La recherche au Lacito

Opérations de recherche

Métaphore(s) : L’énonciation métaphorique en situation (2013-2018, sous forme de séminaires)

La métaphore est un objet de recherche que d’aucuns penseront avoir été rebattu. D’autant qu’il est un objet sur lequel sont investies de nombreuses disciplines : celles de la linguistique, de la sémiologie, de la rhétorique, entre autres ; si bien que les modèles ou les théories pour en rendre compte relèvent de plusieurs perspectives. Incidemment, il faut noter que le point de vue quelque peu typologique de la rhétorique des tropes semble avoir passé la main aux théories de la sémantique ou de la pragmatique. L’anthropologie, notamment l’anthropologie du symbolique, n’est pas en reste ; on sait l’intérêt que cette discipline a porté au XXe siècle à la pensée métaphorique, comme aux usages de l’analogie.

     Mais qu’on se rassure : Nanine Charbonnel et Georges Kleiber argumentent qu’il y a toujours des choses à dire sur ce sujet – voir la publication en 1999 sous leur direction d’un colloque interdisciplinaire sur la métaphore. L’une des raisons en serait que la métaphore est devenue un objet de recherche pour l’ensemble des sciences humaines. Qu’en est-il aujourd’hui, en 2013 ? Quelle est la contribution de l’anthropologie linguistique à ce domaine d’enquête ?

     À la différence de l’ethnolinguistique qui, en France, s’est longtemps focalisée sur les problématiques de l’oralité et de la littérature orale, l’anthropologie linguistique se présente comme une approche centrée sur les usages du langage, quels qu’ils puissent être, et en toutes circonstances. L’étude des discours est ainsi centrée sur les situations d’énonciation et les rapports sociaux auxquels ils leurs sont associés. L’anthropologie linguistique est énonciative, ce qui est un trait partagé avec d’autres sciences du langage ; mais ici l’énonciation est envisagée dans ses cadres interlocutifs (ou communicationnels) et le plus souvent étudiée dans une perspective pragmatique. Comme l’ethnolinguistique, l’anthropologie linguistique nourrit sa réflexion à partir d’enquêtes de terrain ; elle privilégie l’étude d’épisodes ou d’événements langagiers, pour ce qu’ils révèlent de leur genèse, de leur organisation, et de leur mise en forme, dans le contexte de rapport sociaux. Depuis 1990, les travaux des anthropologues du Lacito portent sur les problématiques de l’anthropologie linguistique — au travers de thématiques comme celles du rapport entre dit et non-dit, sémantique et pragmatique, ou l’étude de situations de performance scénique, et de contextes d’usage de la parole en acte.

     C’est dans ce cadre de travail général que le Lacito a proposé à la rentrée universitaire 2013-2014 un séminaire sur :

 

L’énonciation métaphorique en situation

 

Le projet est de proposer au fil de l’année (2013-2014) plusieurs études de cas : par exemple, sur l’utilisation de la métaphore dans les pratiques divinatoires, les performances rituelles, les célébrations carnavalesques ; comme dans les contextes d’un large éventail de genres de discours : par exemple dans le cas de l’énonciation proverbiale, ou de récits de toutes sortes (contes, légendes, mythes). Certaines séances du séminaire seront consacrées à dresser un état des lieux des recherches actuelles sur la métaphore.

     Toutes les sources ethnographiques sont les bienvenues (Europe, Océanie, Afrique, Amérique).

     Les chercheurs qui souhaitent proposer une communication peuvent écrire à : Isabelle Leblic, Bertrand Masquelier, Sylvie Mougin (courriels disponibles sur leurs pages respectives).

 

Quelques éléments bibliographiques :

• Chardonnel Nadine et Georges Kleiber 1999 La métaphore, entre philosophie et rhéorique, Paris, PUF
• Fernandez James 1986 Persuasions and Performances, The Play of Tropes in Culture, Bloomington, Indiana University Press
• Fernandez James (ed) 1991 Beyond Metaphor, The Theory of Tropes in Anthropology, Stanford, Stanford University Press
• Garde Tamine Jöelle 2011 Pour une nouvelle théorie des figures, Paris, PUF
• Masquelier Bertrand et Jean-Louis Siran (éds) 2000 Pour une anthropologie de l’interlocution, Rhétoriques du quotidien, Paris, L’Harmattan
• Sapir David and Christopher Crocker (ed) 1977 The Social Use of Metaphor, Essays on the Anthropology of Rhetoric, Philadelphia, University of Pennsylvania Press.

 

