26 mars 2010, Lacito – CNRS, Villejuif
coord. E. Adamou, F. Jacquesson & C. Taine-Cheikh
Journée dans le cadre de l’opération du Lacito Changement linguistique et écologie sociale, subventionnée par l’université Sorbonne nouvelle – Paris III et le Lacito-CNRS.
Cet atelier, intitulé ‘Population et changement linguistique’, vise à enrichir les connaissances actuelles sur les multiples relations entre la démographie des populations et le rythme du changement. Il y a eu des travaux sur cette question, ou des thématiques proches, depuis l’article d’Haudricourt (1961) “Richesse en phonèmes et richesse en locuteurs” (publié dans le premier numéro de la revue L’Homme, n°1/1: 5-11). Un des articles de Peter Trudgill dans ce domaine a fait l’objet d’un numéro de Linguistic Typology (2004) accompagné par un nombre important d’articles discutant de la validité de son hypothèse. L’article de Trudgill soulignait le rôle de la taille des populations et des réseaux, ainsi que celui du contact vs. isolation, dans le cas très précis du répertoire de phonèmes.
Plus récemment, Wichmann & Holman (2009) ont testé le facteur de la taille de populations en s’appuyant sur la base de données de WALS et ont montré que ce facteur est négligeable comparé aux réseaux communicationnels. Jacquesson (2008) a également soutenu que la densité de populations est un facteur plus pertinent dans le changement linguistique que la taille des communautés et par conséquent admet l’importance des mailles des populations et des réseaux. D’une certaine manière cela rappelle, quoique de manière plus détaillée, l’intuition de Saussure sur l’esprit de clocher et la force d’intercourse.
Page créée le 28 septembre 2009 (màj le 25/03/10)
Programme, titres et résumés – màj 15/03/10
10:00-10:15 | Ouverture par Evangelia Adamou, Lacito-CNRS |
10:15-10:55 |
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10:55-11:05 | Discussion |
11:05-11:20 | Pause café |
11:20-12:00 | Conférencier invité
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12:00-12:10 | Discussion |
12:10-12:50 | Conférencier invité
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12:50-13:00 | Discussion |
13:00-14:30 | Déjeuner |
14:30-15:10 | Conférenciers invités
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15:10-15:20 | Discussion |
15:20-16:00 | Conférencier invité
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16:00-16:10 | Discussion |
16:10-16:30 | Pause café |
16:30-17:10 |
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17:10-17:20 | Discussion finale |
17:20-17:30 | Clôture |
17:30 | Apéritif |
Résumés
Pierre Darlu – Phylogénie et évolution des langues
P. Darlu commentera les derniers travaux de Gray et al. 2009, Atkinson et al. 2008, et Pagel et al. 2007, sur la question de vitesse d’évolution des langues. Il s’appuiera pour cela sur ses propres travaux sur la question.
Références :
– Language Phylogenies Reveal Expansion Pulses and Pauses in Pacific Settlement
R. D. Gray, A. J. Drummond, S. J. Greenhill
SCIENCE VOL 323 23 JANUARY 2009
– Languages Evolve in Punctuational Bursts
Quentin D. Atkinson, Andrew Meade, Chris Venditti, Simon J. Greenhill, Mark Pagel
FEBRUARY 2008 VOL 319 SCIENCE
– Frequency of word-use predicts rates of lexical evolution throughout Indo-European history
Mark Pagel, Quentin D. Atkinson & Andrew Meade
NATURE, Vol 449 11 October 2007
Françoise Guérin – Mouvements de population et changements linguistiques : l’exemple du tchétchène, de l’ingouche et du bats (sur HAL)
Cette communication s’interroge sur les changements linguistiques qui interviennent dans un groupe au sein d’une même communauté linguistique après qu’il y ait eu migration ou partition de la population en raison de faits historiques et géographiques. Pour certains groupes, cela mène à une nouvelle langue alors que pour d’autres l’intercompréhension reste de mise ne donnant que des variantes d’une même langue. L’exemple de l’évolution du tchétchène, de l’ingouche et du bats, membres du groupe nakh, de la branche nakh-daghestanienne de la famille caucasique septentrionale illustrera cette réflexion. Quels sont les types de changements, quelle sorte de facteurs les a motivés, pourquoi telle migration a conduit à la création de la langue bats et pourquoi telle autre a maintenu le tchétchène en l’état ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cette présentation tentera de répondre.
François Jacquesson – Densité de population et vitesse du changement linguistique
Notre propos est de décrire un modèle théorique vraisemblable pour un certain type d’évolution linguistique, où le contrôle social sur l’évolution des parlers s’exerce de façon puissante. A vrai dire, le contrôle social s’exerce toujours de façon puissante, mais il n’est pas toujours facile d’en décrire l’application, d’autant que la plupart des cas qui ont occupé les sociolinguistes sont des cas de contact ou de clivage interne. Ici, nous allons prendre l’exemple d’un gradient de densité de population, et nous concentrer ensuite sur une des extrémités du gradient (voir Jacquesson 2008). Par le critère de « densité de population », nous voulons opposer d’un côté des populations denses, qu’elle soient importantes ou non, et de l’autre les populations très faibles étendues sur de vastes espaces, qu’elles soient au total nombreuses ou non. C’est donc bien la densité qui est en cause, et non l’importance numérique proprement dite.
