La recherche au Lacito

AIRES LINGUISTIQUES DE SPÉCIALITÉ

Dans les langues du monde qui encodent le contraste de définitude, contraste qui est loin d’être universel, le contraste de définitude marque l’opposition entre des références établies et partagées ou non : les entités dont la référence n’est ni établie, ni partagée sont indéfinies.

Les travaux menés dans cette opération de recherche ont une visée comparative et typologique. Selon l’Atlas des langues du monde (WALS), seules 40% des langues ont un article indéfini.
L’un des objectifs sera donc de cerner les types de stratégies, de constructions et de morphèmes mis en œuvre pour exprimer l’indéfini (numéral, quantificateurs, déterminants, noms, pronoms, etc.), et l’existence ou non de pronoms indéfinis (‘quelqu’un, quelque chose, personne, etc.’). Ce faisant, on explorera également l’échelle et les degrés d’indéfinitude, les relations à la spécificité, la généricité, la référence à une entité quelconque d’une classe, ainsi que leur expression morphosyntaxique.
Divers types de corrélations seront explorés :

  • nombre et genre : on sait que le nombre et le genre interagissent étroitement avec l’expression de l’indéfini, opposant par exemple un article indéfini singulier, souvent un numéral ‘un’, à une marque Ø au pluriel.
  • indéfini, mode et modalité : les entités indéfinies non-spécifiques, ou la mention d’entités sans référence certaine, car inconnues ou non testimoniales, sont fréquemment associés au mode irrealis ou à des morphèmes épistémiques.
  • indéfini et valence verbale : l’indéfinitude est susceptible d’affecter la valence verbale et le marquage argumental. Dans certaines langues, les patients indéfinis non spécifiques sont incorporés et n’ont alors pas de statut d’argument, le verbe est alors intransitif ou intransitivé.
  • la relation entre définitude, spécificité et hiérarchie informationnelle : il est bien connu que pour pouvoir être topicalisé, un terme doit être défini, et que d’autres stratégies sont mises en œuvre dans le cas contraire.

Du point de vue diachronique, outre l’origine des morphèmes d’indéfini et les types de grammaticalisation observés, on s’intéressera aux phénomènes de disparition et d’émergence de (nouvelles) marques.

 

Exposés passés

  • Lundi 30 mai 2016 à 14h30 (Lacito, 3e étage, salle 311)
    Exposé d’Evangelia Adamou sur Vers une typologie de l’indéfinitude guidée par les corpus de discours spontané
    Résumé :
    Dans cet exposé je présenterai des possibilités d’analyse de corpus spontanés pour une typologie de l’indéfinitude. Pour illustrer mon propos, je m’appuierai sur l’analyse qualitative et quantitative de trois corpus de langues non-apparentées : l’ixcatèque (famille otomangue, branche popolocane), le nashta (famille indo-européenne, branche slave), et le romani (famille indo-européenne, branche indienne). Les corpus, collectés lors de mes enquêtes de terrain durant ces dix dernières années, ont été annotés avec différents outils de saisie dans le cadre de plusieurs programmes de recherche (ELDP et ANR CORTYPO pour l’ixcatèque, ANR EuroSlav pour le nashta et ANR CLAPOTY pour le romani).
  • 21 mars 2016
    Exposé de Claire Moyse-Faurie sur Les différents types d’articles existant dans quelques langues polynésiennes
    Plan :
    – Articles spécifiques vs non spécifiques : justification de la dénomination par rapport aux articles (in)définis
    – Articles ordinaires vs articles émotionnels
    – Expression de l’indéfinitude
    – Rôle de l’accent dit de « définitude » (tongien, wallisien)
    – Contraintes dans le choix de l’article (prédications d’existence, énoncés interrogatifs, constructions comparatives, nominalisations, etc.)