Les séminaires auront lieu tous les mois, de 14h15 à 17h00 au Lacito, salle 311

Séminaires

  • 5 avril 2018
    Journée d’études autour des travaux d’Elinor Ochs et d’Alessandro Duranti (UCLA) “Indexicalités et jeux de langage. Perspectives anthropologiques : sociale et linguistique”, voir ici.
  • 13 mars 2018
    Poursuite des lectures sur A. Duranti et E. Ochs
  • 27 février 2018
    Exposé de Christine Jourdan et Alexis Black sur Je ne suis pas un animal à vendre: prix de la fiancée, identité et urbanisation aux Iles Salomon
    Résumé :
    Cet article porte sur le prix de la fiancée aux Iles Salomon, non pas sous l’angle de l’échange comme c’est souvent le cas, mais sous l’angle de l’identité. A cette fin, nous faisons l’analyse des discours tenus sur le prix de la fiancée par les femmes Salomonaises avec lesquelles nous avons travaillé au cours de plusieurs séjours de recherche dans le pays. En utilisant les théories de la métaphore développées en anthropologie cognitive, notre analyse explore le langage et les contextualisations utilisés par les femmes pour parler de leur experience du prix de la fiancée. Cette approche nous permet d’avoir un accès direct à leur compréhension de cette coutume et à son impact sur leur vie. Nous essayerons de répondre à deux questions importantes: Quel rôle le prix de la fiancée joue t-il dans la construction de l’identité urbaine des femmes? Comment ces dernières interprètent elles leur experience?
  • 30 janvier 2018
    Séance de lecture de plusieurs auteurs dont A. Duranti et E. Ochs, en vue de la Journée d’Études du 5 avril prochain :
    — Duranti A. Ochs E & Schieffelin B.B. (eds), 2012, The Handbook of Language Socialization, Malden, MA and Oxford : Wiley-Blackwell, 660 p.
    — Mey J.L., 2015, CR de : A. Duranti, E. Ochs & B.B. Schieffelin (eds), 2012, The Handbook of Language Socialization, dans : Discourse & Society 26(2):253–264.
    — Ochs E., 2014, Ce que les récits nous apprennent, Semen (Revue de sémio-linguistique des textes et discours) 37: 17-44 [article traduit, en ligne depuis 2015]— Schieffelin B.B & Ochs E., 1986, Language Socialization, Annual Reviews Anthropology 15:163-191
    — Schieffelin, B. (2007). Langue et lieu dans l’univers de l’enfance1. Anthropologie et Sociétés, 31(1), 15–37.
    — Silverstein M., 2003, Indexical order and the dialectics of sociolinguistic life, Language & Communication 23:193-229.
    — Sterponi L. & Bhattacharya U., 2012, Dans les traces de Hymes et au-delà : les études de la socialisation langagière, Langage et société 139:67-82.
  • 5 décembre 2017
    Exposé d’ Alexis Black (doctorante Université de Concordia, Montréal, Québec) sur La métaphore et les mondes inconnus.
    Résumé :
    Cette étude examine le “processus métaphorique” (Fiumari 2009) lorsque les individus imaginent un “inconnu inconnu” (an “unknown unknown, Laurence 1917) : l’existence humaine hors de la Terre. Ma communication présente des résultats d’une analyse de 48 entrevues individuelles. Lors de l’entrevue, je demande aux participants comment ils imaginent des sensations, des expériences, des défis et des valeurs du projet de l’humanité hors de la Terre. Ces données sont ensuite analysées en utilisant l’analyse critique discursive (Van Dijk 1997) et la théorie de la métaphore conceptuelle (Charteris-Black 2004) afin de répondre à la question : Comment la métaphore facilite la compréhension (ou plutôt “sense-making”) de l’inconnu en utilisant des expériences précédentes et la connaissance culturelle généralisée ?
    Ce processus est clef à une compréhension de comment le langage, surtout la métaphore, fonctionne à créer des mondes (“wor(l)d-build”) en facilitant les processus cognitifs qui lient l’imagination et la réalité émergente. La métaphore nécessite un jugement de valeur car à la fois elle cache et elle fait ressortir (“highlight” et “hide,” Lakoff and Johnson 1980) des caractéristiques particuliers d’un domaine cible. Dans le cas de la réalité émergente, les métaphores qu’on utilise font beaucoup pour définir ce qui est considéré comme possible ou impossible (ou désirable ou non désirable) et donc ont une forte influence sur la construction de nos réalités futures.
  • 7 novembre 2017
    Exposé d’ Elara Bertho (Paris 3) sur Parler avec les noms. Nomination et métaphores
    Présentation autour de l’ouvrage de Keith Basso (anthropologue), L’eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert (2016, Zones sensibles)
    Discutant : Jean Derive (Llacan)
    Résumé:
    Grâce au nom propre, « de solides mondes sémantiques prennent vie de façon éblouissante » (p. 134) écrit Keith Basso dans L’eau se mêle à la boue dans un bassin à ciel ouvert, récemment traduit en français. Nous voudrions déplier ici les connotations induites par cette conception du nom propre et montrer comment elle peut s’apparenter à un usage métaphorique. L’anthropologue montre bien comment les toponymes apaches renferment en eux-mêmes des réseaux de récits imbriqués, à valeur parfois fortement morale, qui rappellent l’auditeur à l’ordre. Keith Basso décrit l’acte de « parler avec des noms » : lorsque des personnes se renvoient l’un à l’autre des noms propres, dans une joute oratoire où les récits implicites sont mis en concurrence, tout autant que leurs morales induites. A partir de nos propres réflexions sur les noms propres de quelques figures héroïques africaines et de leur rapport à la référence historique, nous proposons de fournir une lecture interdisciplinaire de ces récits contenus dans les noms propres, récits qui interrogent les partages disciplinaires, entre anthropologie et littérature.
  • 3 octobre 2017
    Réunion interne des membres de l’opération.
