La recherche au Lacito

Opérations de recherche

Nomination, dénomination et terminologie de parenté (termes d’adresse, de référence et teknonymes)

  • Participants : C. Barraud (CASE-LASEMA) – A. Cadoret (GRASS) – J. Carle (doctorante EHESS – Centre d’études africaines) – I. Daillant (EREA) – J. De Largy Healy (doctorante EHESS) – G. Drettas (LMS) – B.-F. Gérard (IRD) – J.-P. Goulard (EREA) – S. Graff (doctorante UMB Strasbourg) – A. Guillou (CASE-LASEMA) – D. Karadimas (LAS) – N. Krowolski (CASE-LASEMA) – S. Laligant (univ. de Tours) – S. Lallemand (CASE-LASEMA) – M. Lebarbier – C. Legrand (post-doc LAS) – F. Leguennec-Coppens – C. Leguy (Univ. Paris V) – S. Leroy (MoDyCo) – D. Monnerie (UMB Strasbourg) – V. Randa – S. Ruelland – J.-L. Siran (LAU) – C. Taine-Cheikh

     Les travaux ethnographiques sur les différentes aires culturelles du monde ont fréquemment donné lieu à des développements sur la définition de la personne et sur sa dénomination. Cette tradition scientifique est particulièrement remarquable en France depuis le texte fondateur de Mauss. Dans les décennies récentes, les ethnosciences ont élargi à la nature la question de la dénomination et de la classification. Dans de nombreuses sociétés, l’acte de dénomination articule nature et culture selon différentes modalités.

     Que ce soit dans le contexte national ou international, la plupart des études sur les dénominations se sont inscrites dans des projets à caractère soit structuraliste (Lévi-Strauss), soit structuro-fonctionnaliste ou culturaliste (Geertz).

     Certaines de ces orientations semblent perdurer (structuralistes, Zonabend, Macdonald), d’autres ont été abandonnées sous le coup de critiques, et les innovations récentes semblent être liées à des approches davantage centrées sur les usages contextuels des différents registres de noms (Zetlin), même si ces approches contextuelles reprennent des idées déjà proposées dès les années 1960 (cf. les analyses contextuelles de Goodenough).

     La ligne de partage entre approches structuraliste et pragmatique se reflète dans la collecte et le traitement des données ethnographiques. Les premières mettant l’accent sur l’autonomie et la diversité, au sein de chaque communauté culturelle et sociale, de systèmes d’appellations et de noms et le traitement des logiques sous-jacentes ; les secondes cherchant ce qui fait ordre ou les régularités dans l’organisation des échanges et des situations de communication. Par exemple, Geertz, s’il rend compte des différents ordres symboliques du nom dans leurs agencements fonctionnels, ne rend jamais compte dans ses ethnographies de la façon dont les Balinais font entre eux usage des noms (voir Moerman).

     Les approches contextuelles et pragmatiques invitent sans doute à mettre l’accent sur la pluralité des identités ou l’identité plurielle des personnes et donc sur le caractère dynamique, la temporalité biographique, l’incertitude dans le rapport à soi et à l’autre. La variabilité des noms pour une même personne, liée aux différents champs de l’organisation sociale, oblige l’enquêteur à formuler dès lors une problématique qui ne présuppose pas l’unicité de la personne.

     Comment réconcilier l’approche en terme de structures et des approches transactionnelles et pragmatiques ? Cet enjeu se révèle dans certains travaux récents sous différents paradigmes (notamment celui centré sur l’étude de la pratique, voir Bourdieu). On peut noter que les approches de type contextuelle ne signifient pas, contrairement aux apparences, que seule l’étude de situations contingentes est privilégiée. Elles sont, tout autant que celles structuralistes, en mesure de tenir compte de la dimension cognitive et universelle de l’acte de dénomination.

     Notre hypothèse serait, qu’en combinant plutôt qu’en opposant les deux orientations (structuralistes et pragmatiques), nous pourrions revisiter les typologies existantes pour remettre l’accent sur la logique de ce qui fait acte dans l’acte de dénomination et, simultanément, sur ce qui fait sens du point de vue des acteurs.

