]
- Anne-Laure Dotte: Aménagement terminologique des langues minoritaires: application au iaai (Ouvéa, Îles Loyauté) [→2013]
- Alek Djoupa: Analyse syntaxique et sémantique du fagauvea (Ouvéa, îles Loyauté, Nouvelle-Calédonie) (West Uvea, Loyalty Is.) [→2013]
- Fabrice Wacalie: Description morpho-syntaxique du nââ numèè, Yaté [→2013]
- Aurélie Cauchard: A study of space in Caac, an Oceanic language spoken in the north of New Caledonia [→2014]
Vanuatu
Situé plus au nord, l’archipel du Vanuatu – anciennement Nouvelles-Hébrides – abrite la plus grande densité linguistique au monde, avec un total de 138 langues (François et al. 2015).
Le travail d’Alexandre François se concentre sur la région nord (Îles Torres & Banks), où sont parlées 17 langues différentes. Ses publications incluent des articles de description, des études historiques, mais aussi le travail théorique inspiré de son expérience de terrain au Vanuatu. Ses enregistrements de terrain sont archivés en ligne dans la Collection Pangloss. On peut également trouver ici son dictionnaire de la langue mwotlap.
En 2015, A. François a co-édité un volume sur les langues du Vanuatu, paru en libre accès.
Agnès Henri a décrit le sun̄wadia (lien), la langue du nord de Maewo. Elle a aussi fait du terrain sur le sun̄wadaga sur la même île, et sur le mwerlap plus au nord.
Benjamin Touati, pour sa part, s’est intéressé au sakao (Nord-est Santo (Île Santo)
Îles Salomon
Plus loin au nord se trouvent les Îles Salomon, actuellement au cœur de débats archéologiques et historiques. Les Îles Santa Cruz hébergent une douzaine de langues, à la fois très diverses et peu connues.
Alex François a exploré trois langues en particulier, qui sont toujours parlées sur l’île de Vanikoro : le teanu (voir son dictionnaire en ligne), ainsi que le lovono (3 locuteurs) et le tanema (1 locuteurs). Une grammaire du teanu est en préparation.
Thèse :
Valentina Alfarano : Grammaire du nalögo, parlé sur l’île Santa Cruz (direction I. Bril, A. Naess). Soutenue en 2021.
Polynésie
Enfin, une branche importante de la famille océanienne est celle des langues polynésiennes.
C. Moyse-Faurie étudie notamment le wallisien et le futunien, les deux langues parlées à Wallis & Futuna. Elle a publié en 2016 une grammaire de la langue wallisienne (présentée ici).
Deux membres du LaCiTO, †Jean-Michel Charpentier et Alex François, ont co-écrit en 2015 un important Atlas linguistique de la Polynésie française. Ce travail de référence, paru en libre accès, consiste en 2265 cartes couvrant 20 différentes variétés de langues de la Polynésie française, révélant ainsi la diversité linguistique de ce lointain territoire.
Thèses soutenues :
- Claude Teriierooiterai, Mythes, astronomie, découpage du temps et navigation traditionnelle : l’héritage océanien contenu dans les mots de la langue tahitienne [2013]
- Paul Horley: Analyse de l’écriture rongorongo dans le contexte culturel de Rapa Nui (Île de Pâques) (direction I. Bril, K. Podzniakov) [2021]
Linguistique comparative et reconstruction historique
Historiquement, les langues océaniennes partagent un ancêtre commun, le proto-océanien. Archéologues et linguistes s’accordent à dire que le proto-océanien était la langue parlée par la fameuse civilisation Lapita, dont l’expansion à travers l’Océan Pacifique commença il y a environ 3500 ans.
La linguistique comparée permet de mieux reconstituer le peuplement du Pacifique, même si de nombreux points demeurent à éclaircir. Le travail des linguistes est donc utile aux archéologues, historiens et généticiens. Mais la linguistique historique est aussi utile pour comprendre le langage lui-même, car elle contribue à une meilleure compréhension du changement linguistique.
• Changement phonologique
• Évolution des constructions syntaxiques
• Changement sémantique dans le lexique
L’écologie linguistique au nord du Vanuatu, avec sa densité record en nombre de langues (17 langues pour 9400 habitants), constitue un terrain fertile d’investigation pour reconstruire les processus historiques de diversification linguistique. Ces phénomènes ont donné à A. François, avec Siva Kalyan (ANU), l’idée d’un modèle inspiré de la Théorie des Ondes (Wellentheorie) pour rendre compte de la généalogie des langues. Cette nouvelle approche, appelée Glottométrie historique, permet de représenter l’accumulation, dans une aire donnée, des différentes innovations linguistiques au cours du temps.
Contributions des langues du Pacifique à la typologie linguistique
Les langues du Pacifique contribuent régulièrement aux réflexions collectives en typologie linguistique et en linguistique générale.