  • 16 mai 2017
    Exposé sous forme d’ateliert avec Sophie Chave-Dartoen (Univ. de Bordeaux) sur Théories de la métaphore et anthropologie du rituel.
    Résumé :
    Cette communication vise à faire un retour critique sur les questions – et les problèmes – que pose l’usage d’un trope dans l’analyse des rituels, c’est-à-dire sur la transposition de l’usage d’une catégorie linguistique dans un autre domaine sémiotique.
  • 11 avril 2017
    Exposé d’Urmila Nair (PhD, Univ. de Chicago) sur Elision and Imagination: Shifting Monastic Subjectivities in Tibetan Exile.
    Résumé en anglais :
    Via a study of voices, this paper discusses how Buddhist ritual shapes, and is shaped by, historically contingent subjectivities. The Nechung kang-so (bskang gso) ritual is performed by Tibetan monks in exile. Imagination is a key ritual act, and linguistic elisions are crucial to ritual design, the elisions being of ritual actor and action, whereby ritual efficacy is designed to obtain. Many monks in exile being relatively unschooled in the monastery’s traditions, their imaginings of elisions, and the poetics thereof, often diverge from prescriptive imaginings. Furthermore, their imaginings involve modern exilic imaginaries, beyond the ritual’s traditional horizon. Their imaginings, arising from subjectivities forged in exile, thus shape the ritual. To discern how the ritual shapes monastic subjectivities, I offer a reading thereof through the lens of a Buddhist conceptual pair, the (re)valuations of which, in ritual and its related contexts, indicate the ritual’s shaping of monastic subjectivities.
  • 14 mars 2017
    Exposé de Karla Janiré Avilés Gonzalez (post-doctorante, LabEx EFL, Paris 7) sur Métaphores dans les pratiques langagières Nahua (Mexique)
    Résumé :
    Saasaanilli, saasaanilli : « une devinette, une devinette » ! D’origine précolombienne, les devinettes nahuas constituent un genre discursif encore très vivant et précieux au Mexique, de par leur contenu ludique et culturel (Johansson, 2004, Sahagún [fin XIV s.] 2006). Comme dans d’autres devinettes du monde, les métaphores de la vie quotidienne (Lakoff & Johnsonn 1980) sont ici à la fois énoncées et mises en jeu par un effet de miroir entre le dit et le non-dit, entre la forme et la signification (Flores Farfán 2009). Les « déchiffrer » requiert ainsi une maitrise communicative qui dépasse le niveau strictement morpho-syntactique ou sémantique. A partir d’analogies, d’allégories, de métonymies, entre autres tropes, cette intervention se propose d’étudier la façon dont les devinettes renvoient aux cadres culturels (Goffman 1981), aux contenus ethniques (par exemple : la culture matérielle, les savoirs écologiques) et aux usages du langage. Par la même occasion, elle vise à explorer les particularités linguistiques et culturelles des métaphores nahuas, dynamisées et mises en relief par ces narrations.
    Références :
    — Flores Farfán, José Antonio. 2009. « Za zan tleino. See tosaasaanil. See tosaasaanil. Adivinanzas nahuas ayer y hoy », Destiempos.com, 3 (18), pp. 437-455.
    — Erving Goffman. 1981. Forms of Talk, Philadelphia, University of Pennsylvania Press.
    — Johansson, Patrick K. “Zazanil”. La palabra-enigma. Acertijos y adivinanzas de los antiguos nahuas. Mexico, Mc Graw Hill, 2004.
    — Lakoff, George & Mark Johnson. 1980. Metaphors We Live By, Chicago, University of Chicago Press.
    — Sahagún, Fray Bernardino de. [fin XVI s.] 2006. Historia General de las Cosas de la Nueva España. Mexico, Editorial Porrúa.24 janvier 2017
    Lectures de “Quest for the Essence of Language”, de R. Jakobson et discussion.
  • 13 décembre 2016
    Exposé de Bertrand Masquelier (LACITO CNRS) sur Iconicité, oralité, mise en écriture : le calypso en performance et ses “mises en texte” (entextualization) dans la littérature trinidadienne
    Résumé :
    Le calypso est de la parole chantée, composée à l’occasion du carnaval annuel de Trinidad (Trinidad et Tobago, Caraïbes). En tant que genre de paroles, le calypso indexe un mode de « parler » et de « dire » ce qui ne peut l’être autrement. Qu’il se présente comme chanson grivoise, commentaire politique d’un évènement du présent, un conte moral, ou sous la forme d’une improvisation d’insultes adressées à un partenaire de scène, ou un rival absent, un calypso, chanté pour et avec un auditoire, n’est pas nécessairement éphémère – chanson d’une saison. De fait, ces chansons, pour certaines du moins, participent au fil du temps d’un espace de références et de « textes », auquel contribuent les conversations, les média, l’industrie du disque et de l’enregistrement, et les travaux universitaires. Le calypso n’est pas seulement « texte » chanté lors d’une performance scénique, ou « texte » chanté-enregistré que l’on peut réentendre à l’occasion ; il est aussi « texte » susceptible d’être cité, en conversation, comme dans une œuvre de fiction. Chez de nombreux auteurs trinidadiens de fiction littéraire, ce mode constitue de même une matrice d’écriture. Comme forme de discours, le calypso circule dans le temps, et en différents espaces. Notre présentation explore cet espace de discours et les procédés sémiotiques qui peuvent rendre compte de sa genèse au fil du temps et des occasions. (Voir Bertrand Masquelier, 2015, Anthropologie et langage : décrire des situations d’interlocution, in Cécile Canut et Patricia von Munchow, Le Langage en sciences humaines et sociales, Lambert-Lucas, p. 37-51)
  • 8 novembre 2016
    Exposé de Marie-Clémence Adom (Maître de conférences à l’université Félix Houphouët Boigny, Abidjan) sur L’anecdote métaphore de situation dans le zouglou (Côte d’Ivoire)
    Résumé :