     Nous nous proposons de mettre en œuvre cette hypothèse en référence à différents terrains : Caraïbe, Amazonie, Amérique centrale, Océanie, Europe, en prenant en compte des communautés de chasseurs-cueilleurs, d’horticulteurs… et des communautés en contexte urbain et industrialisé. Dans les divers cas étudiés, les différentes facettes de la dénomination de la personne seront replacées dans les contextes de la parenté, de la hiérarchie sociale, des systèmes de catégorisation sociale, de l’appartenance à des milieux socio-économiques contrastés et des situations liées à la mondialisation, notamment la déterritorialisation de l’identité dans le phénomène migratoire et les constructions nouvelles de l’identité dans le rapport à l’Autre.

     Ce programme d’ethnographie comparée intègre des données pluridisciplinaires : sociologiques, culturelles et linguistiques.

 

Bourdieu Pierre, 1972, Esquisse d’une théorie de la pratique, précédé de Trois études d’ethnologie kabyle, Paris-Genève, Droz.

Geertz Clifford, 1966. Person, Time and Conduct in Bali: an Essay in Cultural Analysis, Yale, Southeast Asia Program, Cultural Report Series, 14. [Reproduit dans Geertz 1973 : 360-411] ;
1973. The Interpretation of Cultures, New York, Basic Books ;
1984. Personne, temps et comportement à Bali [traduit de l’anglais par D. Paulme], Bali, éd. Gallimard.

Goodenough Ward H., 1965. Personal Names and Modes fo Address in two Oceanic Societies, in M. Spiro (ed), Context and Meaning in Cultural Anthropology, New York, Free Press : 265-276.

Lévi-Strauss Claude, 1962. La pensée sauvage, Paris, Plon, 395 p. [notamment les chapitres VI et VII].

Macdonald Charles, 1999. De l’anonymat au renom. Systèmes du nom personnel dans quelques sociétés d’Asie du Sud-Est (notes comparatives), in J. Massard-Vincent et S. Pauwels (eds), D’un nom à l’autre en Asie du Sud-Est. Approches ethnologiques, Paris, Karthala : 105-128.

Mauss Marcel, 1973. Sociologie et anthropologie, Paris, Presses universitaires de France. [notamment § Une catégorie de l’esprit humain : la notion de personne, celle de “moi” (333-364), Les techniques du corps (365-388)]

Moerman Michael, 1990. Talking Culture: Ethnography and conversation analysis, Philadelphia, University of Pennsylvania Press.

Zeitlin David, 1993. Reconstructing Kinship or the Pragmatics of Kin Talk, Man 28 (2) : 199-224.

Zonabend Françoise, 1977. Pourquoi nommer ? (Les noms de personnes dans un village français : Minot-en-Châtillonnais), L’identité. Séminaire interdisciplinaire dirigé par Claude Lévi-Strauss professeur au collège de France 1974-1975, Paris, Bernard Grasset : 257-279 ;
1979. Jeux de noms. Les noms de personne à Minot, Études rurales 74 : 51-85.

Séminaires

 

