Séminaire Terrains, Analyse et COmparaison des Langues (TACOL)

La prochaine séance de notre séminaire TACOL aura lieu mardi 20 février 2024 à 14h30, sur place (salle de réunion 311, Campus CNRS de Villejuif) et sur Zoom.

 

Nous aurons le plaisir d’écouter Sauvane AGNES (Sorbonne université).

Titre de la présentation :

“Proximités et distinctions entre ‘noms’ et ‘verbes’ dans les langues algonquiennes : difficultés descriptives et perspectives théoriques générales en synchronie”

Résumé :

Les langues algonquiennes, langues autochtones d’Amérique du Nord, sont décrites comme des langues polysynthétiques où de nombreux morphèmes plus ou moins indépendants interviennent dans des mécanismes de composition et de dérivation complexes, tant dans la formation de verbes que dans la formation de noms ; et cela, à différents niveaux de constituance. Les formes verbales connaissent deux principaux paradigmes (appelés « ordres » dans la littérature algonquiniste) : l’un donne des formes verbales finies ayant une fonction de prédicat syntaxique au sein d’une proposition – le paradigme indépendant -, l’autre – ‘ordre conjonctif’, ou paradigme dépendant – caractérise des formes non-finies du verbe ne pouvant accéder à la fonction de prédicat syntaxique et ayant alors une autre fonction au sein de la proposition (argument, modifieur, complément ou circonstant). Par ailleurs, certaines parties du discours, notamment des adverbes et des noms, peuvent accéder directement à la fonction de prédicat syntaxique, sans l’intermédiaire d’une dérivation ou d’une copule, ce qui atteste du caractère multiprédicatif (cf. Henri 2011) de ces langues. En plus de cet accès commun à certaines fonctions syntaxiques, l’homophonie de plusieurs suffixes verbaux du paradigme indépendant avec les suffixes nominaux de nombre et d’« obviatif » (i.e. un marquage nominal et verbal relevant de l’anaphore différentielle et déterminant en quelque sorte un statut syntaxique oblique pour l’argument ainsi marqué) m’a amenée à questionner l’appropriation d’une véritable distinction nom/verbe dans les langues algonquiennes, en tout cas à suggérer qu’elle puisse être redéfinie sur la base de critères plus pertinents. Cet exposé, s’appuyant principalement sur les données d’une langue algonquienne du Québec, l’innu-aimun, propose de parcourir certains critères permettant de rapprocher ou au contraire de distinguer les ‘noms’ et les ‘verbes’ en innu, et de s’interroger sur les perspectives théoriques susceptibles de décrire au mieux les combinaisons morphosyntaxiques observées dans cette langue.

 

Pour toute demande d’information, merci de contacter Lameen Souag

 
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