Les ruses de la parole – Dire et sous-entendre. Parler, chanter, écrire. Micheline Lebarbier

L’ouvrage examine les différentes formes d’expression qui existent pour formuler le non-dit et l’indicible, le tabou et l’interdit, dans des cultures aussi différentes que celles du Mali, du Cameroun, du Niger, de la France, du Mexique, de Trinidad, de la Colombie, ainsi que chez un auteur comme Maupassant. Les exemples ont été pris pour la plupart dans des sociétés paysannes et urbaines, ainsi que dans des sociétés où l’Islam est prépondérant. Ces formes d’expression sont analysées en relation avec les conceptions et les codes sociaux des différentes cultures où elles ont cours. Les diverses stratégies de parole sont imposées par le code social. Elles prennent des formes variées selon la situation d’énonciation, les jeux de l’interlocution et la situation de communication des locuteurs. On a ainsi recours au non-dit pour éviter de mettre éventuellement en péril une relation, voire sa propre position au sein de sa communauté. Cependant, le ressenti personnel de l’énonciateur face à l’énonciataire est difficile à appréhender. C’est pourtant lui qui suscitera le détour verbal, la métaphore, ou le silence stratégique recouvrant une peur ou une désapprobation. C’est ce qui est le plus complexe à approcher pour l’observateur extérieur. C’est pourquoi les chapitres de ce recueil insistent sur l’articulation de la réflexion avec le code social qui oriente tout échange discursif, tentant ainsi de laisser apparaître quelques aspects de l’essence profonde de l’humain à travers le filtre des conventions. Le présent ouvrage est l’émanation d’un séminaire qui s’est tenu au LACITO (Laboratoire de langues et civilisations à tradition orale, du CNRS) de 2005 à 2010. Sommaire

  • Micheline Lebarbier, Introduction (7)
  • Pierre Diarra et Cécile Leguy, Le proverbe au risque de l’incompréhension (23)
  • Gladys Guarisma, Comment le dire autrement ? Une première approche des proverbes bafia (Cameroun) (49)
  • Sylvie Mougin, Chansons traditionnelles à sous-entendus. Ne pas dire pour mieux dire et comment le chanter (Vendée) (73)
  • Bertrand Masquelier, Acte locutoire et double-entendre. Le calypso grivois à Trinidad (Caraïbes) (97)
  • Laurent Fontaine, Ce qu’on ne dit pas chez les Yucuna (Amazonie colombienne) (139)
  • Sandra Bornand, Quand raconter, c’est prendre au piège : l’implicite dans les narrations de griots généalogistes et historiens zarma du Niger (175)
  • Évelyne Larguèche, « Il m’a traité ! » « Ils se traitent ! » : de quoi ? L’injure ou le leurre des mots (221)
  • Élisabeth Motte-Florac, L’implicite dans une histoire purhépecha de pacte avec le diable (Mexique) (249)
  • Jean-Marie Privat, Entre oral, anal et carnaval. Maupassant ou les ruses de dire (287)

 

Couverture : Le slogan anarchiste “All Cops are Bastards” est transformé en “All Cats are Beautiful” (© Gustave Deghilave, Lausanne).

LEBARBIER Micheline (ed.), 2017, Les ruses de la parole – Dire et sous-entendre. Parler, chanter, écrire, Paris, Karthala, 315 p. Paru fin mai 2017.

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