    La définition moderne de l’anecdote en fait le bref récit d’un fait curieux. Or, la brièveté, c’est connu, conduit souvent à la production d’images. Dans le zouglou, poésie urbaine de côte d’ivoire de nombreuses chansons mettent souvent en œuvre des faits divers fictionnalisés façonnés selon des procédés qui, ouvrent à des métaphores de situation. Associée et participant du dispositif énonciatif, l’anecdote y procède presque toujours d’un raisonnement par analogie qui invite à regarder de près la façon dont se déploient, dans un développement solidaire, la dimension argumentative et rhétorico-stylistique de ces textes habituellement catégorisés comme étant à la frontière du littéraire.
    Ce fonctionnement pose la problématique d’une image littéraire qui, évoluant dans le zouglou à l’intersection (à la jonction) de l’argumentation et de la figure, consacre leur ré-union. Cette problématique réconcilie et évacue par la même occasion certains cloisonnements opérés par la rhétorique classique, montrant que la figure peut être une forme d’argumentation, tandis que cette dernière est elle-même par essence une figuration de la logique interne de l’individu, laquelle préside à la production des énoncés. Nous y voyons pour notre part une invitation à sortir la métaphore du carcan de la figure (trope) dans lequel l’enferment les théories traditionnelles pour l’introduire dans une historicité qui rendrait inséparables son expression et son énonciation, bref, les lieux mêmes de sa manifestation.
  • 11 octobre 2016
    Exposé de Georges Kleiber (Professeur émérite de linguistique générale, Unistra, Strasbourg, EA 1339 LILPA – Linguistique, Langues et Paroles) sur Métaphore et argumentation : le cas des proverbes
  • 10 juin 2016
    Exposé de Suzanne Kuehling (Associate Professor for Sociocultural Anthropology at the University of Regina, Canada) sur Metaphors of kula exchange (Trobriands)
    Résumé en anglais :
    This seminar will discuss the verbal images of kula exchange (PNG) in the language of Dobu. For centuries, two types of objects are circulated in the Massim region, in complex partnerships between six language groups. Dobu is the lingual franca, and based on my long- standing relationship with Dobu islanders and participation in kula, I have acquired fluency in the genre of kula talk. The delayed reciprocity of kula gift-giving requires sweet-talk rich in metaphors related to sex and hunting. I will show how these images are used to lure partners to part with their precious objects and share the principles of kula magic that I was privileged to learn.
  • 10 mai 2016
    Exposé de Sophie Chave-Dartoen (MCF HDR à Bordeaux) sur Les usages de la métaphore dans l’analyse des rituels
    Résumé :
    Cette communication vise à faire un retour critique sur les questions – et les problèmes – que pose l’usage d’un trope dans l’analyse des rituels, c’est-à-dire sur la transposition de l’usage d’une catégorie linguistique dans un autre domaine sémiotique.
  • 12 avril 2016
    Exposé de Haley De Korne (doctorante à l’Université de Pennsylvanie, en accueil mobilité internationale UPSC au LACITO) sur Discourse and argument in relation to minoritised languages: The importance of metaphors in the (de)valorisation of the Isthmus Zapotec language in Mexico
    Résumé en anglais :
    This paper examines how metaphors are deployed in metalinguistic commentary about minoritised or endangered languages, focusing on how metaphors may valorise or devalorise certain linguistic practices. Discourses play a significant role in constructing the social status of different languages in multilingual and multicultural contexts (Hymes, 1973; Ruiz, 1984; Schieffelin, Woolard, & Kroskrity, 1998), whether conveyed through argumentation or other communicative strategies. There are a growing number of activists and scholars arguing for the need to promote and raise the status of minoritised languages, especially those which are in danger of no longer being spoken (Calvet, 1974; Hagège, 2000; Hale et al., 1992; Hinton & Hale, 2001). This endeavour requires countering popular discourses and practices which valorise politically and economically dominant languages and invisibilise all others. The ways that endangered language advocates shape their arguments and discourse have been examined for possible unintended impacts (Heller & Duchene, 2007), including the use of tropes which liken endangered languages to treasures or a universally-accessible heritage (Hill, 2002).
    The creation, negotiation, and possible social impacts of metaphoric arguments about endangered languages are examined though the case of Isthmus Zapotec, an Indigenous language spoken in the Isthmus of Tehuantepec, Oaxaca, Mexico. Drawing on data from an ethnographic study of Isthmus Zapotec promotion initiatives, including observations, interviews, and documents, this paper presents the metaphors that are used by different social actors in this context. We analyse the metaphors that are deployed and how they function in the creation of evaluative or argumentative discourse about Isthmus Zapotec. The ethnographic contextualization of the study allows for consideration of how metaphors and discourses circulate within and across sociolinguistic communities as well as how they are negotiated in specific interactions. We thus aim to provide insights into local and global discourses about endangered languages across social contexts, as well as the significance of metaphors in shaping persuasive metalinguistic discourse about an endangered language.
    Références :
    — Calvet, L.-J. (1974). Linguistique et colonialisme: Petit traite de glottophagie. Paris: Payot.