  • 11 décembre 2009
    Josiane Massard-Vincent (CNRS – Laboratoire d’Anthropologie Urbaine) – La transmission des « prénoms de famille » dans l’Angleterre contemporaine
    Les registres baptismaux de la paroisse (anglicane) de Bakewell, Derbyshire, relatifs à la période 1973/1998 font apparaître un trait récurrent dans le choix des prénoms : près d’un tiers des baptisés de sexe masculin reçoit en premier, deuxième ou troisième prénom, le prénom du père, qu’il s’agisse là encore du premier, deuxième ou troisième prénom. Or, l’incidence de cet usage est bien moindre de mère à fille. Cette observation m’a amenée à entreprendre auprès d’une dizaine de familles de la localité une enquête sur les usages nominaux ainsi qu’un recueil de généalogies. Les données collectées confirment les formes d’homonymie relevées dans les registres paroissiaux. L’interprétation d’une telle pratique renvoie à d’autres registres, en particulier
    – la parenté spirituelle héritée de la Réforme,
    – l’organisation sociale (parenté, héritage),
    – la temporalité.
  • 6 juin 2008
    Christine Jourdan (Concordia University, Montréal, Canada) – Termes de parenté et transfert des catégories sémantiques dans le pijin des Iles Salomon
    La terminologie de parenté utilisée en pijin, la langue véhiculaire des Iles Salomon, est une version simplifiée du système de parenté de type hawaïen et est, en général, plus simple que les systèmes de parenté trouvés dans les sociétés salomonaises. Deux observations peuvent être faites : premièrement, les catégories de parenté du pijin ne semblent pas être calquées complètement sur celles des langues vernaculaires. Deuxièmement, cette terminologie a subi des changements récents, particulièrement en ville. Une série de questions servira de guide à l’analyse présentée dans cet exposé : Quelle est la nature des ressemblances et différences existant entre les terminologies de parenté du pijin et des langues vernaculaires locales ? Comment peut-on rendre compte de ces différences et ressemblances ? Quels sont les changements sociaux culturels qui sous-tendent les changements dans la terminologie de parenté du pijin ? Finalement, à la lumière de l’étude de cas présentée ici, quelle est la place de la dimension culturelle dans le transfert des catégories sémantiques ?
  • 16 mai 2008
    Denis Monnerie (université Marc Bloch à Strasbourg) – Nomination à Arama (Nouvelle-Calédonie). Les structures et les choix
    À Arama, le monde social est marqué par la prééminence de relations – ce qui est classique en Mélanésie. Celles-ci sont valorisées de façon différentielle mais aussi, plus spécifiquement peut-être, marquées par une forte sémantisation. Que les noms doivent être associés à cette sémantisation des relations sociales peut surprendre car, pour l’Occident, nombre de linguistes opposent les noms communs porteurs de sens et les noms propres qui ne le seraient pas. Mais ici, que ce soit dans leur formation ou dans les gloses qui les accompagnent, les noms des personnes et des ensembles sociaux condensent des significations. Outre ces considérations sur la sémantisation des relations et des noms et donc des liens forts avec des usages de la langue, cette étude fera apparaître d’autres principes importants du système de nomination. La dynamique temporelle des  générations est un vecteur de valorisation. En contraste, les parties du système de nomination qui sont les moins valorisées dégagent des espaces de choix et de créativité. Le système de nomination est constitué de ces deux extrêmes.
  • 21 décembre 2007
    Florence Dupré  Nominations et relations à Sanikiluaq : anthroponymie dynamique dans une communauté inuit nord-canadienne
    Objet de recherche prisé des études inuit depuis plus d’un demi-siècle, l’éponymie demeure aujourd’hui un étonnant lieu de contact entre une anthroponymie en mutation et un univers parental mouvant. Liée à la permanence de certaines modalités de transmission des noms personnels d’une génération à l’autre, la reproduction de ce système régi par le statut et l’aura du dernier porteur d'”atiq” (l’instance nominale) est impliquée dans un ensemble de pratiques parentales encore peu étudiées.