  • 16 février 2016
    Exposé de Marijana Petrović sur L’indéfini’ en BCMS (bosniaque – croate – monténégrin – serbe)
    Résumé :
    Le BCMS (bosniaque – croate – monténégrin – serbe) est une langue slave du sud, dont le système nominal se compose de sept cas. Mais il ne possède pas d’article. Quels sont alors les moyens d’expression de l’indéfini ? Plusieurs moyens sont employés, dont l’usage, dans des contextes bien précis, du numéral ‘un’ jedan, dans un rôle proche d’un « article ». D’autres déterminants (neki, nekakav, ‘un, certain’) servent aussi à rendre l’indéfini. Par ailleurs, les adjectifs ont deux formes en BCMS, l’une définie, l’autre indéfinie. De plus, certaines prépositions spatiales, en l’occurrence na ‘sur’, et sa ‘de, depuis’ que l’on trouve avec une série de mots tels que planina ‘montagne’ ou selo ‘village’, ont parfois été analysées comme des problèmes touchant à la détermination nominale. Finalement, il faudra observer la place des constituants dans une phrase, car l’opposition du défini et de l’indéfini se joue aussi à travers la structuration informationnelle. Il s’agira donc ici d’un travail d’exploration de l’indéfini en BCMS dont l’expression peut être prise en charge dans le cadre du syntagme nominal certes, mais aussi par l’énoncé entier.
  • 26 janvier 2016
    Exposé de Jean-Pierre Desclés (PR émérite, Université de Paris-Sorbonne ; STIH) sur Une approche non classique de l’indétermination
    Résumé :
    La logique classique traite des indéfinis à l’aide des quantificateurs : l’universel (Un homme (quelconque) a deux jambes) ou l’existentiel (J’ai rencontré un homme lors de ma randonnée solitaire à travers la forêt). Cette analyse n’explique pas, entre autres, la multiplicité des valeurs du signifiant un et sa relation avec le numérique « un ». La notion d’indéfinitude et d’indétermination est fort mal appréhendée par la logique classique (la logique des prédicats du premier ordre) qui considère, depuis Frege et Russell, que l’extension de chaque concept (comme « … être homme »), est en complète dualité avec l’intension (ou compréhension), l’extension étant composée uniquement d’objets existants totalement déterminés. Elle ne permet donc pas de prendre en compte adéquatement des objets inexistants (comme une licorne, un cercle carré... ), des objets totalement indéterminés (Pense à un avion) ou plus ou moins déterminés (Imagine un avion avec deux réacteurs seulement), des objets typiques (Un Alsacien boit de la bière  Tous les Alsaciens boivent de la bière), des objets atypiques (comme un homme unijambiste, qui ne renvoie pas à un être humain « à un degré moindre »…). Pour répondre à ce genre de problèmes, nous construisons, Anca Pascu et moi-même, depuis 1982, une Logique de la Détermination des Objets (LDO). Pour cela, nous associons à chaque concept, son intension et son essence, son extension et son étendue, un objet typique totalement indéterminé, des objets engendrés à partir de l’objet typique par des opérations de détermination (absentes de la logique classique), des objets déterminés par des relatives déterminatives ou restrictives (opposées aux relatives explicatives), des objets totalement déterminés, des objets non existants… Nous pouvons ainsi distinguer le un (quelconque) du un (indéterminé). Cette nouvelle approche, qui renoue, en partie, avec certaines préoccupations de La Logique ou l’art de penser d’Antoine Arnauld, Blaise Pascal et Pierre Nicole (1662)*, propose aux linguistes quelques notions sémantiques qui leur permettraient sans doute de mieux appréhender les problèmes d’indétermination et d’indéfinitude que les langues expriment par des constructions différenciées. Je présenterai les principales notions de cette nouvelle approche qui sera illustrée par des exemples pris principalement en français.
    * Voir Michel Le Guern, Les deux logiques du langage, Paris : Honoré Champion, 2003.
  • 24 novembre 2015
    Exposé de Jean-Pierre Kherlakian sur Quelques universaux diachroniques indo-européens et la typologie des pronoms indéfinis
    Résumé :
    L’étude des langues indo-européennes permet d’observer un certain nombre de constantes dans l’évolution des pronoms indéfinis. On présentera ici ces universaux diachroniques en les inscrivant dans un dispositif tributaire de la théorie des oppositions linguistiques développée par l’École de Prague et perfectionnée par Kuryłowicz. Je confronterai à l’occasion mes propres résultats aux thèses diachroniques défendues par Martin Haspelmath dans son livre de 1997.