    — Hagège, C. (2000). Halte à la mort des langues. Paris: Odile Jacob.
    — Hale, K., Krauss, M., Watahomigie, L. J., Yamamoto, A. Y., Craig, C., Jeanne, L. M., & England, N. C. (1992). Endangered Languages. Language, 68(1), 1–42.
    — Heller, M., & Duchene, A. (2007). Discourses of endangerment: Sociolinguistics, globalization and social order. In A. Duchene & M. Heller (Eds.), Discourses of Endangerment: Ideology and interest in the defense of languages (pp. 1–13). London, UK: Continuum.
    — Hill, J. H. (2002). “Expert Rhetorics” in Advocacy for Endangered Languages: Who Is Listening, and What Do They Hear? Journal of Linguistic Anthropology, 12(2), 119–133. doi:10.1525/jlin.2002.12.2.119
    — Hinton, L., & Hale, K. (2001). The green book of language revitalization in practice. San Diego, CA: Academic Press.
    — Hymes, D. (1973). Speech and language: On the origins and foundations of inequality among speakers. Daedalus, 102(3), 59–85. Retrieved from http://www.jstor.org/stable/20024146
    — Ruiz, R. (1984). Orientations in language planning. NABE, 8(2), 15–34.
    — Schieffelin, B., Woolard, K., & Kroskrity, P. (1998). Language ideologies: Practice and theory. Oxford, UK: Oxford University Press.
  • 8 mars 2016
    Exposé de Yasushi Uchiyamada (Professor of Anthropology at university of Tsukuba, Japan, en mobilité à Bordeaux) sur Perceptible and imperceptible perils: tsunamis, radioactive contamination and signs
    Résumé en anglais :
    The disaster of 3/11 in the Pacific coast of Tohoku consists of two different catastrophes. The one is that which caused by the tsunami, and the other by the nuclear accident. Phenomenological anthropology is well equipped to describe the former. It is particularly useful in describing the embodied knowledge of the coastal people who escaped from the tsumami. Nevertheless, it is incapable of describing fully the emerging events caused by imperceptible radioactive materials leaked into the environment. In this presentation, I shall make an attempt to paint a broad picture of the expansion and stagnation of the perception of radioactive risks by using some of the conceptual tools developed in biology, biosemiotics and other disciplines eclectically. The following is a rough outline of my talk.
    1) Introduction: what future?
    ➢ The nuclear power station as the promise of the future in the backward regions
    ➢ The melt down in 2011 and the radio active contamination
    ➢ The promise of the future again?: a model high-school as a new promise of the bright future, but what sort of promise is this?
    2) The gap between the perception of the environment and the vision of reconstruction in the tsunami affected Sanriku coast
    ➢ Embodied knowledge of the world in the world: how to escape from tsunamis
    ➢ The artifact that separates the land from the sea: what can the gigantic sea walls protect?
    3) Unknown risks and misplaced signs of safety in Fukushima
    ➢ Invisible radiation ➢ Throwing away the contaminated gift
    ➢ Children as an effective index of recovery
    4) Learning and forgetting
    ➢ Escaping from the contamination
    ➢ Sv and Bq
    ➢ Eating wild plants and fish again
    5) Conclusion: evolution, semiosis and the political imagination of the future
    ➢ Is the containment of radioactivity possible?
    ➢ What does the mutation of plants and animals mean to the inhabitants?
    ➢ Safety standards
    ➢ Imbroglios
  • 19 janvier 2016 à 14h30
    Discussion générale autour de deux textes :
    CAILLÉ (Alain), 2005, Le don de paroles. Ce que dire veut donner, Don, intérêt et désintéressement, Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres.
    JAMOUS (Raymond), 1993, Mensonge, violence et silence dans le monde méditerranéen, Terrain 21:97-110.
  • 8 décembre 2015
    Exposé de Samia Kichane (Paris III) sur Blesser le corps. Métaphores et pratiques de l’injure en Kabylie
    Résumé
    Injurier, c’est entamer le derme en kabyle. Comme dans beaucoup de langues, en kabyle, l’injure est liée au champ sémantique de l’agression physique, par le jeu de la métaphore et de la métonymie : couper, éplucher, brûler, manger, etc.
    À l’issue d’une première partie centrée sur la présentation de ce champ sémantique, en seconde partie l’exposé proposera une analyse de quelques extraits de mon corpus en lien avec ma problématique : l’injure, comme stratégie détournée – ou contre-pouvoir –, permet aux femmes d’exercer le pouvoir de manière indirecte, entre autre par le recours à la métaphore, entre elles et contre les hommes.
  • 10 novembre 2015
    Exposé de Jean Derive (Llacan) sur Des usages de la métaphore dans quelques genres brefs dioula (Côte d’Ivoire)
    Résumé
    Quelles que soient les cultures concernées, deux questions fondamentales se posent toujours à propos de l’usage de la métaphore, l’une causale, l’autre modale.
    D’un point de vue causal, on ne peut éviter de se demander pourquoi (i. e. au nom de quelle nécessité communicationnelle : ludique, poétique, euphémique, hypocoristique…) et en quelles occasions/situations il est séant de parler par métaphore.
    D’un point de vue modal, il convient de s’interroger sur les mécanismes analogiques privilégiés qui fondent la pertinence de la métaphore (analogie formelle, substantielle, situationnelle, idéelle, etc.).
    Ces deux plans seront conjointement pris en considération à propos de quelques genres brefs dioula (essentiellement devinettes et proverbes qui reposent fondamentalement sur le principe de la métaphore) et, à partir d’analyses ponctuelles, quelques hypothèses seront avancées sur la fonction de l’expression métaphorique dans cette société qui introduira à une réflexion plus générale sur le rapport entre métaphore et culture.