    Cette présentation, qui concernera un ensemble de données recueillies au cours de deux séjours à Sanikiluaq (communauté inuit du Nunavut canadien), tentera de démontrer l’existence d’un véritable maillage relationnel créé autour de l’enfant, au sein duquel la nomination contemporaine et la terminologie parentale occupent un rôle majeur. Nous considérerons le système éponymique comme un système relationnel structurant l’organisation et la pratique d’une parenté inuit en mutation, et participant de la mise en place de réseaux dynamiques rejouant le rapport biologique de la parenté et initiant un mode d’identification possible grâce à la dynamique d’inclusion-exclusion.
  • 21 septembre 2007
    Juliette Carle (doctorante EHESS) –  Quels sont les noms des enfants « abandonnés » au Burkina-Faso ?
    L’étude des diverses pratiques de nomination qui entourent les enfants « abandonnés » au Burkina-Faso permet, comme à travers une loupe, d’appréhender les représentations identitaires dont l’enfant est investi et les processus d’effacement et de « remplissage » identitaire qu’elles engagent. Je tenterai de rendre compte de ces pratiques de nomination mais aussi de l’absence de nomination voire de la renomination de ces enfants en m’appuyant sur des entretiens menés auprès de familles s’apprêtant à remettre leur enfant en adoption, du personnel des orphelinats et des membres des services sociaux. Je présenterai ainsi les différents donneurs de nom, les relations de pouvoir qui sous-tendent certaines pratiques de renomination dans le cadre des orphelinats, l’affiliation religieuse qu’elle engagent, la signification que les parents biologiques accordent à la transmission de leur patronyme à l’enfant, les raisons qui conduisent certaines familles à refuser de nommer leur enfant, mais aussi ces prénoms « cachés » donnés par les mères.
  • 15 juin 2007
    Catherine Taine-Cheikh  – Noms d’ego, noms de groupe et noms propres en Mauritanie
    Travaillant sur les sociétés arabes et berbères, et plus spécifiquement sur la société arabophone de Mauritanie, elle envisage de poursuivre sa recherche sur la signification des noms d’ego, en l’orientant plus particulièrement, d’une part sur le rapport entre les noms d’ego et les noms de groupe (famille ou tribu) – dans quelle mesure y a-t-il émergence de noms autres que le nom d’ego et sur quelle base ? –, d’autre part sur l’évolution récente observable dans le choix des noms d’ego. Il s’agira également, par ces recherches, de contribuer à une réflexion plus générale sur la spécificité proprement linguistique des noms propres.
  • 27 avril 2007
    Sarah Leroy (UMR 7114 MoDyCo – Paris X) – Prénommer, c’est classer. Un exemple dans la presse française
    La linguistique aborde le nom de personne (de même que le nom de lieu, autre représentant majeur de la catégorie), en tant que nom propre, sous-catégorie du nom aux fonctionnements assez particuliers, et dont la question du sens constitue un aspect crucial. Les approches linguistiques du sens du nom propre peuvent être d’ordre historique, étymologique et philologiques, comme dans la perspective onomastique, ou d’ordre philosophique et référentiel, comme dans la perspective logico-grammaticale (en tant que telle ou en tant qu’« héritage » théorique). Or l’une et l’autre ont leurs limites. La première, tout en exploitant le fait que le nom propre est un objet riche, relevant à la fois de la linguistique et d’autres sciences humaines, comme l’histoire et l’archéologie, a en fait pour but de « remonter » au lexème initial et donc à un état antérieur au nom propre lui-même. La seconde, associant étroitement nom propre et référent (unique, qui plus est), peine à se dégager d’une conception « encyclopédique » du sens du nom propre (comme somme de descriptions définies, par exemple), et ne peut prendre en compte les rôles classifiant et signifiant du nom de personne. Par ailleurs, quelle que soit l’approche, l’hétérogénéité des différents noms de personne est peu soulignée alors que, pour le français par exemple, prénoms, patronymes, nominations complètes, surnoms et pseudonymes, sans parler des différents titres et appellatifs qui peuvent s’y agglomérer, relèvent de fonctionnements linguistiques et sociaux particuliers.