Références
Jacquesson F., 2008. The speed of language change, typology and history. Languages, speakers and demography in North-East India. In Alicia Sanchez-Mazas, Roger Blench, Malcolm D. Ross, Ilia Peiros, Marie Lin (eds.) Past Human Migrations in East Asia. Marching Archaeology, Linguistics and Genetics. Routledge.
Jacquesson F., 1999, L’évolution des langues dépend-elle de la densité des locuteurs ?, Etudes finno-ougriennes, vol. 31, p. 27-34.
Bertrand Jouve et Florent Hautefeuille – Modélisation des réseaux sociaux des communautés paysannes de fin du Moyen Âge
Àpartir de documents notariés du Moyen Âge, recueillis sur trois siècles (1250-1550) et archivés pour la plupart aux archives départementales du Lot, nous proposons une reconstitution globale des réseaux sociaux de la société paysanne pour cette période. Une organisation apparaît sous forme de communautés interagissantes. Nous tentons de spatialiser ces communautés pour questionner le maillage du territorial géographique. Nous appuierons notre propos sur les données acquises dans le cadre du projet Graphcomp, en les couplant à des observations plus récentes faites sur la spatialisation des patrimoines familiaux autour de finages villageois très précisément documentés (Castelnau-Montratier, Flaugnac, Pern dans le sud du département du Lot).
Peter Trudgill – Social structure and language change
This paper explores aspects of the hypothesis that the distribution of linguistic structures and features over languages is sociolinguistically not entirely random. The suggestion is that there may be a tendency for different types of social environment and social structure to give rise to, or at least be accompanied by, different types of linguistic structure. I will outline facets of this sociolinguistic take on linguistic typology with respect to linguistic change, with a particular focus on changes that might be labelled simplification and complexification. I suggest that linguistic simplification is most likely to occur in social environments of certain types; and that linguistic complexification is most likely to occur against social backgrounds of other, different types.
Søren Wichmann – Language vs. dialect dynamics
Recent research has yielded a number of insights into the question of a relationship between rates of language change and population sizes (Wichmann et al. 2008, Wichmann and Holman 2009). This research, however, has largely begged the question whether the populations studied, either through computer simulations or analyses of empirical data, are to be regarded as constituting different dialects or different languages (or perhaps emerging languages). This is due to the fact that until very recently no useful definition for distinguishing between dialects and languages has been available, and it is even traditionally claimed that it is impossible to make the distinction. Wichmann (in press), however, presents results from computerized lexicostatistical studies suggesting, on the basis of a single language family (Uto-Aztecan), that the statistical frequencies of linguistic distances among pairs of speech varieties have irregular distributions with typical peaks for languages at different degrees of genealogical separation and an identifiable transition from language to dialect.
The present contribution presents additional data from other language families in support of the idea that dialects can be quantitatively distinguished from languages. With this distinction in mind it is possible to rethink interpretations of the results of investigations of language change rates in relation to population sizes.
If – to make an analogy with physical systems – there is a sort of phase transition between dialects and emerging languages then it is expected that the sociological dynamics of linguistic change is different before, during, and after the transition. Moreover, a fragmentation of one language into two implies a similar fragmentation of a speaker population into two, having as a consequence that each of the new populations is smaller than the original one. We may reasonably assume that before such a fragmentation the innovation and spread of language change will have a local character while during the fragmentation changes will tend to issue from a few highly connected individuals (who may additionally be agents in the historical events leading to the formation of the new group). The computer simulations of Wichmann et al. (2008) showed that for a local diffusion model there is no effect of population size on language change rates, whereas in a global model the rate of change decreases as the population size increases. It was unclear to Wichmann et al. (2008) which of the two models is better, but the authors suggested that the local model might be more adequate since their empirical studies of typological language data had shown no appreciable effect of population sizes on language change rates. This inference may be revised if a distinction between dialects and (emerging) languages is made. It may well be that a local diffusion model is adequate for dialects, whereas a global diffusion model is more adequate for an emerging new language. If so, the rate of change in the emerging new language is expected to undergo an abrupt increase followed by a slow decrease to a normal level as the newly formed population gradually increases and linguistic innovation and diffusion again assume a more localized character. Such a model of transition would account for the “bursting” effects observed by Atkinson and Pagel (2008). Moreover, if a similar kind of dynamics is characteristic of an emerging standard variant, then it would explain the observation of Wichmann and Holman (2009) that for closely related language varieties having a difference in speaker populations the larger of the two tends to undergo more changes than the smaller one.
Thus, if it can be established that there is an identifiable transition from a dialect to a distinct new language several otherwise disconnected and sometimes potentially contradictory results regarding population dynamics and language change may be combined in a single, coherent model.
References
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