  • 20 octobre 2015
    Discussion générale autour de plusieurs textes :
    1. Un article en anglais de Fleming sur le parler dit “mother-in-law language”, et le lien entre les interdits (taboo) et les régistres langagiers en usages (avoidance registers); l’ethnographie linguistique de Fleming porte sur des parlers australiens (Aboriginal Australia).
     Taxonomy and Taboo: The (Meta)Pragmatic Sources of Semantic Abstraction in Avoidance Registers. Journal of Linguistic Anthropology, Vol. 25, Issue 1, pp. 43–65, ISSN 1055-1360, EISSN 1548-1395. © 2015 by the American Anthropological Association. All rights reserved. DOI: 10.1111/jola.12073.
    2. Quatre articles publiés en 2002 dans la révue SEMEN (n°15), un numéro qui portait sur les figures du discours et leurs ambiguités (http://semen.revues.org/743).
    — Pierre Cadiot, La métaphore, ou l’entrelacs des motifs et des thèmes
    — Alain Berrendonner, Portrait de l’énonciateur en faux naïf
    — Laurent Perrin, Figures et dénominations
    Et dans Semen 33 | 2012 Les notes manuscrites de Benveniste sur la langue de Baudelaire
    — Jean-Claude Coquet, Quelques remarques sur le langage iconique
    Avec deux autres articles de Cadiot et Visetti qui sont deux chercheurs CNRS qui ont travaillé par ailleurs sur le proverbe …
     Motifs linguistiques et construction des formes sémantique. Schématicité, généricité, figuralité paru dans D. Lagorgette, P. Larrivee (eds.) Representations du Sens linguistique 2002, p. 19-48, LINCOM Europa, LINCOM Studies in Theoretical Linguistics,
     Motifs, profils, thèmes : une approche globale de la polysémie, paru dans les Cahiers de Lexicologie, 79, 2001-2, p. 5-46.
  • 16 juin 2015
    Exposé de Paulette Roulon (Llacan) sur Métaphores et parties du corps.
    Résumé
    Après un tour d’horizon de ce que peut être la métaphore, P. Roulon s’intéressera plus particulièrement aux parties du corps qui sont souvent posées comme un domaine de base pour l’établissement de métaphores en montrant, à partir d’exemples de langues africaines, que ce domaine est construit et ne constitue pas la référence universelle que certains lui attribuent.
  • 12 mai 2015
    Exposé de Maïa Ponsonnet (post-doc DDL Lyon) sur Les métaphores émotionnelles en dalabon et en Barunga kriol, Australie du Nord
    Résumé
    Cet exposé sera l’occasion de présenter mes travaux sur les métaphores émotionnelles dans deux langues australiennes : le dalabon et le Barunga kriol. Le dalabon est une langue non-pama-nyungan de la famille gunwinyguan, dans le nord de l’Australie (Ponsonnet 2014; Evans, Merlan & Tukumba 2004). Le dalabon, gravement menacé, est remplacé aujourd’hui par le Barunga kriol, un créole australien à base anglaise (Schultze-Berndt, Meakins & Angelo 2013).
    La première partie de la présentation portera sur les métaphores émotionnelles du dalabon. On trouve dans cette langue de nombreuses métaphores autour de parties du corps comme le ventre et le cœur. Ces métaphores sont basées sur des métonymies somatiques (autour de la digestion notamment). Elles ont la particularité de toujours représenter les émotions comme des états de la personne, et non comme des entités indépendantes de la personne. On ne trouve en dalabon aucune métaphore qui personnifie les émotions, ni aucune métaphore émotionnelle agentive.
    La seconde partie de la présentation portera sur le Barunga kriol, parlé aujourd’hui par les descendants des locuteurs du dalabon. Une large part des ressources linguistiques du dalabon relatives aux émotions sont également attestées en Barunga kriol. C’est le cas notamment des distinctions lexicales spécifiques, ainsi que de la sémantique des constructions syntaxiques. Toutefois, on ne retrouve en Barunga kriol que très peu des nombreuses métaphores du dalabon. D’une manière générale, le Barunga kriol a peu de métaphores émotionnelles : on ne trouve “en masse” ni celles du dalabon, ni celles de l’anglais, ni innovations spécifiques à la nouvelle langue.
    J’établirai un inventaire ordonné des métaphores émotionnelles attestées en Barunga kriol – conventionnalisées ou non –, en prêtant une attention particulière aux métaphores qui traitent les émotions comme des entités indépendantes de la personne (métaphores quasi-absentes en dalabon). Je montrerai quelles métaphores du dalabon ou de l’anglais se répercutent en Barunga kriol, lesquelles ne se répercutent pas, et je proposerai des hypothèses pour expliquer ces données.
    Références :
    — Evans, Nicholas, Francesca Merlan & Maggie Tukumba. 2004. A First Dictionary of Dalabon. Maningrida: Maningrida Arts and Culture, Bawinanga Aboriginal Corporation.
    — Ponsonnet, Maïa. 2014. The language of emotions: The case of Dalabon (Australia). Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins.
    — Schultze-Berndt, Eva, Felicity Meakins & Denise Angelo. 2013. Kriol. In Susan M Michaelis, Matthew Maurer, Martin Haspelmath & Magnus Huber (eds.), The atlas of pidgin and creole language structures (APiCS), 241–251. Oxford: Oxford University Press.
  • 14 avril 2015
    Exposé de Cécile Leguy (Paris 3-Lacito) sur Les proverbes sont-ils des métaphores ?
    Résumé
    En quel sens peut-on parler de métaphore dans le discours proverbial ? Les énoncés proverbiaux sont-ils métaphoriques en eux-mêmes, ou bien est-ce lors de l’énonciation qu’un énoncé peut être métaphorique ? A partir de l’exemple du proverbe, nous interrogerons la dimension énonciative de la métaphore.
    Références
    — CHARBONNEL Nanine et KLEIBER Georges (eds), 1999, La métaphore entre philosophie et rhétorique, Paris, PUF.