  • 28 octobre 2015
    Exposé d’Alexandre François sur Codages de l’indéfinitude dans les langues du nord du Vanuatu
    Résumé :
    Les 17 langues océaniennes parlées dans les îles Banks et Torres, au nord du Vanuatu, sont assez diverses dans leur codage de l’indéfinitude. Aucune ne présente une simple distinction binaire entre articles défini vs indéfini: elles oscillent plutôt entre un codage sous-spécifié (syntagmes ambigus en définitude) et un codage sur-spécifié (codage de la définitude, combinée à d’autres paramètres tels que la spécificité). Quand il existe, le déterminant indéfini est grammaticalisé à partir tantôt du numéral “un”, tantôt de l’adjectif “autre”. Le lo-toga et le mwotlap distinguent entre indéfini spécifique et non-spécifique (l’un dans son système d’articles, l’autre dans ses pronoms). En hiw, la distribution des deux articles indéfinis est liée au degré d’activation discursive du référent. L’exposé examinera les liens existant entre la référence indéfinie et d’autres domaines grammaticaux: en particulier, les liens avec les partitifs, les interrogatifs, les déictiques, les noms hyperonymiques.
  • 23 juin 2015
    Exposé d’Agnès Henri sur Approche onomasiologique de l’indéfini dans quelques langues du Vanuatu: le sungwadia, le mwerlap, le bislama
  • 26 mai 2015
    Exposé de Pablo Kirtchuk sur Indéfini et Interrogatif > Miratif > Négatif : /ma:/ et /?ey/ en hébreu et au-delà. Dynamique cognitive, pragmatique, intonative, syntaxique et morphologique
    Résumé
    Deux morphèmes pan-sémitiques font ressortir un rapport entre indéfini, interrogatif, miratif(1) et négatif :/ma/ (Hébr. המ , Arabe ما , Syr.) et /?ay/ (Hébr. אי , Ar. أي Syr.).
    J’illustrerai ces fonctions et proposerai un modèle pour expliquer pourquoi elles sont liées en nombre de langues, non seulement en sémitique. Les exemples seront tirés notamment de l’hébreu biblique, post-biblique et contemporain mais aussi de l’arabe. Il sera fait une brève mention d’autres langues cananéennes que l’hébreu telles le phénicien / punique, puis l’ougaritique ; l’araméen / syriaque ; l’amharique ; et le sud-arabique.
    Puisque ce sont les mêmes morphèmes qui remplissent chacune de ces fonctions cela nous mène à trouver des affinités entre elles puis à proposer le processus cognitif par lequel elles sont liées et les contextes pragmatiques dans lesquels elles se manifestent :
    1. Sur le plan de la visée communicative ces fonctions focalisent l’élément sur lequel elles portent. Donc Faber (1988) a tort, ce ne sont pas des topicalisateurs. D’autant que /ma/ est sans doute lié au ‘mem enclitique’ akkadien, qui n’est rien d’autre qu’un focalisateur.
    2. Sur le plan modal, ces fonctions représentent, à des degrés variables, l’irréel. Indéfini – les faits ne sont pas actualisés ; interrogatif – le locuteur ne connaît pas l’information, elle n’est pas actualisée pour lui ; miratif – le locuteur est devant un fait inhabituel, donc statistiquement peu actualisé ; négation – la réalité des faits est niée. Ces fonctions se trouvent sur un même continuum : la différence n’est pas tant de qualité que de degré.
    3. L’intonation est d’une importance capitale dans les processus qui mènent d’une fonction à l’autre. Peut s’y ajouter un ordre des mots spécifique ou d’autres contraintes formelles, qui peuvent se grammaticaliser et se substituent à l’intonation comme marque distinctive. C’est le cas du /ma/ comme négation de l’accompli en arabe.
    4. Ces morphèmes se manifestent en interaction discursive, autrement dit dans le dialogue, fût-ce avec un interlocuteur imaginaire ou avec soi-même. Ceci montre encore l’importance capitale des phénomènes discursifs dans le langage.
    Du point de vue typologique, il arrive qu’un morphème remplissant une fonction pragmatique se grammaticalise, cf. Hébreu /?et/ ‘focalisateur’ > marque de 2e actant défini (Kirtchuk 1991). Donc, la grammaticalisation peut se faire à partir d’un élément pragmatique, ainsi : intonation (phonologie) > clitisation (syntaxe) > morphologie (affixation). D’autres procédés de grammaticalisation qui ne concernent pas de lexèmes sont la réduplication, le changement d’accent tonique ou de ton, etc. La phonologie est plus centrale dans le langage que ne le veulent admettre les tenants du ‘tout syntaxique’.