    L’observation du fonctionnement des noms de personnes dans des discours et dans des textes fait au contraire apparaître, à côté de la fonction désignative, qui ne peut s’exercer que lorsque le nom propre est associé à un référent précis, d’autres fonctions, d’ordre classificatoire, comme par exemple celles par lesquelles l’anthroponyme inscrit dans des systèmes sociaux de classement et peut indiquer une appartenance religieuse ou une origine ethnique. C’est dans cette optique, en distinguant nettement le cas où l’anthroponyme est associé à un référent du celui où il ne l’est pas, que nous envisagerons le nom propre, et plus précisément le prénom, comme pourvu, ainsi que tout autre nom, d’un potentiel sémantique dont les possibles sont toutefois un peu différents de ceux des noms communs de la langue, et dont la signification, liée à un acte de nomination, est liée à des paramètres sociaux et identitaires spécifiques. Cette proposition sera appuyée sur (et illustrée par) une étude de cas fondée sur un recueil d’articles de presse écrite.
  • 23 mars 2007
    Georges Drettas (LMS) – Un prototype de la glottonymie : les Grecs pontiques et leur vernaculaire en tant qu’objet verbalisable
    Les grecs pontiques ont été déplacés de Turquie orientale en Grèce entre 1924 et 1926. La majorité de cette population a été installée en Grèce du Nord, Macédoine et Thrace, dans des habitats ruraux. Le dialecte gréco-pontique est excessivement différent des variétés qui sont à la base de la langue nationale actuelle (appellée parfois dhimotiki). Je me propose de présenter le fonctionnement des nomenclatures qui désignent aussi bien les Pontiques eux-mêmes que leur langue. Je partais de l’expérience première du terrain où je formulais la demande : parlez-moi en pontique, s’il vous plaît… À l’examen de ce genre de situation, on s’aperçoit que le rapport qui peut exister entre l’ethnonyme et le (ou les) glottonyme(s) constitue une réalité discursive reflétant des stratégies d’identification complexes où se rencontrent l’hétéronymie d’une part et la défense du groupe d’autre part. Le marquage symbolique présent dans les usages des nomenclatures reflète dans le cas présent des relations très conflictuelles entre les “déplacés” et le pays dit d’accueil. Dans la discussion, nous esayerons de voir si certains traits ne sont pas généralisables, soit dans l’espace proche-oriental, soit plus largement dans les cas de groupes de réfugiés.
  • 16 février 2007
    Dimitri Karadimas (LAS) –  Nommer les personnes, classer les noms chez les Miraña d’Amazonie colombienne
    L’exposé se propose de présenter les processus sociaux et classificatoires à l’œuvre lors de la nomination des personnes, mais aussi la nature des liens qui unissent entre eux ces noms issus, pour la plupart, d’espèces et d’éléments de l’environnement ».
  • 12 janvier 2007
    Maurice Coyaud  Termes d’adresse en japonais, coréen, vietnamien, chinois, siamois
    En vietnamien, il est bien connu que les “pronoms personnels” n’existent pas. Dans le cadre de la famille ou des relations proches, on emploie les noms de parenté. Exemple, si je suis frère aîné et que je m’adresse à ma petite sœur, je dis anh ; inversement, si je suis sa petite sœur, je dis em. M’adressant à mes parents, je dis con (petit enfant) pour le “je” français ; et je m’adresse à mon père en l’appelant du nom de “père”.
    En coréen, on ne compte pas moins de onze degrés de politesse, et les infixes et suffixes dans le verbe indiquent la place du locuteur par rapport à l’interlocuteur. On trouve en japonais une situation similaire à celle du coréen, en un peu moins compliqué.
    En chinois, la diversité des “pronoms personnels” était jadis fort grande. À l’époque récente, on assiste à une simplification. Par exemple, il n’existe plus qu’un degré de politesse pour la seconde personne : ni “tu, vous” (neutre) s’oppose à nin “vous” (politesse).
    En siamois, les termes d’adresse répondent à divers critères comme proximité/éloignement (formel/intime), supériorité/infériorité.
  • 15 décembre 2006
    Caroline Legrand (post-doctorante au LAS) –  Se nommer dans une communauté irlandaise du Québec francophone
    L’exposé propose de faire le point sur une recherche actuellement en cours. Il repose sur l’analyse systématique d’un vaste corpus de données biographiques (Actes de baptême, de mariage et de sépulture enregistrés pour les habitants de la paroisse de Sainte-Catherine de la Fossembault sur la période 1832-1922) et de quelques témoignages oraux. Une fois présentés, ces matériaux nous permettront de dégager les modalités de transmission en matière de prénoms, et ce notamment chez les migrants et descendants de migrants irlandais établis dans cette paroisse. Ils nous permettront aussi d’identifier en quoi leurs pratiques différent et/ou se rapprochent de celles observées chez les “familles-souches” de Sainte-Catherine. C’est donc toute la question des pratiques de nomination lue sous l’angle des dynamiques migratoires et de l’interculturalité qui guidera notre reflexion dans ce séminaire.