    — CONENNA Mirella et KLEIBER Georges, 2002, « De la métaphore dans les proverbes », in Balibar-Mrabti et Conenna (eds), Nouvelles approches de la métaphore, Langue française n°134, Paris, pp. 58-77.
    — LEGUY Cécile, 2005, « A propos de la communicabilité du dire proverbial. Réflexion sur l’aspect métaphorique des proverbes », in Baumgardt et Derive (dir.), 2005, Paroles nomades. Ecrits d’ethnolinguistique africaine (publié en hommage à Christiane Seydou), Paris, Karthala, pp. 99-113.
    — MESCHONNIC Henri, 1976, « Les proverbes, actes de discours », Revue des Sciences Humaines, T. XLI, n°163, pp. 419-430.
    — PRANDI Michele, 2002, « La métaphore : de la définition à la typologie », in Balibar-Mrabti et Conenna (eds), Nouvelles approches de la métaphore, Langue française n°134, Paris, pp. 6-20.
    — RICŒUR Paul, 1975, La métaphore vive, Paris, Seuil.
    — TAMBA Irène, 2000, « Le sens métaphorique argumentatif des proverbes », Cahiers de praxématique n°35, Montpellier, pp. 39-57.
  • 10 mars 2015
    Discussion générale autour de plusieurs textes en vue de préciser plus finement ce qu’est une métaphore en anthropologie linguistique.
    Articles en français :
    Jocelyn Benoist“Les métaphores sont des expressions comme les autres”, Archives de Philosophie, 2007/4 Tome 70, p. 559-578 (ICI via Cairn)
    Anne-Marie Diller “Cohérence métaphorique, action verbale et action mentale en français”, Communications, 53, 1991. Sémantique cognitive. pp. 209-228. (sur Persee)
    Patricia Schulz (1) “Le caractère relatif de la métaphore”, Langue française. N°134, 2002. pp. 21-37. (sur Persee)
    Patricia Schulz (2) “Le caractère relatif et ambigu du concept traditionnel de métaphore et la construction du sens lexical”, Semen [En ligne], 15, 2002
    Francis Zimmermann “Lévi-Strauss et l’illusion des explorateurs”, Archives de Philosophie, 2003/1 Tome 66, p. 33-48 (ICI via Cairn)
    Article en anglais :
    Peter Seitel : “Haya metaphors of speech”, Language in Society, Vol. 3, No. 1 (Apr., 1974), pp. 51-67. (ICI via jstor)
  • 13 janvier 2015
    Exposé de Vladimir Randa (Lacito) sur Dire autrement : usage des termes de substitution chez les Inuit de l’Arctique canadien (exemple de la « langue chamanique »).
    Résumé :
    Chez les Inuit, l’une des pratiques langagières qui régissaient autrefois l’usage de la parole dans différents contextes de la vie des individus et de la société tout entière, consistait à utiliser, pour des raisons d’ordre idéologique et rituel, des termes de substitution pour nommer des réalités aussi diverses que la faune, les parties anatomiques, les entités invisibles, la parenté, les objets usuels, les éléments du milieu naturel… Bien qu’identifiée de longue date au sein du stock lexical commun de la langue inuit, cette terminologie spécifique n’a pas reçu de la part des ethnologues et des linguistes l’attention qu’elle méritait. Qualifiée par les premiers ethnographes de « langue chamanique », elle ne fut en aucun cas réservée aux seuls chamanes. Les documents dont on dispose se répartissent entre les listes de termes « chamaniques », établies dans une perspective comparative entre différents groupes et dialectes, le plus souvent en l’absence de toute indication sur le contexte de leur utilisation, et les fragments du discours, parfois contextualisés, disséminés dans les ouvrages ethnographiques.
    Je m’attacherai à présenter les différents types de constructions lexicales et sémantiques utilisées dans le cadre des stratégies d’évitement et de substitution linguistiques et m’interrogerai sur leur éventuel caractère de métaphore.
    Pour finir, je ferai une incursion dans le registre poétique que représentent les chants personnels pisiit, qui se caractérisent par un recours à des procédés analogues.
  • 9 décembre 2014
    Exposé de Laurent Fontaine (Lacito) sur Les métaphores des Yucuna d’Amazonie colombienne.
    Résumé :
    Dans mon exposé, je tenterai de dresser un aperçu général de l’usage des métaphores chez les Yucuna. Je commencerai par présenter un certain nombre de métaphores propres à la grammaire yucuna (notamment les métaphores spatiales). Puis je passerai en revue quelques grands thèmes métaphoriques récurrents (la chasse, l’abattage en forêt, la sexualité). L’emploi des métaphores sera examiné au sein de différents genres de parole (récits, conversations, dialogues cérémoniels, incantations) et dans des situations variées (plaisanteries entre hommes, diagnostics chamaniques, etc.).
  • 7 novembre 2014
    Exposé de Bruno Saura (Université de Polynésie française) sur Retour sur la question de la ”localisation” du temps (devant-avant/derrière-après) en langue tahitienne.
    Résumé :
    Depuis vingt ans, j’ai eu l’occasion de travailler sur l’existence d’une dite conception polynésienne du temps dans laquelle le passé serait situé devant l’homme, et le futur derrière lui. Du moins, cette conception est-elle revendiquée par certains défenseurs de l’identité tahitienne mä’ohi (autochtone), sur la base de faits de langue : l’usage des particules mua et muri (mua étant souvent associé – dans le temps – à l’expression du passé, et – dans l’espace – à l’évocation de ce qui est devant ; inversement pour muri). Ce séminaire sera le moment de revenir sur l’évolution des travaux en ce domaine, quant à la réalité de ce ”positionnement” du temps ; également et conséquemment, de s’interroger sur son possible caractère métaphorique. Le passé est-il véritablement situé devant l’homme polynésien, ou bien simplement exprimé comme étant de l’ordre du devant, de l’avant ?
  • 21 octobre 2014
    Exposé d’Alexandre Djoupa (Lacito) sur «Bien manger la langue» en fagauvea (Ouvéa, Nouvelle-Calédonie).
    Résumé :