    Ces morphèmes sont des chevilles dont la fonction varie en fonction du contexte et l’intention du locuteur, on peut les comparer aux fonctions de /kw-/ en Indo-européen, cf. Qu’est-ce ? Que c’est beau ? Que non ! ; Quel arbre ? Quel arbre ! Quel arbre ?! ; How are you? How green was my valley! How so?!…
    —————
    (1) Miratif est neutre, alors qu’admiratif est laudatif. J’ai forgé ce terme dans les années 80, il a été adopté depuis.
  • 28 avril 2015
    Exposé de François Jacquesson sur Le pronom indéfini, stratège secret du langage (présentation Powerpoint ici)
    Résumé
    Nous présenterons les propriétés des divers types de pronom indéfini dans le système des autres pronoms auxquels ils sont liés, principalement l’interrogatif et le déictique, en nous appuyant sur quelques langues bien connues. Nous examinerons ensuite dans plusieurs contextes culturels et linguistiques le cas des formules légales « celui qui a commis X, il fera Y » (ou : quel que soit celui qui a fait cela, il lui sera fait ceci) qui permet de comparer des énoncés comparables et des fonctions homologues à travers des langues et des cultures très diverses. Nous verrons qu’il est impossible de produire une règle (en mathématique, physique, en grammaire ou en droit) sans la notion et le fonctionnement d’un pronom indéfini, lequel met alors en jeu une logique de corrélation qui, centrale au plan cognitif, est aussi au cœur de la morphosyntaxe des langues.
  • 24 mars 2015
    Exposé de Catherine Taine-Cheikh sur (In)définitude et assymétrie morphosyntaxique en arabe
    Résumé
    Dans un certain nombre de parlers arabes, l’opposition entre le défini et l’indéfini repose entièrement sur l’emploi – ou non – de l’article (a)l du défini, tandis que d’autres parlers présentent certains usages d’un (ou de plusieurs) article(s) indéfini(s) – qu’il s’agisse de vestiges de l’ancien article de l’indéfini en (v)n ou de morphèmes divers (wāḥəәd, ferd, ši…) grammaticalisés dans un nouvel usage.
    En dépit de ces différences, la plupart des variétés de l’arabe ont maintenu (au moins dans ses grandes lignes) la distinction entre deux types de marquage de la définitude :
    i) le marquage ‘unique’ du syntagme d’annexion (complément de détermination nominal), du type
    øN1 + øN2          vs          øN1 + (a)l-N2
    ii) le marquage ‘redoublé’ du syntagme de qualification (complément de détermination adjectival, avec ‘accord en définitude’), du type
    øN1 + øN2          vs          (a)l-N1 + (a)l-N2
    Cette règle a une portée très générale, dont les effets se retrouvent aussi bien dans la construction des numéraux (pour l’expression des noms comptés) que dans la syntaxe des propositions relatives. C’est ainsi qu’on a en principe les mêmes structures de relative, indépendamment du caractère défini ou non du nom-tête, dans les exemples suivants (Badawi, Carter & Gully, Modern Written Arabic. A Comprehensive Grammar, 2004 : 491) :
     ṭabībatun ˀamrīkiyyatun / lā yabdū ˤalā wajhihā ˀayyu taˤbīrin
    ‘an American doctor / on whose face no expression appears’
     al-ṭabībatu l-ˀamrīkiyyatu llāti / lā yabdū ˤalā wajhihā ˀayyu taˤbīrin
    ‘the American doctor [the one] / on whose face no expression appears’
    Il arrive cependant que le parallélisme soit rompu, soit facultativement (avec le relatif indéfini ma en arabe littéraire — Badawi & al., op. cit. : 510), soit obligatoirement (avec le relatif lli dans le dialecte ḥassāniyya). Ces cas particuliers concernent toujours le pronom résomptif d’objet.