Au cours des dernières années, nos articles scientifiques et interventions dans des colloques ont notamment abordé les domaines suivants (see individual researchers’ pages for their bibliography, by clicking on their names on top of this page) :
- Phonologie, phonotactique
- Morphologie du nombre, systèmes pronominaux
- Morphologie des classes et des systèmes de genre
- Temps, Aspect, Mode
- Valence, voix, systèmes d’alignement
- Systèmes spatiaux, déixis et directionnels
- Parties du discours, flexibilité lexicale et grammaticale
- Subordination et relations interpropositionnelles
- Structure informationnelle et prosodie
- Effets du contact de langues sur la grammaire et le lexique
Outre nos articles scientifiques, nous ne mentionnerons ici que quelques volumes collectifs, édités par des membres de notre équipe Pacifique, et présentant un intérêt pour les spécialistes d’autres familles de langues.
Isabelle Bril & Françoise Ozanne-Rivierre Editors. July 2004. Complex Predicates in Oceanic Languages. Berlin New York: Mouton de Gruyter, Empirical Approaches to Language Typology 29, 398 p. ISBN 3-11-018188-6. (présenté ici)
Bril Isabelle (ed.), 2010, Clause Linking and Clause Hierarchy: Syntax and pragmatics, Amsterdam/ Philadelphia, Benjamins (Studies in Language Companion Series 121), VIII-632 p.(présenté ici)
2011, Moyse-Faurie Claire & Sabel Joachim (eds), Topics in Oceanic Morphosyntax, Mouton de Gruyter (Trends in Linguistics. Studies and Monographs 239), 344 p. (présenté ici)
Fedden Sebastian, Audring Jenny & Corbett Greville G. (eds), 2018, Non-canonical gender systems, Oxford: Oxford University Press, 304 p. (présenté ici)
Arts de la parole
Les linguistes du LACITO transforment régulièrement leurs données de terrain en un corpus linguistique archivé. Ces corpus consistent souvent en histoires issues de la tradition orale — histoires précieuses non seulement pour leur contenu linguistique, mais aussi pour leur intérêt anthropologique, et leur valeur inhérente aux yeux des communautés elles-mêmes.
Nos archives audio se trouvent toutes dans la Collection Pangloss développée au LACITO, en accès libre. Elles réunissent des centaines d’enregistrements audio dans plus de quarante langues différentes.
Musique et poésie
De 2004 à 2007, Alexandre François a mis en œuvre un projet ANR interdisciplinaire pour la documentation et description des formes musicales et de la poésie chantée au Vanuatu. Il a ainsi fait équipe avec Monika Stern, ethnomusicologue (désormais au CREDO), et Éric Wittersheim, anthropologue (IRIS).
FRANCOIS Alexandre & Monika STERN, 2013. Musiques du Vanuatu: Fêtes et Mystères – Music of Vanuatu: Celebrations and Mysteries. Enregistrements musicaux (Label INÉDIT). Paris: Maison des Cultures du Monde. 1 CD W 260147 SC848. CD: 73’39”, avec livret explicatif (24 + 128 pp.).
Ce travail d’équipe a donné lieu à un film documentaire de 60 min., Le Salaire du Poète (2009) ; suivi par un CD de 2013 réunissant nos 41 meilleurs enregistrements de terrain. Outre la description et l’analyse de la pratique musicale, le livre bilingue publié avec le CD contenait la traduction, en français et en anglais, des poèmes chantés dans les pièces musicales du disque.
Bensa A. & Isabelle Leblic (eds), 2000, En pays kanak. Ethnologie, linguistique, histoire, archéologie en Nouvelle-Calédonie, Paris, Mission du Patrimoine ethnologique/Éd. de la Maison des sciences de l’homme (Ethnologie de la France), 368 p. (présenté ici)
LEBLIC Isabelle (ed.), 2004, De l’adoption : des pratiques de filiation différentes, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal (Anthropologie), 336 p. (présenté ici)
Leblic Isabelle, 2008. Vivre de la mer, vivre avec la terre… en pays kanak. Savoirs et techniques des pêcheurs kanak du sud de la Nouvelle-Calédonie, Paris, Société des Océanistes (Travaux et documents océanistes 1), 288 p., bibliographie, glossaires, index, 600 ill. en n. & bl. et en coul. (présenté ici)
Leblic I. et H. Guiot (eds), 2006, “Spécial Wallis-et-Futuna’, Journal de la Société des Océanistes 122-123, 224 p. (présenté ici)
Journal de la Société des Océanistes 117, “Nouvelle-Calédonie, 150 ans après la prise de possession” (présenté ici)
Les thèses actuelles sur l’anthropologie en Mélanésie incluent les éléments suivants :
- Raymond Tyuienon : Encastrement et émancipation endogène. La société traditionnelle kanak face au changement dans le processus de développement social et économique
- Manon Capo : Voix et voies du passé à Tibarama
- Sandrine Bessis : Souvenir des ancêtres et histoire orale au Vanuatu : les récits de chefferies anciennes en Namakura
Diffusion des connaissances et événements
Données à venir