  • 24 novembre 2006
    Anne Guillou (CASE-LASEMA) – Noms personnels et termes d’adresse au Cambodge. L’individu et ses sphères d’appartenance
    Sur la base d’une recherche effectuée au Cambodge dans les années 1990-1995 (enquête qualitative et quantitative à partir de corpus de noms)  je décrirai d’abord les différents noms personnels (nom personnel officiel, “patronyme” d’introduction post-coloniale, diminutif familier, surnom intime) et la façon dont ils nous informent sur la structuration des différents mondes sociaux de l’individu khmer (ethnie majoritaire au Cambodge). Je m’arrêterai en particulier sur les évolutions perceptibles dans le Cambodge de l’après-Pol Pot (1975-1979) qui ont vu naître quelques Lenine – un nom dont la consonance convient bien à l’euphonie khmère – et sur les importantes informations que nous livre par elle-même la longueur des noms personnels, en tant que marqueur social. Les termes d’adresse, de référence et d’auto-désignation fournissent l’occasion d’un complément d’analyse sur l’évolution socio-politique cambodgienne (chaque régime politique successif a instauré ses propres termes) et l’expression très fine des sentiments que permet, dans l’échange de face-à-face, le choix de telle appellation plutôt qu’une autre, puisée dans les différents registres possibles.
  • 27 octobre 2006
    Jessica De Largy Healy –  De la structure à la performance. La modélisation de la parenté ‘Murngin’ selon les Yolngu de Terre d’Arnhem orientale (Australie). Quelques exemples de dénomination des grands-mères maternelles
    Une présentation basée sur un des chapitres de sa thèse consacré à la parenté telle qu’elle est vécue et représentée par les Yolngu (plus connus sous le nom de Murngin dans le corpus anthropologique). Je m’appuierai en particulier sur un diagramme peint par un dirigeant Yolngu en 2002 pour représenter l’accès au savoir par différentes catégories de parents (les clans dits “mères”, “enfants”, “grands-mères maternelles”, “soeurs”) et illustrer le rôle de l’organisation sociale dans la classification et les responsabilités liées au patrimoine rituel. Chaque clan possède son propre répertoire de mots legué par les ancêtres créateurs et l’attribution de noms individuels participe de stratégies d’alliances rituelles qui trouvent leur enjeu dans la géographie sacrée du paysage. J’explorerai en particulier les tenants de la relation märi-gutharra, entre grands-mères maternelles et petits enfants, qu’on appelle aussi la colonne vertébrale.
  • 23 juin 2006
    Jean-Pierre Goulard (EREA) – “Quel est ton nom ?” ou “Comment t’appelles-tu ?” La nomination chez les Ticuna d’Amazonie
  • 2 juin 2006
    Lorenzo Brutti (CNRS) – Les anthroponymes informels comme indice de la bilinéarité à Ciago (Trentin italien)
    “Le système anthroponymique de cette société villageoise des Alpes italiennes consiste en un ensemble de marqueur des limites dans l’espace social. L’analyse de ce système permet d’éclaircir certains points obscurs et plusieurs malentendus concernant les sociétés du Trentin italien et de jeter un regard nouveau sur les sociétés classiquement définies comme patrilinéaires et notamment de relire le mécanisme de filiation par le biais de la dénomination. Les groupes de parenté, plutôt que les lignages, sont des groupes de noms, prénoms, surnoms, sobriquets, noms d’hommes et noms de femmes que les membres du groupe attribuent à leurs successeurs, en les perpétuant à travers les générations. L’appartenance à l’un de ces groupes locaux va de pair avec certains droits: transmission des biens et des propriétés foncières, transmission du nom, transmission de la maison. L’hypothèse est donc de démontrer que la reproduction de l’ordre culturel et la transmission du patrimoine foncier passent, dans la société étudiée, par la nomination plutôt que par la filiation.”
  • 5 mai 2006
    Juliette Carle (doctorante à l’EHESS, Centre d’études africaines) – Changements de nom chez les Senufo de Côte d’Ivoire
  • 31 mars 2006
    Angela Meinerzag (univ. d’Heidelberg) –  Donation du nom personnel chez les Hinihon dans l’Adelbert Range (Papouasie Nouvelle-Guinée)