    Mon exposé portera sur ce type de phénomènes (dans l’ensemble des dialectes arabes) et abordera, outre la question du pronom ‘de rappel’ des relatives :
    – celle des numéraux (passage d’une structure à une autre en fonction du caractère défini ou non du syntagme)
    – celle de la négation (présence ou non d’un second élément en fonction du caractère défini ou non de l’objet)
    – celle de l’ordre SV(O) ou VS(O).
    Il s’agit d’une synthèse exploratoire
  • 24 février 2015
    Exposé de Christiane Pilot Raichoor sur L’expression de l’indéfinitude en badaga
    Résumé
    Le contraste de définitude n’a pas d’expression systématique dans les langues dravidiennes. C’est le plus souvent le contexte discursif qui permet de déterminer si un terme ou une expression sont définis ou non. Il existe néanmoins diverses stratégies pour signaler l’indéfinitude. L’usage du numéral ‘un’ est l’une des plus communes. On présentera ses emplois en badaga ainsi que ceux de quelques autres quantifieurs. On notera aussi, comme dans beaucoup d’autres langues, l’apport du marquage de l’objet dans la détermination de la définitude. Probablement plus caractéristique des langues dravidiennes est l’usage étendu de particules : notamment =ū conjonctif et =ō disjonctif en badaga, pour le marquage de l’indéfinitude. On observera leurs différences d’emploi et leurs combinatoires avec les expressions nominales et les pronoms (interrogatifs/indéfinis) ainsi que leur interaction avec la négation qui supplée à l’absence d’indéfinis négatifs (type : ‘personne’, ‘rien’). Outre la variété des stratégies utilisées, on notera que le marquage de l’indéfinitude n’est pas restreint aux éléments nominaux.
  • 27 janvier 2015
    Exposé de Marc Antoine Mahieu sur l’expression de l’indéfini en inuktitut
    Résumé
    L’inuktitut, et plus généralement les dialectes inuit, ne grammaticalisent pas le contraste de définitude : le locuteur n’est pas contraint d’indiquer si les expressions nominales qu’il emploie ont un référent précis et identifiable par l’allocutaire ou, au contraire, un référent quelconque et/ou dont l’allocutaire n’a pas déjà une connaissance. Mais de quels moyens le locuteur d’inuktitut dispose-t-il pour marquer l’indéfini quand il le souhaite ? La réponse à cette question paraît moins simple que ne le suggère le traitement habituel de la diathèse verbale et du système casuel. L’exposé présentera les données pertinentes, ainsi qu’une analyse possible des principaux mécanismes en jeu et de leur évolution probable. Il s’intéressera en outre à l’expression de la quantité indéfinie, qui peut passer par des structures relativement analytiques (sous influence occidentale ?).
  • 2 décembre 2014, 14h30
    Exposé de Maurice Coyaud sur la formation de l’indéfini dans différentes langues du monde
    Résumé
    Dans bien des langues, indéfinis et interrogatifs du type “quiconque, etc.” semblent faits sur les mêmes souches; Par hypothèse, je dirais que ces indéfinis (“quantificateurs universels”) sont formés sur des interrogatifs. En grec ancien, tis avec accent haut signifie” qui?”, tis non accentué signifie “quelqu’un” (quantificateur existentiel).
    Me limitant aux quantificateurs du type “quiconque, n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment”, j’ai distingué six types de formations par adjonction à un interrogatif de : 1) un mot signifiant “aussi, même”; 2) “même si”; 3) par redoublement; 4) adjonction d’un mot signifiant “vouloir”; 5) adjonction d’un mot signifiant “ou”; 6) adjonction d’un mot signifiant “être au subjonctif”.
  • 3 novembre 2014
    Exposé d’Anne Daladier sur L’indéfini en war
    Résumé
    Les différentes formes d’expression de l’indéfini en war (pnaric-war-lyngam, austroasiatique) présentent plusieurs aspects typologiques intéressants. D’une part elles utilisent plusieurs des stratégies notées par Haspelmath (1997). Elles peuvent faire intervenir le cardinal ‘un’, les pronoms interrogatifs (avec pronoms de troisième personne ou déictiques spatiaux et temporels variés), l’absence « d’article » ou des expressions existentielles, en particulier dans le cas d’indéfinis négatifs. Ces aspects se retrouvent dans le groupe PWL et dans différents groupes austroasiatiques, notamment dans les langues munda avec des variantes sur l’expression de l’indéfini avec des interrogatifs re-dupliqués ou combinés à une particule emphatique.