    Le titre de cet exposé a été choisi en référence à une expression idiomatique kai fagamalieina de muna «lit. bien manger la langue» que les personnes âgées emploient pour qualifier un individu qui maîtrise les tours de la langue. À distinguer d’une figure légèrement différente mais avec un sens diamètralement opposé kai-na de puku-muna «manger les mots» qui elle au contraire indique que l’on mange les mots, c’est-à-dire que l’on bafouille et donc que l’on ne sait pas parler. De cette personne qui manie la langue avec brio, il existe aussi d’autres tournures permettant de la qualifier parmi lesquelles nous avons relevé l’énoncé qui suit.
              E mūmū de puku-muna i dona ngutu.
    aspect être tendre le segment-langue prép. sa bouche
    Les mots sont attendrissants venant de lui. (Lit. Les mots sont tendres dans sa bouche.)
    L’intitulé illustre assez bien les rapprochements métaphoriques qu’effectuent de nombreuses langues entre le domaine de l’ingestion alimentaire et celui des notions associées à la parole du simple fait qu’ils sont reliés par le même organe «la bouche». Il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour observer cette homologie : en français, boire les paroles de qqn., vomir des insultes, raconter des salades, ne pas mâcher ses mots, ruminer qqch. ; en anglais to spill the beans «rapporter, révéler un secret» (Lit. Renverser les haricots.), bad-mouthing someone «médire, critiquer» ; en russe, mettre des nouilles dans les oreilles
    Dans cette étude, la notion de trope empruntée à C.C. Dumarsais sera abordée sous l’angle du rapport étroit qui relie certaines figures aux non-dits qui conditionnent leur genèse et leur mode de production. Par trope, Dumarsais (1730 : article IV-14-15) y entend tous les tours de figure par lequel un mot perd son sens littéral. Par extension, nous y incluons également les formes d’expression non-verbales mais codées. En fagauvea, mais également dans nombre de langues océaniennes, la notion de tabou a une telle importance dans les rapports quotidiens entre individus, que l’on observe qu’elle est souvent à l’origine de nouvelles formes d’expression verbale ou non verbale qui permettent de les contourner. À Ouvéa, le tabou qui frappe certains domaines particuliers génère fréquemment l’apparition de nouvelles formes d’expression grâce auxquelles l’énonciateur peut y déroger. Dans cette perspective, le trope sera donc envisagé comme un moyen ingénieux auquel recourt le locuteur pour déjouer la censure de la conscience.
  • 10 juin 2014
    exposé d’Anaïs De Haas sur Métaphores franco-tahitiennes : des modalités singulières de malentendus et d’inclusions culturelles
    Résumé
    On propose une analyse croisée de deux corpus distincts : d’une part, les métaphores utilisées par les navigateurs français, en avril 1768, pour décrire Tahiti et les événement qui s’y déroulèrent lors de leur escale ; d’autre part, certaines analogies utilisées par les Polynésiens, en 2014, pour rapprocher ou distinguer les usages et rituels «des temps anciens» de ceux qui viennent des Européens. En considérant ces métaphores qui opèrent des traductions interculturelles comme de singulières et heuristiques «mécompréhensions» (Roy Wagner), on soutiendra l’hypothèse qu’elles sont les indices de différente manières d’«englober l’univers entier dans son propre schème culturel» (Marshall Sahlins).
  • 16 mai 2014
    exposé de Manon Capo sur Métaphores, formules et situations d’enquête. Exploration de quelques “paroles” de l’histoire en pays paicî (Nouvelle-Calédonie)
    Résumé
    Dans le cadre de mon enquête ethnographique à Bayes, l’histoire était fréquemment évoquée à mon adresse par le recours à des « formules », soit des énoncés laconiques attachés à des lieux, personnes et groupes du passé. Ces formules étaient souvent des noms (le toponyme Câba, qui signifie « pépinière des clans »), et parfois des ersatz de récit (c’est lui qui a arrêté les guerres de religion), des citations mémorables (« tu manges des pierres, toi ? »), des métaphores (le koâ -« bateau »-, c’est l’histoire de mon clan). Ces réalisations langagières diverses ont en commun de fonctionner comme des étiquettes qui encapsulent de manière très économique l’histoire complexe d’un lieu, d’un chef, d’un clan, etc.
    Par une comparaison avec le fonctionnement de la métaphore (qui donne à saisir un objet dans les termes d’un autre), j’explorerai ce procédé d’étiquetage dans la construction de la référence et ses implications sur la communication entre locuteur et auditeur(s).
    En adossant les énoncés produits dans le cadre de l’enquête à des formes locales de rappel du passé, j’élargirai la réflexion à la transmission de l’histoire que contribue à mettre en œuvre l’usage des formules.
  • 11 mars 2014
    Exposé d’Anne Behaghel-Dindorf sur “Je terrasse qui m’agace”, devises “chantantes” et armes parlantes
    Résumé
    Les devises en relation avec les patronymes mais aussi en relation avec des éléments graphiques comme les armoiries, les cimiers et les badges.
  • 11 février 2014
    Exposé de Bertrand Masquelier sur Métaphore et non-dit : réflexions à propos de chansons qui ne sont pas grivoises, litteralement, mais sont entendues comme telles
    L’exposé a été suivi d’une discussion générale.
  • 14 janvier 2014
    Exposé d’Isabelle Leblic avec Julia Ogier-Guindo sur Paroles kanak et métaphores
  • 6 décembre 2013
    Exposé de Sylvie Mougin sur Les métaphores conceptuelles du français
    Résumé
    L’exposé présente la théorie des métaphores conceptuelles de Lakoff et Johnson en l’illustrant à partir du français et de l’anglais, en particulier des métaphores relatives à la parole.
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