[TACOL] Jean ROHLEDER │ “Méthodes de terrain en pays kanak : travailler en milieux plurilingues post-colonisés”

Séminaire Terrains, Analyse et COmparaison des Langues (TACOL)

La prochaine séance de notre séminaire TACOL aura lieu mardi 05 mars 2024 à 14h30, sur place (salle de réunion 311, Campus CNRS de Villejuif) et sur Zoom.

 

Nous aurons le plaisir d’écouter Jean ROHLEDER (post-doctorant LACITO).

Titre de la présentation :

“Méthodes de terrain en pays kanak : travailler en milieux plurilingues post-colonisés”

Résumé :

La Nouvelle-Calédonie est un terrain linguistique fascinant. Elle présente une grande diversité linguistique typiquement mélanésiennes, avec des petites communautés, un multilinguisme répandu et une différenciation consciente entre les variétés. C’est à bien des égards un rêve devenu réalité pour les linguistes de terrain. Mais la Nouvelle-Calédonie est aussi un territoire français. La langue et la culture françaises ont eu un impact considérable sur cette dernière colonie de peuplement. Aujourd’hui, près de la moitié de la population n’est pas autochtone. Après une histoire mouvementée et souvent traumatique, les locuteurs ne sont pas tous enthousiastes à l’idée de travailler avec des étrangers. Dans cette situation, il est important de réfléchir à certaines questions qui vont au-delà de la description de la langue. questions qui vont au-delà de la description de la langue. Comment obtenir un consentement informé? Comment gérer, par exemple, les mots d’emprunt, les sons d’emprunt, les inventaires qui changent rapidement ? Comment tenir compte de l’attrition linguistique ou des situations sociales difficiles ?

Cet exposé présentera la Nouvelle-Calédonie et son contexte socioculturel, tout en affirmant que les défis rencontrés dans ce pays se retrouvent dans la plupart des sociétés multilingues postcoloniales à petite échelle.

En nous concentrant sur le nord de la Nouvelle-Calédonie, nous utiliserons le cas du vamale comme exemple des pressions qui sont ressenties par une communauté linguistique dans un contexte colonial et post-colonial. Devant cet arrière-plan, nous évoquerons les expériences de terrain de plusieurs chercheurs au cours des dix dernières années. Comme toujours dans ces cas-là, il n’existe pas de solutions toutes faites, mais le fait de pouvoir contextualiser les défis est extrêmement utile pour toute personne travaillant sur le terrain. Bien que l’exposé soit principalement de nature sociolinguistique et historique, nous discuterons des phénomènes de contact linguistique en langue vamale ainsi que de certains cas de changement linguistique rapide et d’attrition.


 

New Caledonia is a fascinating terrain to work in. Linguistically highly diverse, with typically Melanesian small communities, widespread multilingualism, and a conscious differentiation between varieties, it is in many ways a dream come true for linguistic fieldworkers. But New Caledonia is also a French territory. The French language and culture have had a huge impact on this last French settlers colony. Today, about half the population are not indigenous. After several organized attempts to gain independence, not all speakers are thrilled to work with outsiders. In this situation, it is important to think about some questions that go beyond language description. How do you get informed consent? How do you deal with e.g. loanwords, loan phones, rapidly changing inventories, language attrition, difficult social situations?

This talk will introduce New Caledonia and its socio-cultural context, but makes the claim that the challenges encountered there are at play in most post-colonial, small-scale multilingual societies.

Focussing on northern New Caledonia, we will use the case of Vamale as an example of the pressures that develop on a speech community in a colonial and post-colonial context, and before that background discuss the field experiences of several researchers in the last 10 years. As usual in these cases, no rubber stamp solutions exist, but being able to contextualise the challenges is enormously helpful for any fieldworker. While the talk is mostly socio-linguistic and historical in nature, we’ll discuss language contact phenomena in Vamale as well as some cases of rapid language change and attrition.

 

Pour toute demande d’information, merci de contacter Lameen Souag

 

[TACOL] Sauvane AGNES │ “Proximités et distinctions entre ‘noms’ et ‘verbes’ dans les langues algonquiennes : difficultés descriptives et perspectives théoriques générales en synchronie”

Séminaire Terrains, Analyse et COmparaison des Langues (TACOL)

La prochaine séance de notre séminaire TACOL aura lieu mardi 20 février 2024 à 14h30, sur place (salle de réunion 311, Campus CNRS de Villejuif) et sur Zoom.

 

Nous aurons le plaisir d’écouter Sauvane AGNES (Sorbonne université).

Titre de la présentation :

“Proximités et distinctions entre ‘noms’ et ‘verbes’ dans les langues algonquiennes : difficultés descriptives et perspectives théoriques générales en synchronie”

Résumé :

Les langues algonquiennes, langues autochtones d’Amérique du Nord, sont décrites comme des langues polysynthétiques où de nombreux morphèmes plus ou moins indépendants interviennent dans des mécanismes de composition et de dérivation complexes, tant dans la formation de verbes que dans la formation de noms ; et cela, à différents niveaux de constituance. Les formes verbales connaissent deux principaux paradigmes (appelés « ordres » dans la littérature algonquiniste) : l’un donne des formes verbales finies ayant une fonction de prédicat syntaxique au sein d’une proposition – le paradigme indépendant -, l’autre – ‘ordre conjonctif’, ou paradigme dépendant – caractérise des formes non-finies du verbe ne pouvant accéder à la fonction de prédicat syntaxique et ayant alors une autre fonction au sein de la proposition (argument, modifieur, complément ou circonstant). Par ailleurs, certaines parties du discours, notamment des adverbes et des noms, peuvent accéder directement à la fonction de prédicat syntaxique, sans l’intermédiaire d’une dérivation ou d’une copule, ce qui atteste du caractère multiprédicatif (cf. Henri 2011) de ces langues. En plus de cet accès commun à certaines fonctions syntaxiques, l’homophonie de plusieurs suffixes verbaux du paradigme indépendant avec les suffixes nominaux de nombre et d’« obviatif » (i.e. un marquage nominal et verbal relevant de l’anaphore différentielle et déterminant en quelque sorte un statut syntaxique oblique pour l’argument ainsi marqué) m’a amenée à questionner l’appropriation d’une véritable distinction nom/verbe dans les langues algonquiennes, en tout cas à suggérer qu’elle puisse être redéfinie sur la base de critères plus pertinents. Cet exposé, s’appuyant principalement sur les données d’une langue algonquienne du Québec, l’innu-aimun, propose de parcourir certains critères permettant de rapprocher ou au contraire de distinguer les ‘noms’ et les ‘verbes’ en innu, et de s’interroger sur les perspectives théoriques susceptibles de décrire au mieux les combinaisons morphosyntaxiques observées dans cette langue.

 

Pour toute demande d’information, merci de contacter Lameen Souag

 
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