    D’autres aspects intéressants sont plus particuliers au war et au pnaric (pnar et khasi) où l’expression de l’indéfini fait intervenir une opposition indéfini/ défini non conventionnelle. Comme dans de nombreuses langues, le war (comme le pnaric et contrairement au Lyngam) réutilise ses pronoms personnels de troisième personne comme sortes d’articles préposés aux noms. Cependant en war (comme en pnaric) ces éléments ne sont pas spécifiquement « définis » mais plutôt des sortes de classifieurs de genre/ nombre. Leur interprétation référentielle ou non dépend des constructions. L’expression de l’indéfini spécifique avec le cardinal ‘un’ fait aussi intervenir ces éléments. En war, l’indéfini a une relation avec l’expression nuancée du nombre et du genre.
  • 23 septembre 2014
    Exposé de Lameen Souag sur Des origines kašées : L’histoire et la polyfonctionnalité d’un déterminant indéfini en arabe algérien
    Résumé
    En arabe algérien, un mot kaš sert à plusieurs fonctions, très incomplètement décrites : déterminant indéfini irréel, prédicat existentiel indéfini interrogatif, adverbe marquant l’incertitude, et (sans restriction à l’indéfini) partie du négateur existentiel. La comparaison avec les documents anciens et avec les autres parlers arabes maghrébins permet de montrer que ce mot est une innovation relativement récent. La reconstruction de son histoire explique sa polyfonctionnalité et révèle une grammaticalisation qui tendait à rendre explicite la composition sémantique de l’indéfini. Il y a des raisons de soupçonner que le contact avec le kabyle aurait joué un rôle dans ce développement, à partir d’une ressemblance phonétique accidentelle ; mais la distribution résultante de kaš se distingue aussi nettement du berbère que du reste de l’arabe maghrébin.
  • 10 juin 2014
    Exposé d’Isabelle Bril sur Encodage des noms et pronoms indéfinis dans quelques langues austronésiennes
    Résumé
    Après quelques rappels terminologiques sur les notions d’indéfini en relation avec le statut référentiel et la spécificité, il sera donné un aperçu de quelques stratégies d’encodage de l’indéfini dans diverses langues austronésiennes (noms nus, articles indéfinis, pronoms indéfinis ou pronoms à choix libre, etc.), ainsi que leur relation avec le mode realis ou irrealis. On verra en particulier que les indéfinis spécifiques ont tendance à être corrélés avec le mode realis, à l’opposé des indéfinis non-spécifiques qui sont corrélés au mode irrealis.
    Parmi les stratégies fréquemment employées pour les pronoms indéfinis, on relève l’usage de prédications existentielles, de pronoms interrogatifs, de noms ontologiques, ce qui fait des langues austronésiennes des langues “mixtes” dans la typologie d’Haspelmath (1997). Les pronoms à choix libre y ajoutent des stratégies telles que la réduplication, des marqueurs de distributivité, de pluralité, de disjonction, etc.
  • 19 mai 2014
    Exposé de Benjamin Touati sur Étude de la définitude et de la référentialité en sakao
    Résumé
    Le sakao est un dialecte de la langue wanohé parlée par quatre mille locuteurs au nord-est de l’île d’Espiritu Santo, Vanuatu. Cet exposé se veut une description précise de l’indéfini en sakao. En plus d’une forme nue du substantif, dont nous expliquerons dans un premier temps les valeurs, ce dialecte présente cinq façons différentes de marquer l’indéfini :
    Substantif=NUM, Subst=ke-NUM, Subst=i-NUM, t-Subst-i-NUM, t-Subst
    L’enjeu sera de classer ces différentes marques, dont la plupart sont composées d’un numéral associé à un autre morphème. Après avoir montré qu’il était possible de faire une répartition assez nette entre les procédés utilisés au realis d’une part (les formes 1 et 2) et à l’irrealis d’autre part (les formes 3 à 5), nous nous attacherons à comprendre, pour chacun des groupes, en quoi les différentes marques s’opposent les unes aux autres.
  • 25 mars 2014
    Présentation rapide de la thématique par Samia Naïm, puis exposé sur L’Indéfini dans des dialectes arabes.
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