    “Pourquoi seulement deux personnes vivantes chez les Hinihon ont le droit de porter le même nom? Le transfert et l’usage des noms personnels sont strictement réglementés, entre autres on évite fort de prononcer les noms. En analysant ces règles et aussi comment le don du nom est décrit dans la langue locale, nous pouvons comprendre quels aspects personnels et sociaux contiennent les noms.”
  • 3 mars 2006
    Suzanne Lallemand (LASEMA) – Nom, nomination et filiation chez des bilinéaires, les Gouin-tyerma du Burkina Faso
  • 27 janvier 2006
    Anne Cadoret (GRASS) –  Le passage de la famille à la parenté : ce que nous dit les familles homoparentales
  • 2 décembre 2005:
    Cécile Barraud – Identité ou relation ? Réflexions sur la multiplicité des noms associés aux unités sociales dans les sociétés des îles Kei (Moluques, Insulinde)
  • 28 octobre 2005
    Cécile Leguy – Que signifient les noms-messages ? À partir d’un corpus recueilli chez les Bwa du Mali
    Chez les Bwa comme dans de nombreuses sociétés africaines, les noms individuels sont souvent à entendre comme des messages adressés à une tierce personne. À partir d’exemples, nous chercherons à comprendre ce qui se joue derrière cette pratique langagière.
  • 30 septembre 2005
    Marie Treps  Le romeno lap, un révélateur identitaire
    Le romeno lap est le système onomastique utilisé à l’intérieur de certaines communautés tsiganes. Sans être un nom secret, le lap est secrété par la communauté. Des enquêtes de terrain menées en Lorraine ont permis de mettre à jour les usages actuels de ce qu’on appelle aussi le « nom manouche ». Quelles sont ses fonctions, son mode d’attribution, sa pérennité au cours de l’existence, ses motivations sémantiques ? Il apparaît que l’usage du romeno lap, et notamment sa non-transmissibilité, sont en relation profonde avec la culture manouche. L’analyse des usages contemporains permet de déceler des évolutions, qui, étant liées à des phénomènes de grande amplitude comme le Pentecôtisme, sont transcommmunautaires. Il n’en reste pas moins que chaque communauté contribue à l’évolution du romeno lap selon des modalités qui lui sont propres, renforçant ainsi sa singularité.
  • 17 juin 2005
    Micheline Lebarbier  Être ou ne pas être sorcière
    Dans les villages du nord de la Roumanie, la magie est encore très présente dans les mentalités malgré les progrès de la modernité. Elle est souvent une affaire de femmes. Si on se protège plus facilement du mauvais œil (protections, rituels, incantations), l’envoûtement est infiniment plus dangereux pour les personnes, leurs mariages, leurs biens, leurs bêtes, leur santé. Celle à qui l’on s’adresse pour envoûter et/ou désenvoûter est affligée de la dénomination de “sorcière” (bosoarca), terme qu’elle se refuse à porter et rôle qu’elle n’accepte d’endosser que face à ceux/celles qui ont recours à elle, sous le sceau du secret et dans un circuit d’échange (type don/contre-don). Je propose l’analyse de discours de deux “sorcières”, leur fuite et leur déni (face à l’ethnologue), face au discours du village et de ceux/celles qui ont eu recours à elles.
  • 13 mai 2005
    Bertrand Masquelier(univ. d’Amiens) – Notion de personne et pragmatique des catégories de parenté – commentaires de textes et discussion
  • 15 avril 2005
    Isabelle Daillant – L’onomastique chimane entre deux eaux (Amazonie bolivienne)
  • 11 mars 2005
    Isabelle Leblic  Les divers registres de noms kanak chez les Paicî de Ponérihouen (Nouvelle-Calédonie)
    À partir d’enquêtes de terrain menées dans la région paicî de Ponérihouen, I. Leblic montrera quels sont les différents registres de noms, leurs contextes d’utilisation, leur dation et leur transmission, en liaison avec les terminologies de parenté. On peut en effet être nommé, à part ses différents noms, prénoms kanak et chrétiens et surnoms, par toute une série de noms circonstanciés : en fonction de son lieu de résidence, de sa situation dans sa parenté (père de, grand-père de…), de surnoms pour certaines catégories de parents dont on ne peut prononcer les noms (marmite, terre, esprit… pour la tante paternelle par exemple qui, en dehors de cet usage très précis, sont plutôt du registre des insultes), etc. Le “pourquoi” et le “comment” passe-t-on d’un registre à l’autre sera l’objet de cette recherche.
  • 28 janvier 2005
    Isabelle Leblic  Présentation du séminaire – commentaires de textes et discussion
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